Ce n’est pas pour rien que Plan B remporte systématiquement le Gémeaux de la meilleure série dramatique et qu’elle s’exporte en Europe. Il s’agit d’une production brillante, émouvante, parfois très dure, qui utilise un gadget techno-futuriste pour aborder des sujets complexes comme le suicide chez les ados ou les féminicides.

Le troisième chapitre de cette minisérie percutante, qui s’ouvre le mercredi 27 octobre à 21 h sur les ondes de Radio-Canada, ne décevra pas les fans des deux saisons précédentes. Cette œuvre raffinée de Jacques Drolet et Jean-François Asselin, qui réalise également les six épisodes de Plan B 3, plonge cette fois-ci dans la folie d’un homme jaloux pour parler de pardon, de réparation et de rédemption.

Constat après avoir visionné la moitié de la série mercredi ? Les deux auteurs de Plan B maîtrisent encore mieux les rouages de leur création. Oui, un retour rapide dans le passé permet d’éviter des drames imminents. On menotte un voleur à la porte d’un dépanneur, on intercepte un meurtrier avant qu’il ne sorte le couteau, ça fonctionne tout de suite, résultats garantis.

Ce que Plan B nous a toutefois appris au fil des ans, c’est que pour vraiment juguler une tragédie potentielle, il faut remonter très loin en soi – et de façon profonde – pour briser le cycle destructeur. Et c’est loin d’être évident pour les protagonistes qui pensent (à tort) que l’agence Plan B réglera tous leurs problèmes en un seul voyage spatio-temporel de 1547,13 $.

La policière montréalaise Mylène Clermont (excellente Anne-Élisabeth Bossé), 39 ans, l’apprend à ses dépens. Répondant à un appel de dispute à la porte d’un appartement du Centre-Sud, elle y rencontre un couple en crise. Réfugiée chez sa cousine, elle (Mélanie Pilon) demande le divorce de son mari (Vincent Leclerc), qui ne l’accepte pas. La femme ne dépose pas de plainte, le mari rentre chez lui, les deux enfants restent avec leur mère, le dossier se ferme… jusqu’au lendemain.

La police découvre les cadavres ensanglantés des quatre membres de cette famille. Le père, possessif et dérangé, a assassiné sa conjointe et ses deux filles, avant de se donner la mort.

Mylène s’en veut terriblement. Aurait-elle pu empêcher ce triple meurtre en amenant le père au poste ? Et si cette intervention pour violence conjugale s’était déroulée autrement ? C’est à ce moment que Mylène sollicite l’aide de Plan B – et de ses jumeaux étranges – pour corriger l’évènement traumatisant.

PHOTO FOURNIE PAR RADIO-CANADA

La comédienne Mélanie Pilon fait partie de la distribution de Plan B.

Si l’histoire du couple en difficulté ébranle autant Mylène, c’est qu’elle pince des cordes sensibles chez elle. Mais lesquelles ? Voilà où nous transporte cette troisième saison, la première où le personnage principal se sert du dispositif de la compagnie Plan B pour régler une situation qui ne le concerne pas directement.

Alors qu’elle s’étourdit à sauver la planète, Mylène ne s’occupe pas d’elle-même, ce qui la rattrape, évidemment. La patrouilleuse ne va pas bien, insomniaque, accro aux antidépresseurs de sa sœur Marianne (Marie-Laurence Moreau) et toujours sur le bord d’exploser. D’où lui vient cette colère sourde, qui réactive en elle des mécanismes de violence ? Pas de divulgâcheur, n’ayez crainte.

Plan B 3 n’est pas un show de police à proprement dit. C’est un drame psychologique à propos d’une femme blessée qui essaie de réparer les autres pour se réparer elle-même. Au fil des épisodes, vous découvrirez la relation tendue qu’entretient Mylène avec son papa (Roger Léger) et sa belle-mère distante (Nathalie Coupal). Mylène se sort aussi d’une séparation acrimonieuse. Son ex-copain (Pierre-Luc Brillant) et elle s’affrontent même devant les tribunaux.

Autour de Mylène gravitent plusieurs beaux personnages, dont son partenaire de patrouille, Patrick (Patrick Emmanuel Abellard), qui lui apporte de la douceur et du réconfort, de même que son ancien beau-fils de 7 ans (Thomas Haché), un rayon de soleil dans sa vie grisâtre.

Il y a une portion prise d’otage qui s’étire au deuxième épisode, mais aucun autre bogue majeur à signaler. Le menu de Plan B 3 s’annonce lourd et exigeant, et il l’est. Sa diffusion de mercredi en mercredi nous permettra de souffler entre les épisodes.

C’est évident qu’Anne-Élisabeth Bossé décrochera une sélection aux prix Gémeaux pour ce rôle de femme complexe. Ses camarades des éditions précédentes de Plan B, Magalie Lépine-Blondeau et Sophie Lorain, ont été couronnées pour leur participation à ce projet original. C’est assurément Anne-Élisabeth Bossé qui complétera le tour du chapeau.

Les trois chapitres de Plan B

  • Premier (2017) : Égoïste et carriériste, l’avocat Philippe Girard (Louis Morissette) sollicite les services de l'entreprise Plan B pour éviter/prévenir sa séparation d’avec la violoncelliste Évelyne Lalonde (Magalie Lépine-Blondeau).
  • Deuxième (2018) : Animatrice de radio populaire, Florence Morin (Sophie Lorain) remonte dans le passé pour empêcher son adolescente de 15 ans, Marilou (Émi Chicoine), de se suicider.
  • Troisième (2021) : Policière à Montréal, Mylène Clermont (Anne-Élisabeth Bossé) s’immisce dans la vie d’un couple en crise (Mélanie Pilon et Vincent Leclerc) en sachant qu’un familicide se prépare.

L’Extra de Tou.tv offre les deux premières saisons de Plan B en rattrapage.