Nous savons que Paul Houde aime sillonner les routes à bord de son autocaravane, mais pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable ?

Il y a cinq ans, son ami Charles Lafortune lui a proposé de faire une série documentaire sur ses lieux mythiques des États-Unis, un projet qui a été retardé par la pandémie, mais qui a finalement abouti à Paul dans tous ses états, présenté sur la plateforme Vrai. De plus, cette série est accompagnée d’un livre, Paul dans tous ses états, carnets d’Amérique, son premier, écrit en collaboration avec Nicolas Bertrand, dans lequel on retrouve le souci maniaque de l’animateur pour les dates, les chiffres et les faits divers – on a même droit aux numéros de ses vols et de ses chambres d’hôtel.

Cette obsession des détails est ce qui me fait le plus rire chez cet homme, une encyclopédie sur deux pattes, et je suis persuadée depuis longtemps qu’il y a quelque chose de neuro-atypique là-dedans. Paul Houde me confirme qu’il y a seulement deux mois, à 69 ans, il a reçu un diagnostic en ce sens. « On ne m’a pas dit précisément ce que c’était, Asperger ou quelque chose comme ça, mais j’ai passé tous les tests, et on m’a effectivement diagnostiqué un spectre de l’autisme. »

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Paul Houde animait l’émission matinale au 91,9 Sports.

Personne ne sera surpris, et je pense que cela ne lui a pas nui dans sa carrière, mais on s’inquiète davantage pour sa santé depuis qu’il a dû quitter brusquement son émission matinale à BPM Sports, car cet horaire ne lui faisait pas du tout. Réglons ça tout de suite : Paul Houde affirme qu’il va bien maintenant. « Je récupère mes heures de sommeil manquées », dit-il, en expliquant qu’il a dû écouter les signes inquiétants de son corps.

J’étais déréglé à 11 h le matin, j’avais toutes sortes de manifestations, étourdissements, pertes de mémoire… ce qui, dans mon cas, est catastrophique. J’ai déjà fait l’horaire du matin, mais à un autre âge !

Paul Houde

La petite et la grande histoire

Paul Houde est fasciné par les États-Unis depuis son enfance, mais pour des évènements très précis qui l’ont marqué. Dans Paul dans tous ses états, nous sommes un peu en road trip vers ses trips historiques, en compagnie de son coanimateur, Francis Primeau. Le premier essai nucléaire à Trinity, Woodstock, les meurtres de la famille Manson, l’assassinat de Martin Luther King et de John F. Kennedy, le siège de Waco, l’affaire O.J. Simpson… Il y a un petit côté morbide dans ce circuit touristique, mais je comprends tout à fait Paul Houde. Moi aussi, je voudrais voir tous ces sites qu’il visite, parfois avec l’émotion d’un enfant dans un magasin de bonbons, à discuter avec des témoins ou des spécialistes.

Mais Paul proteste quand je dis morbide. « Ce n’est pas de la morbidité, c’est dans ma déformation de l’espace-temps ! Vous êtes replongés dans le temps, vous pouvez marcher sur les mêmes pas de l’histoire. C’est fascinant, ils ont conservé tout ça. Vous avez une image 3D de ce qu’a été un moment historique ! »

Par exemple, on a gardé intact le motel Lorraine où a été assassiné Martin Luther King, raconte Paul Houde, de même que l’entrepôt de livres d’où a tiré Lee Harvey Oswald. « Le motel Lorraine, ils n’ont pas juste conservé le balcon, mais le motel au complet, pour en faire un musée des droits civiques, explique Paul Houde. Il faut le faire. Ça vient nous chercher. Ici, on a de la misère à s’entendre pour savoir si on préserve un bâtiment patrimonial ! »

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Paul Houde

Dans son livre, ses carnets de tournage un peu échevelés et divertissants, Paul Houde parle souvent de la température lors de ses passages dans certaines villes, entre autres parce que c’est un crack de la météo, mais aussi parce qu’il a manqué d’air climatisé dans sa caravane à un moment donné, lors de cette série où il a fait 14 000 km. Je lui demande si cela lui a confirmé que les États-Unis sont aux premières loges du réchauffement climatique. « Absolument. À Waco, où on a tourné, il faisait 111 degrés Fahrenheit [43 degrés Celsius]. Ça nous a suivis pendant plusieurs épisodes. » Il a aussi remarqué les inégalités, la pauvreté et la criminalité – son véhicule a été vandalisé une fois pendant le tournage.

J’ai été extrêmement troublé par certaines villes, qui ont déjà eu leur heure de gloire, par exemple Memphis. Ça se dégrade socialement, par rapport à Nashville. Une autre ville qui en arrache, c’est La Nouvelle-Orléans.

Paul Houde

Paul Houde estime que nous avons une vision erronée des États-Unis. « L’ensemble des Américains n’existe pas pour moi, précise-t-il. C’est un conglomérat, une mosaïque. Dites-moi où vous êtes et je vous dirai quel type d’Américain vous risquez de rencontrer. Un Américain du Maine ou un Américain du Wyoming, ce n’est pas du tout la même chose, et quand vous passez d’un État à l’autre, c’est comme deux pays différents. Il faut avoir un jugement très ouvert sur ce qu’on appelle “les Américains” qui, auparavant, étaient unis sur des valeurs communes, religieuses ou sociales. Depuis le passage de Trump, les États-Unis ont explosé dans toutes sortes de comportements et de valeurs associés aux États. »

Justement, croit-il que Trump pourrait être réélu ? « Oui, absolument, j’en suis convaincu. Il reste un an, mais si l’élection avait lieu dans les prochains jours, ce serait une victoire retentissante. Il a une base extrêmement dure, des partisans indéfectibles. Mais comme nous ne sommes pas américains, ça ne nous concerne pas. »

Enfin, si Paul dans tous ses états trouve son public, et compte tenu de son nouveau temps libre, Paul Houde se dit prêt à reprendre la route n’importe quand. Une chose est certaine, la date du 8 avril 2024 est inscrite à son calendrier pour la prochaine éclipse totale de soleil qu’il ira voir au Texas. « Parce que je ne fais pas confiance à la météo au Québec ! »

Paul dans tous ses états, sur Vrai.

Paul dans tous ses états, carnets d’Amérique

Paul dans tous ses états, carnets d’Amérique

Libre Expression

168 pages