Notre manière d’aller à la découverte de la musique et de la consommer a connu une véritable révolution ces dernières années. Pour y voir plus clair, l’ADISQ a réalisé une vaste enquête auprès de 4000 Québécois. Plusieurs éléments très intéressants émanent de ce rapport qui sera mis en ligne ce mercredi et sur lequel j’ai mis la main.

On y apprend que 61 % des Québécois ont maintenant recours à une plateforme d’écoute en ligne pour écouter de la musique. La popularité de ces plateformes est particulièrement observable chez les jeunes adultes (84 %), les adolescents (75 %) et les 35-54 ans (66 %). Les données diffèrent toutefois chez les 55 ans et plus, qui n’utilisent ces plateformes de diffusion qu’à 41 %.

Les plateformes de diffusion de musique en ligne les plus populaires auprès des Québécois sont YouTube (69 %), Spotify (56 %) et Apple Music (24 %). Les 18-34 ans se servent en grande majorité de YouTube (74 %), suivi de Spotify (66 %).

Ces plateformes utilisent divers moyens pour nous mettre leurs suggestions entre les deux oreilles. Mais les Québécois préfèrent à 69 % écouter des chansons et des musiques qu’ils choisissent eux-mêmes, contrairement à 31 % qui optent pour le mode de suggestions aléatoires.

Alors que les CD et les vinyles ont longtemps offert les pièces dans des programmes judicieusement établis, on découvre que les mélomanes d’ici écoutent à 60 % des chansons autonomes, contre 35 % qui s’offrent des albums complets. Les aînés se tournent plus souvent vers des albums complets avec 42 %.

Fait intéressant à noter, lorsque les Québécois découvrent de nouvelles musiques, l’écoute d’une seule chanson se fait à 50 % et l’album complet, à 45 %. Bref, notre curiosité nous amène à aller plus loin.

Une donnée m’a vivement intéressé et c’est celle qui touche les moyens qui nous permettent de faire ces découvertes. La radio (60 %), la télévision (47 %) et des suggestions de l’entourage (38 %) sont les principales bougies d’allumage. Les plus jeunes découvrent de la musique grâce aux propositions d’amis (55 %), aux suggestions de YouTube (45 %) et par l’entremise des réseaux sociaux (30 %).

C’est en grande partie avec la radio commerciale/privée (75 %) que nous faisons nos découvertes. La radio publique (35 %) s’occupe du reste. Sachant que des radios publiques, comme ICI Musique, proposent des choix beaucoup plus éclatés et audacieux que les radios commerciales, on pourrait débattre longtemps de la notion de « découvertes ».

Les moments préférés des Québécois pour écouter de la musique sont lors des déplacements (75 %) et au moment d’accomplir des tâches ménagères (62 %). Ah ! le fameux ménage du samedi matin au son de Louis-Jean Cormier ou Harry Styles.

On s’est souvent demandé, au cours des dernières années, si les Québécois accordaient plus d’importance aux créateurs d’ici. L’étude nous montre qu’il existe une multitude de raisons pour lesquelles on se tourne vers nos artistes : par intérêt (13 %), pour les artistes (13 %) ou pour comprendre les paroles (12 %).

Et quand on demande aux divers groupes interrogés si la question d’appartenance à la langue française est importante, une infime minorité (3 %) des 13-17 ans jugent que oui, alors que les 55 ans et plus (13 %) trouvent que cela influe sur leurs choix.

Alors que l’adoption du projet de loi C-11 (qui va encadrer la diffusion continue en ligne) se fait toujours attendre, cette enquête devrait guider le CRTC (qui sera ensuite responsable d’établir les moyens de mettre en valeur et de protéger le contenu canadien) dans les décisions qu’il devra prendre.

« Cette étude représente une année de travail, m’a confié Ève Paré, directrice générale de l’ADISQ. C’est sans doute le portrait le plus complet et le plus actuel de nos habitudes avec la musique d’ici. »

Nos habitudes de spectacle

Avant la pandémie, 40 % des gens n’assistaient à aucun spectacle musical et 32 % en voyaient un ou deux par année. Depuis la reprise de l’activité artistique en salle, 44 % des Québécois jugent que leurs habitudes de consommation de spectacle musical n’ont pas changé. Cependant, 13 % soutiennent en voir plus souvent. Cela est particulièrement vrai chez les 34 ans et moins (à environ 20 %). Précisons que le sondage a été effectué quelques semaines après que les salles de spectacle ont pu accueillir de nouveau le public au maximum de leur capacité.

Méthodologie

Ce sondage Léger a été réalisé auprès de 4003 Québécois(e)s du 14 au 27 mars 2022. Des données sommaires de ce sondage ont été publiées par l’ADISQ en mai dernier. Il n’est pas possible de calculer une marge d’erreur sur un échantillon tiré d’un panel, mais à titre comparatif, la marge d’erreur est de ± 1,5 %, et ce, 19 fois sur 20.

Consultez le rapport