La mouche qui a piqué Guillaume Lemay-Thivierge s’appelle Tout le monde en parle. Deux petites morsures infligées sur le grand plateau de Guy A. Lepage en 2021 ont poussé la vedette de TVA à interrompre le gala des Gémeaux de Véronique Cloutier avec un discours électoral aussi confus que décousu, selon mes fidèles espions.

Au lendemain de la diffusion de la cérémonie des Gémeaux à Radio-Canada, le showbiz québécois ne discutait que de ça, les yeux encore bouffis par le party arrosé de la veille : pourquoi Guillaume Lemay-Thivierge a-t-il bondi de son siège pour provoquer cet immense malaise non sollicité ?

C’est d’abord pour régler des comptes avec Louis Morissette et Guy A. Lepage, qui l’ont égratigné à Tout le monde en parle, que l’animateur de Chanteurs masqués aurait monopolisé — sans avertissement — l’attention du parterre et des téléspectateurs des Gémeaux. Et Guillaume Lemay-Thivierge rumine ses récriminations depuis longtemps, semble-t-il.

Le 5 décembre 2021, entouré des médecins Caroline Quach et Cécile Tremblay, Louis Morrissette avait blagué : « Mais qu’est-ce qui arrive avec le vaccin Medicago ? Je demande pour un ami ! » Les infectiologues discutaient alors de la menace du variant Omicron, tandis que Louis Morissette assurait la promotion du film Au revoir le bonheur de Ken Scott.

Le contentieux avec Guy A. Lepage remonterait à l’épisode de Tout le monde en parle du 25 avril 2021. Éric Duhaime se trouvait sur le plateau et Guillaume Lemay-Thivierge avait court-circuité l’entrevue du politicien, ce qui avait irrité Guy A. Lepage.

« Guillaume Lemay-Thivierge qui parle pendant six minutes à la place d’Éric Duhaime, ce n’est pas l’idée du siècle. En montage, j’aurais câlicé ça aux vidanges. J’étais vraiment en tabarnak », avait ensuite déclaré le capitaine de Tout le monde en parle à mon collègue Marc Cassivi.

Sur scène dimanche, Guillaume Lemay-Thivierge a raillé la grosse cabane de Louis Morissette et l’absence d’humilité de Guy A. Lepage, pour résumer de façon succincte trois minutes de charabia.

Alors que la Place des Arts se vidait dimanche soir, Guy A. Lepage a discuté avec Guillaume Lemay-Thivierge afin de décoder l’essentiel de son propos brumeux. Le ton entre les deux hommes n’a pas été chaleureux, sans toutefois être acrimonieux.

« Quelqu’un qui hijacke un gala, pour faire ça de façon malhabile et incompréhensible, ce n’est pas une bonne idée. Tu ne fais pas ça », m’a confié Guy A. Lepage, lundi matin. Selon ce dernier, Guillaume Lemay-Thivierge mélange « toutes sortes d’affaires » dans ses doléances.

Une source ayant aussi parlementé avec Guillaume Lemay-Thivierge après le gala parle de ses explications comme « d’une tirade à n’y rien comprendre ». Guillaume Lemay-Thivierge a une fois de plus décliné ma demande d’interview au sujet de sa sortie controversée, qui arrivait à un bien drôle de moment, soyons francs.

Car plus personne ne parlait de ses déboires médiatiques. L’animateur de 46 ans a lui-même redirigé les projecteurs sur son nombril sans que personne ne le sollicite ou ne lui tende un micro.

Autre débat chaud post-Gémeaux : la victoire de Nous devant District 31 dans les téléromans. Selon mes infos, Radio-Canada n’a pas aimé qu’un « vice de procédure » ait permis à l’émission Nous du Club illico de figurer dans la catégorie des séries annuelles (14 épisodes et plus par année) plutôt que chez les séries saisonnières (qui comptent de 2 à 13 épisodes par année).

Voyez-vous, la première saison de Nous ne renfermait que 12 épisodes, qui ont été mis en ligne en décembre 2021. Les 12 derniers débouleront cet automne, quasiment un an plus tard. Alors, est-ce que Nous se classe comme un téléroman annuel ou une série dramatique saisonnière ? C’est très discutable, mettons.

La présidente du volet québécois de l’Académie du cinéma et de la télévision, Sophie Deschênes, qui chapeaute l’organisation des Gémeaux, maintient que Nous jouait dans la bonne ligue. « Oui, ils sont conformes. La série Nous a été financée comme un bloc de 24 épisodes de téléroman, avec les mêmes budgets. C’est le diffuseur qui a décidé de la scinder en deux », note Sophie Deschênes en entrevue.

Les membres de l’équipe de District 31 ont été super déçus que les organisateurs du gala des Gémeaux ne soulignent pas leur exploit d’avoir accroché près de 1,5 million de personnes à leurs histoires romantico-policières pendant six ans. Ils ont bien raison. Un coup de chapeau aurait été chic et nécessaire, car un tel phénomène populaire ne se reproduira plus.

Aux commandes de son 9e gala, Véronique Cloutier a stoppé l’érosion des cotes d’écoute et les a remontées à un niveau prépandémie. C’est un gros exploit alors que l’intérêt pour ce type de festivités pailletées s’effondre partout dans le monde.

Dimanche soir, 958 000 téléphages ont visionné la fête des Gémeaux, en hausse de 31 % par rapport aux 729 000 fidèles mesurés en 2021. En 2020, 854 000 irréductibles avaient assisté au triomphe du premier chapitre de C’est comme ça que je t’aime.

Les Gémeaux ont quasiment égalé les chiffres de Révolution à TVA (1 092 000), qui a mis en orbite sa quatrième édition. Près de 519 000 curieux se sont agglutinés sur le tapis rouge d’Occupation double sur Noovo.

Et qui a été le champion de la soirée du dimanche ? Guillaume Lemay-Thivierge… et ses Chanteurs masqués à TVA, qui ont été vus par 1,4 million de paires d’yeux. On ne peut pas perdre tous ses combats, faut croire.