Cette minisérie délirante de Netflix remporte la palme du titre de l’année : La femme qui habitait en face de la fille à la fenêtre. En anglais, c’est encore plus long et drôle : The Woman in the House Across the Street From the Girl in the Window.

Pour des contraintes d’espace, appelons simplement cette production La femme. Il s’agit d’une parodie de tous ces récents polars mettant en vedette des protagonistes tourmentées, instables et alcooliques qui a) s’imaginent, dans leurs banlieues confortables de la Nouvelle-Angleterre, des massacres dignes de Ted Bundy ou b) provoquent elles-mêmes des drames épouvantables dans un état de psychose avancée.

L’héroïne de La femme, la peintre Anna (Kristen Bell), coche toutes les cases du genre The Girl on the Train. Sa fille de 8 ans est morte de façon atroce (bien sûr). Son mari, profileur de tueurs en série pour le FBI, l’a quittée (classique). Et Anna mélange (évidemment) ses immenses coupes de vin rouge avec des anxiolytiques.

Endeuillée, engourdie et enivrée, Anna passe ses journées à écornifler chez le nouveau voisin d’en face, un séduisant veuf, papa d’une fillette adorable. Anna en pince pour le voisin et tout bascule un certain soir de scotch. Anna aperçoit une femme mourant au bout de son sang dans la belle maison du dit voisin.

Question : Anna hallucine-t-elle ce meurtre crapuleux sous l’influence du combo cabernet-Ativan ? Ou une gorge a-t-elle vraiment été tranchée dans le salon de l’énigmatique voisin ? Personne, pas même la police, ne croit la version d’Anna (cela s’entend). Et comme le veut la tradition, Anna amorcera sa propre enquête de « vrai crime » pour exposer la vraie nature, non pas des rameurs d’une émission de TVA, mais de son voisin.

Avec sa musique outrageusement sinistre et ses revirements abracadabrants, La femme s’amuse avec tous les clichés associés à ce populaire genre cinématographique. C’est en fait un pastiche fortement inspiré du mauvais film The Girl in the Window avec Amy Adams et Julianne Moore.

On enfile les huit épisodes de 25 minutes de La femme et on se dit : mais que suis-je en train de regarder, pour l’amour d’un plat en Corningware ? C’est invraisemblable, absurde et étrange, mais je ne peux plus m’arrêter.

Le ton ambigu de La femme, qui se précise autour du troisième épisode, demeure son plus gros défaut. Ç’aurait pu être une féroce comédie à la Scream. Ç’aurait pu être un vrai thriller à la Gone Girl. Ce n’est ni l’un ni l’autre.

La femme navigue entre ces deux genres opposés, ce qui embrouille l’intrigue. Parfois, on hurle : oh, mon Dieu, il y a un psychopathe dans le grenier ! La scène suivante, on tombe dans le mélo ou sur un gag malaisé qui ne lève pas.

Malgré ses défauts, La femme offre une forme de divertissement étonnant, jamais vue ailleurs. Enfilez votre robe de chambre en ratine, prévoyez des réserves infinies de Liano, et bonne rafale en compagnie de cette femme qui boit plus qu’Élise Guilbault dans un film de Bernard Émond.

Un très bon Pacte

Les 9-12 ans (et leurs parents) auront une nouvelle série dramatique à dévorer à partir du lundi 14 février à 18 h 30 sur les ondes de Télé-Québec. Cette émission quotidienne, qui jouera du lundi au jeudi, comme District 31, s’appelle Le pacte et réunit trois adolescents qui cachent chacun de gros secrets.

C’est très bien fait. Ce téléroman imaginé par Marie-Hélène Lebeau-Taschereau (Virage) aborde des thèmes plutôt lourds comme l’anxiété, le deuil et la pauvreté, sans jamais être déprimant ou trop « pédagogique ».

Et comme Le pacte s’adresse aux préados, il navigue davantage dans les eaux de La vie compliquée de Léa Olivier du Club illico que dans celles, plus troubles, des Petits rois.

PHOTO FOURNIE PAR TÉLÉ-QUÉBEC

Le pacte met en scène les personnages de Théo (Mathéo Piccinin-Savard), Aïna (Sarah-Maxine Racicot) et Arnaud (Léokim Beaumier-Lépine).

Alors, Le pacte tourne autour d’Aïna (Sarah-Maxine Racicot), Arnaud (Léokim Beaumier-Lépine) et Théo (Mathéo Piccinin-Savard), qu’un hasard réunit dans le bureau de la « méchante » directrice de leur école, campée par Debbie Lynch-White. Les trois élèves, qui proviennent de trois milieux socioéconomiques différents, ne se tiennent pas ensemble.

Aïna gravite avec les populaires, Théo est un geek attachant et allumé, tandis qu’Arnaud, le plus mystérieux de la bande, débarque en plein milieu de l’année scolaire. Et pourquoi Arnaud, en proie à des crises d’anxiété, a-t-il dû changer d’école aussi rapidement ? Son histoire paraît sombre.

Sans rien divulgâcher, Arnaud, Aïna et Théo se jurent de ne pas dévoiler les choses compromettantes qu’ils savent à propos de leur trio. Un mystérieux vandale à la Anonymous tentera de les exposer, ce qui compliquera leur accord. Si un des trois s’échappe, son secret part sur tous les réseaux sociaux.

Autour des jeunes acteurs, vous verrez Marilyn Castonguay, Fanny Mallette, Alexandre Goyette et Fayolle Jean Jr dans les rôles de leurs parents. Une solide distribution.

Au fil de la saison, les auteurs aborderont l’homosexualité, l’intimidation et les maladies chroniques comme le diabète de type 1. Ça sonne comme une brochure gouvernementale, mais c’est pas mal plus sympathique.