Dans le film d’horreur classique Candyman, sorti à l’automne 1992, il suffit de prononcer le nom de Candyman cinq fois devant le miroir pour que ce monstre à la main crochetée et au torse rempli d’abeilles tueuses apparaisse derrière vous, bonsoir le mauvais rêve à la Nightmare on Elm Street.

Dans Occupation double Martinique, qui se déploie 30 ans plus tard, il suffit de prononcer les noms des trois croque-mitaines devant le miroir — jadis commandité par That’s So — pour déclencher le pire cauchemar de la production : Isaack, Philippe et Félix. Argh !

Ces trois esprits maléfiques ont hanté les maisons d’OD et tourmenté ses habitants comme dans les années frissonnantes d’Amityville. Ces trois forces occultes ont été chassées, non pas par Ed et Lorraine Warren des films The Conjuring, mais bien par la grogne populaire et le désistement des commanditaires, tout d’un coup soucieux de préserver leur belle image de marque, tiens, tiens.

On ne convoque plus ces trois fantômes de peur de les voir se manifester comme Marie Blanche (ou Marie Noire ?) dans un placard à minuit. On ne les voit plus et on ne les entend plus grâce à l’exorcisme qui a été pratiqué par la production : vade retro, Canada ! Rentrez au pays, esprits maudits !

Les trois entités malsaines ont peut-être été effacées au montage, mais comme la petite Carol Anne dans Poltergeist, nous sentons leur présence à travers nos télévisions. Elles flottent dans l’air collant, entre un party de garage et une séance de ouija, non, une session de rasage des jambes de Jimy le cowboy-carreleur. Et la combustion de sauge blanche n’y changera rien : les villas de la Martinique resteront diaboliques.

L’épisode d’OD de dimanche soir, qui a remonté dans le temps trois semaines avant la grande intervention contre l’intimidation, ressemblait aux premières minutes d’un film d’épouvante typique, alors que les personnages ne se doutent pas que l’apocalypse, rien de moins, cognera bientôt à leur porte.

Les premières minutes de l’émission ont été étranges et gorgées de mini-malaises. D’abord, tous les célibataires, même les gentils, ont été expurgés du générique d’ouverture d’OD. Il ne reste que Jay Du Temple, qui a teinté son animation d’un ton quasi funéraire, dénué de son enthousiasme habituel. Même ses cheveux manquaient de couleurs pétantes et joyeuses. Heureusement, plus les minutes s’écoulaient, plus le pep lui revenait dans les sabots.

Jay Du Temple a moulé le titre phare de Noovo à sa personnalité extravagante et à son humour d’observation. Quand Capitaine Twist se détache des enjeux et se met au neutre, comme la situation le requérait, ce n’est plus du tout la même vibe, pour parler en langage d’OD. Si jamais Lady Pagaille quitte après cette édition martiniquaise catastrophique, bonne chance à celui ou à celle qui portera ses « crop tops » et ses camisoles en filet.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ÉMISSION

Jay Du Temple, animateur d’Occupation double

Ensuite, le nom de certains annonceurs a été flouté à l’écran, et on détectait toutes les pirouettes exécutées en postproduction pour se débarrasser des concurrents toxiques. Associé de très près au trio des méchants, le préposé aux bénéficiaires Walide, 28 ans, a pratiquement disparu des intrigues. Il est revenu en fin de parcours quand le photographe Michael, 22 ans, l’a invité à déboucher une canette de Shaker Mixologie au conseil d’administration.

L’existence du C.A. a été salvatrice pour la survie de la populaire téléréalité de Noovo. Le remontage des épisodes a été recentré sur cet organisme qui servait peu jusqu’à présent. Dimanche soir, dans la mouture « retour vers le futur » d’OD, on aurait juré que le C.A. menait le jeu depuis le début. L’intervention des deux ninjas du C.A., longue et inintéressante, sentait les retailles d’OD Extra à plein nez.

« Il y a des affaires qui se trimballent ici », s’est d’ailleurs félicitée l’étudiante en enseignement Megan, 23 ans, une des deux membres d’origine du C.A. d’OD. Bah, tramer, trimballer, on ne s’obstinera pas pour quelques lettres de scrabble ici.

Au sujet du C.A., ses actionnaires se vantent de « brasser les cartes », mais ne sortent jamais de gros joueurs des maisons. Jamais. C’est limite gênant. Sans surprise dimanche, ils ont renvoyé Catherine, la prof de yoga de 28 ans, alors que l’éviction de Florence, 23 ans, aurait assurément fait suer (encore plus) les garçons.

Il faut dire que l’émission spéciale mortuaire de la semaine dernière a vendu plusieurs punchs en 60 minutes, dont les éliminations à venir d’Ally et de Félix, ainsi que la formation du couple de Rami, 23 ans, et Koralie-Maya, 22 ans.

En temps normal, la crise de loyauté — es-tu mon amie ou pas ? — entre Florence et Ally aurait accaparé énormément de temps d’antenne. Ce genre de drame nourrit abondamment les discussions de balcon entre filles, en cachette des autres. Placée en mode rédemption depuis une semaine, la production a mis la pédale douce sur les chicanes et inimitiés dans les maisons. Pas question de rallumer une autre controverse, alors que l’équipe se sort enfin la tête de l’eau pour admirer les dauphins avec Zacharie et Catherine, hon, c’est trop cuuute !