Party d’adieu à une jambe gauche, enfant narrateur dans le coma depuis quatre mois, anorexie, boulimie, accident désastreux de VTT et familles brisées par le cancer des os : la nouvelle série Les bracelets rouges de TVA possédait tous les ingrédients pour nous plonger dans une dépression de type dysthymie. Longue, pénible et constante.

Mais non. Contre toute attente, les épisodes de l’adaptation québécoise de la télésérie catalane Polseres vermelles injectent une forte dose de lumière dans notre hiver, qui s’annonce, comme celui de 2021, austère et pénible. Cet esprit de bienveillance qui enveloppe Les bracelets rouges évoque la douceur d’Au secours de Béatrice, une référence en matière de télé réconfortante.

Malgré son sujet très grave, soit les maladies infantiles, Les bracelets rouges se déploie en émission qui réchauffe le cœur et qui raconte des histoires d’amitié, de courage et d’espoir. Vraiment, ça promet pour la suite. C’est l’une des belles surprises de la rentrée télévisuelle.

Les jeunes acteurs au cœur de l’intrigue, je pense ici à Noah Parker, Anthony Therrien et Léanne Désilets, crèvent l’écran.

Dans le deuxième épisode, que vous verrez la semaine prochaine, la scène où le jeune hockeyeur Justin (Noah Parker) découvre son corps après l’amputation vous tirera des larmes, c’est certain. C’est joué avec justesse et vérité. Chapeau.

Bien sûr que c’est triste. Mais pas une tristesse assommante et lourdement appuyée. Le fait de voir ces ados malades s’entraider et trouver les mots justes pour se consoler a quelque chose de profondément touchant. Non, ce n’est pas cucul ou quétaine. C’est émouvant.

Et ça paraît que ce format espagnol a été testé et peaufiné dans plusieurs pays, dont la France et les États-Unis (Red Band Society de la chaîne Fox). La construction du premier épisode, que vous avez sûrement regardé mardi soir à TVA, est d’une efficacité redoutable. C’est une classe de maître dans l’art d’écrire un pilote.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Léanne Désilets dans Les bracelets rouges

Rapidement, le téléspectateur embarque dans cette série chorale, qui ne nous mélange jamais. Et même si on ne connaît pas la pathologie de chacun des patients de l’hôpital de la Rive, sorte de CHU Sainte-Justine des Laurentides, on comprend que c’est sérieux et on s’attache immédiatement à eux.

La relation entre Justin (Noah Parker) et son coloc de chambre, Félix (Anthony Therrien), qui souffrent du même cancer des os, débouche sur de jolis moments. Optimiste au sourire ravageur, Félix sert de guide à Justin, encore sous le choc de la tumeur qui a torpillé ses espoirs de jouer au hockey junior. Un triangle amoureux se dessine entre eux et Flavie (Audrey Roger), qui parle peu de son état de santé. On devine qu’elle souffre d’un trouble alimentaire.

Les bracelets rouges ne parle évidemment pas que de maladie, mais de tout ce que vivent des ados dits normaux : problèmes de cœur, d’émancipation et de popularité.

J’ai adoré le personnage de Kim (Léanne Désilets, alias Dorice Boulerice dans Six degrés), l’ado arrogante qui s’assouplit au contact de ses camarades d’hôpital. Fille d’une vedette de la télé (Frédérick De Grandpré), Kim tisse un lien improbable — et adorable — avec Kevin (Étienne Galloy), qui a subi de multiples fractures dans un accident de quatre-roues.

Sébastien Delorme, qui incarne le père de Justin, arrivera dans la série mardi prochain. Il n’accepte pas du tout l’état de son fils, qu’il cache à ses collègues.

Vous comprendrez mieux le passé de Lou (Milya Corbeil-Gauvreau) dans le deuxième épisode, où se pointeront ses deux pères (Victor Andrés Trelles Turgeon et Éric Paulhus).

L’histoire de la bande des bracelets rouges nous est racontée par le petit Albert (Malick), toujours inconscient après un saut à la tour de 10 mètres. Sa maman (Isabelle Blais) le visite tous les jours. Même le côté plus ésotérique de la série — il y a une rencontre dans l’au-delà au prochain épisode — passe le test. Yan England a fait un sapré beau boulot derrière la caméra.

De costaudes parts de marché

Il n’y a probablement qu’au Québec où les gens défoncent la nouvelle année devant leur télé. Les cotes d’écoute des émissions du 31 décembre à Radio-Canada le prouvent encore. Par contre, seul Infoman a battu son record d’audience, passant de 3 038 000 téléspectateurs en 2020 à 3 047 000 cette année. Le Bye bye 2021 a été vu par 3 773 000 personnes, en petite baisse en comparaison de l’édition record précédente (3 814 000). En direct du jour de l’An, touchée par la panne d’Helix, n’a pas trop souffert avec 1 993 000 fêtards à l’écoute, soit 5000 de moins qu’en 2020.

La cote d’écoute d’À l’année prochaine, vue par 1 710 000 personnes, a légèrement diminué. Elle atteignait 1 843 000 il y a un an. Ces chiffres ne comprennent pas les reprises du 1er janvier.

Quant au Bye bye 2021, sa part de marché a été estimée à 90 %. Ce qui signifie que 90 % des Québécois francophones qui regardaient la télé entre 23 h et 0 h 15 avaient syntonisé Radio-Canada. C’est gigantesque. Le couvre-feu n’a pas dû nuire non plus à ces grands rassemblements de salons (en bulle, bien sûr).