Il existe des émissions cultes que les critiques adorent, qui moissonnent tous les prix prestigieux, que nos amis vénèrent comme la diversité chez Pénélope, mais qui nous intéressent autant que d’attraper la variole simienne, aussi dite du singe.

C’est normal. Il ne faut pas avoir honte de ne pas capoter sur toutes les téléséries dites incontournables. Et ce, même si le jugement lapidaire de nos pairs nous tombe dessus comme une poêle du décor des Chefs !.

Quoi ? Tu n’aimes pas (insérez ici le titre d’une série for-mi-da-ble) ? Pfft. N’importe quoi. Tu ne connais rien à la télé. Béotien !

Marie-Louise Arsenault se prête à ce jeu amusant tous les vendredis à son émission radiophonique Plus on est de fous, plus on lit au 95,1 FM. L’animatrice demande alors à l’invité principal de nommer un chef-d’œuvre littéraire qu’il juge surestimé. Les réponses ratissent large et écorchent souvent des classiques : Sur la route de Jack Kerouac, Guerre et paix de Leon Tolstoï, Le chardonneret de Donna Tartt ou Menaud, maître-draveur, de Félix-Antoine Savard.

Et c’est très correct. Il n’y a rien de déshonorant à ne pas embrasser l’œuvre complète de Marie-Claire Blais ou de Marcel Proust.

Le même exercice d’œuvre surévaluée s’applique, bien sûr, à la télé. Il y a des séries qui captivent la planète entière… sauf nous, on dirait bien. Maintenant, lesquels parmi ces bijoux du petit écran jouissent d’une réputation surfaite ?

Avant de dévoiler les résultats informels d’un sondage mené sur Facebook, c’est mon devoir de chroniqueur de me mouiller en premier.

Alors, voilà. Je ne comprends pas le buzz qui enveloppe la série Ozark sur Netflix. C’est dit, c’est écrit. J’ai trempé le pied dans la première saison et j’ai décroché par la suite. Finito pour Hugo. Et avec une quarantaine d’épisodes à rattraper avant de connaître le dénouement, la montagne est trop haute à escalader. Bye.

PHOTO FOURNIE PAR NBC

Jason Alexander et Jerry Seinfeld dans la série Seinfeld, maintenant sur Netflix

Autre sujet délicat et glissant : Seinfeld. Pas capable. Désolé, Patrick Lagacé et Jean-Philippe Wauthier, des fans finis de cette comédie américaine. J’ai essayé, réessayé sans jamais adhérer à l’univers décalé de Jerry Seinfeld et de ses amis bizarres. Je voudrais tellement aimer ça et faire partie de la secte, mais j’ai préféré Friends. Allez-y, lapidez-moi. Traitez-moi d’analphabète de l’humour, m’en sacre.

Vous êtes nombreux à chanter les louanges de Narcos, la populaire série de Netflix à propos du criminel Pablo Escobar et des cartels colombiens. Meh… Encore ici, je n’ai pas tant trippé. Même situation pour La casa de papel. C’était très divertissant au début avant de rapidement devenir redondant et longuet.

Dans mon livre à moi, Breaking Bad et son dérivé Better Call Saul entrent dans la catégorie de : oui, c’est bon, mais à ce point bon ? C’est non, bon.

Maintenant, voici vos réponses d’émissions à la réputation anormalement gonflée, toutes extraites de ma page Facebook. Il y a quelques éléments à décortiquer avec précaution, car les fans finis de séries se sentent attaqués personnellement quand ils découvrent que leur obsession télévisuelle ne plaît pas à la terre entière. Namasté, accords toltèques et paix dans le monde, s’il vous plaît.

PHOTO FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Patrice Robitaille et François Létourneau dans la série C’est comme ça que je t’aime

Après un dépouillement rapide de plus de 2000 commentaires, l’émission québécoise qui a récolté le plus de votes est, alerte au scandale, C’est comme ça que je t’aime de Radio-Canada. Trop absurde, trop burlesque, trop niché, avez-vous tranché.

Ça ne m’étonne pas tant que ça. Perso, j’ai adoré cette œuvre de François Létourneau et Jean-François Rivard. Le problème, c’est que tous les comptes rendus de la vie criminalo-amoureuse des caïds de Sainte-Foy ont été dithyrambiques. Quand l’engouement atteint de tels niveaux stratosphériques, le téléphage ne peut qu’être déçu et se demander pourquoi il n’embarque pas autant que les leaders d’opinion.

District 31 a été cité plusieurs fois, également. C’était prévisible. Une série-phénomène laisse inévitablement des gens en plan, qui ne disposent pas de 360 heures libres pour reprendre les intrigues du début.

Je peux comprendre que Succession de HBO n’ait pas passé le test auprès de lecteurs, qui ont abandonné au milieu de la première saison. C’est effectivement singulier comme proposition. Et ceux qui aiment Succession aiment vraiment Succession. Ils se plaisent à le claironner sur toutes les plateformes.

PHOTO FOURNIE PAR HBO CANADA

Sandor The Hound Clegane, un des nombreux personnages en cotte de mailles dans la série Game of Thrones, qui est loin de faire l’unanimité

Game of Thrones et son aspect médiévalo-fantastique a repoussé les personnes allergiques aux cottes de mailles et aux coupes d’hydromel. Je vous le concède : la sortie de chacune des saisons de Game of Thrones a déclenché des éclipses médiatiques visibles sur tous les continents. On se calme (je m’inclus dans le lot).

Parmi les autres phénomènes de popularité inexpliquée à la télé, vous avez cité, en vrac, This Is Us, Squid Game, Breaking Bad, Ozark et The Walking Dead. Toutes des propositions légitimes.

Quelques personnes ont mentionné The Sopranos et j’ai failli mourir « live là », comme on dit à L’île de l’amour. Non, mais, quel affront, quel sacrilège, quelle hérésie. Vous le savez, les fans se sentent attaqués personnellement quand on égratigne leur série fétiche. Donc, pas touche à Tony et à Carmela, à moins d’absolument vouloir faire un tour dans la valise du char.