Il y a de plus en plus de séries qui manient le surnaturel et l’horreur et c’est tant mieux. C’est super, les émissions de policiers, d’avocats ou de médecins, mais des titres populaires comme Yellowjackets ou Squid Game montrent l’appétit vorace des téléphages pour des productions de genre, badigeonnées de frousse et de terreur.

Vous ne hurlerez pas d’effroi toutes les cinq secondes dans Archive 81, la nouvelle série d’épouvante de Netflix aux accents sataniques, dont la popularité gonfle grâce à un bouche à oreille favorable. Les huit épisodes d’une heure, offerts en anglais et en français, déclenchent plutôt une paranoïa sournoise, qui s’infiltre lentement, mais sûrement dans nos cocos. Après la quatrième heure, j’étais prêt à organiser une séance de Ouija en parlant latin, les yeux révulsés, l’écume au coin de la bouche. J’étais ensorcelé à ce point.

Plus les épisodes progressent, plus la division entre le passé et le présent se brouille. Le cauchemar empiète sur la réalité. Et la peur se visse dans nos esprits sur un fond musical à la Amityville.

Archive 81 suit le jeune archiviste Dan Turner (Mamoudou Athie), spécialiste de la restauration de bandes magnétiques, qui accepte un contrat aussi lucratif que mystérieux. Un milliardaire (Martin Donovan) lui confie une boîte de vidéocassettes qui ont été rescapées de l’incendie d’un immeuble mythique de Manhattan. Ces bandes endommagées ont été tournées au printemps 1994 par une jeune documentariste, Melody Pendras (Dina Shihabi), qui préparait une thèse sur les habitants de cet édifice, plus étranges les uns que les autres.

Le milliardaire installe Dan dans un bunker à la campagne pour qu’il nettoie le matériel analogique sans distraction, sans WiFi et sans réseau cellulaire. Isolé et fragile psychologiquement, Dan pousse la première vidéocassette dans le magnétoscope et plonge dans l’univers glauque des résidants de l’immeuble, sous l’emprise d’une entité démoniaque. Rites méphistophéliques, séances de spiritisme et symboles sataniques, il se passe des choses épouvantables dans ces appartements, notamment au sixième étage, l’étage maudit. Sans rien divulgâcher, Dan découvrira un lien direct entre sa propre vie et celles des spectres de 1994 qui défilent sur son moniteur.

PHOTO CLIFTON PRESCOD/NETFLIX

Dina Shihabi incarne le personnage de Melody Pendras que Dan découvre dans les vidéocassettes.

Archive 81 renferme des notes de The Blair Witch Project (la caméra vidéo instable), The Ring (fixez attentivement les images à la télé) et The Shining (pour la résidence aux longs corridors). Les fans d’horreur y détecteront également des touches de Rosemary’s Baby.

De retour à l’intrigue, le milliardaire qui a embauché Dan pour récupérer les fameuses archives vidéo cache bien son jeu. Que cherche-t-il, exactement ? Pourquoi connaît-il l’historique médical détaillé de Dan ? Que cache-t-il dans la maison-labyrinthe où il a installé notre bon Dan ?

Et au-delà du paranormal, il s’agit aussi d’une télésérie sur les traumatismes d’enfance et la maladie mentale. Avertissement, cependant. Archive 81 se déroule à un rythme plus lent que celui d’une série comme American Horror Story. C’est hypnotique comme proposition. Et comme le protagoniste obsédé par les fantômes du passé, on sombre dans un état de méfiance aiguë. C’est à regarder les lumières éteintes, avec un paquet de chandelles allumées, dont une placée au centre d’un cercle, évidemment.

Souvenirs perdus et retrouvés

L’intrigue d’Une autre histoire de Radio-Canada a fait un bond d’un an, lundi soir, ce qui a donné un bel élan au téléroman de Chantal Cadieux, qui s’éteindra pour de bon au printemps.

Ce saut dans le temps a permis aux téléspectateurs de constater que l’alzheimer de Sébastien (Benoît McGinnis) a progressé de façon fulgurante, tandis que l’état de Manon/Anémone (Marina Orsini) s’est dégradé, jamais autant que celui de son fils.

Les scènes de confusion et d’absence jouées par Benoît McGinnis et Marina Orsini ont été saisissantes. Ces moments auraient pu virer à la caricature et au sketch. Elles ont été pleines de vérité, notamment quand Sébastien n’a pas reconnu son frère Jean-Olivier (Adam Kosh) et quand Anémone a entamé un strip-tease devant sa famille. On sentait parfaitement la détresse des personnages.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ÉMISSION

Émilien (Patrice Godin) et Maryse (Marie-Laurence Moreau), personnages d’Une autre histoire

À Belleville, Maryse (Marie-Laurence Moreau) et Émilien (Patrice Godin) forment un très beau couple. Un couple improbable, mais bien assorti. N’oublions pas qu’Émilien, ancien amoureux d’Anémone, a fait un enfant à sa fille Karla (Marilou Morin), qui sort maintenant avec Vincent (Sébastien Ricard), l’ex-copain de Maryse.

Ancienne flamme de Jean-Olivier, l’instable Bianka (Élizabeth Duperré) fréquente officiellement son demi-frère Simon (Mikhaïl Ahooja). Suivez bien ici. Bianka est la fille de Patricia (Marie Turgeon), qui a longtemps été mariée à Ron (Vincent Graton), qui est retourné vivre avec Manon/Anémone, la mère de Simon.

J’adore la scénariste Chantal Cadieux pour ça : elle s’amuse avec les codes du soap et l’assume.

Ah oui, RIP au personnage du méchant Valaire (Steve Banner), le père biologique de Caroline – il a violé Manon/Anémone à l’époque, souvenez-vous. Cette même Caroline (Debbie Lynch-White) a finalement découvert que le père de sa demi-sœur assassinée Mona (Marie-Évelyne Baribeau) n’était pas le vilain Valaire mais bien… Ron ! Tout reste dans la famille chez les Blanchette-Leduc-Romero-Petterson.