C’est le phénomène télé de l’heure partout sur la planète, et c’est très difficile à décrire pour rendre justice à cette série sud-coréenne super originale, très violente et ultra-troublante.

Pensez à Panic d’Amazon Prime Video, mélangée avec les films The Hunger Games et Snowpiercer, avec une touche du long métrage Parasite de Bong Joon-ho. Voilà à quoi ressemble le thriller dystopique Squid Game — Le jeu du calmar, en version française —, le dernier titre de Netflix qui a été catapulté au sommet du palmarès sans aucune publicité, ou presque.

C’est grâce à l’enthousiasme délirant de ses jeunes fans, qui inondent les réseaux sociaux de vidéos (TikTok) et de mèmes (Instagram), que Squid Game se positionne pour devenir l’émission la plus regardée de l’histoire de Netflix, dépassant même Bridgerton et Lupin, qui détenaient les deux premières positions.

C’est gros, très gros, comme mouvement populaire. C’est une vague virale originaire de la Corée du Sud qui grossit de jour en jour, grondant toujours plus fort dans les écrans des amateurs de séries de genre, une catégorie que les chaînes traditionnelles boudent depuis plusieurs années, hélas. Il existe cependant un marché pour ces trucs d’horreur, de survivalisme et d’action. Un marché jeune, allumé, lucratif et connecté sur le monde.

Visionnez la bande-annonce de Squid Game (en français)

Honnêtement, je ne pensais pas aimer Squid Game autant. J’ai a-do-ré. Cette proposition jamais vue ailleurs vous agrippe par les épaules et ne desserre pas son étreinte pendant neuf épisodes d’une heure. Et que raconte Squid Game, de la pure fiction, pour générer autant de buzz ? Allons-y simplement. Une organisation secrète recrute des gens fauchés dans les rues de Séoul pour participer à des jeux d’enfants classiques.

Le jeu du calmar en est un bien connu en Corée du Sud, vous le découvrirez dans la première séquence de la série. Si les joueurs remportent six épreuves, ils repartent avec 40 millions. S’ils perdent, ils meurent exécutés. Brutal et sauvage de même.

Dans le premier épisode, 456 hommes et femmes de tous âges, qui croulent tous sous des montagnes de dettes, nous y reviendrons plus bas, jouent à « Lumière verte, lumière rouge ». À la lumière verte, ils avancent vers la ligne d’arrivée. À la lumière rouge, ils s’immobilisent. Et si quelqu’un bouge sur une lumière rouge, Pow !, un robot tout mignon les mitraille. Le sang des victimes éclabousse alors les décors bonbon calqués sur ceux des jardins d’enfants.

Le premier épisode renferme une tonne de meurtres sanglants, soyez avertis. Ça se calme au deuxième, mais ça repart au troisième. On dirait Pulp Fiction dans une cour de récréation.

Au-delà de son aspect choc, Squid Game raconte des choses importantes sur l’état du monde actuel, sur la lutte des classes sociales, la marginalisation des pauvres et l’obsession de l’argent. Les concurrents de Squid Game risquent leur vie pour se sortir du trou financier. Dans le lot, il y a un investisseur poursuivi par le fisc, une jeune mère de famille monoparentale, un trafiquant de drogue, une réfugiée de la Corée du Nord et un joueur compulsif dont la mère a besoin de soins médicaux coûteux.

L’existence de ces parias ne vaut plus un clou. Désespérés et exclus de la société, les candidats n’ont plus rien à perdre, vraiment. Ce n’est pas subtil, mais l’image de la tirelire géante remplie de fric qui pend au-dessus de la tête des participants encapsule parfaitement la trame de Squid Game.

L’élite contre la plèbe, les pauvres qui bavent et exécutent des tours pour de l’argent, comme un chien pour sa gâterie. La pandémie a creusé davantage le fossé entre les nantis et les démunis, et Squid Game nous le remet en pleine face, dans un festival de l’hémoglobine.

Plus le « tournoi » de Squid Game avance, plus les joueurs essaient de former des alliances ou mettre en place des stratégies pour ne pas périr sur le terrain. Leurs plus bas instincts ressortent. Une fois dans l’arène, personne n’a la possibilité d’abandonner. Abandonner équivaut à se faire flinguer.

Les concurrents portent tous un uniforme de sport couleur sarcelle, tandis que les organisateurs de ces jeux barbares, qui se déroulent dans une île isolée, se cachent derrière des masques noirs et des capuches rouges. La facture visuelle de Squid Game est époustouflante, alternant entre les rues grises de Séoul et les couleurs pop vitaminées d’un jeu vidéo macabre. C’est un tour de force. Prêts pour la première ronde ?

Adieu à notre Poupou !

Quelle scène poignante dans District 31 lundi soir, rythmée par la chanson Cold Water de Damien Rice. Oui, une pièce en anglais, faut en revenir à un moment donné. Des fois, c’est en français, des fois, c’est en anglais. C’est un choix de la réalisation basé sur l’atmosphère de l’épisode. Ce n’est pas une prise de position publique contre la chanson québécoise, franchement.

Dans le bureau des enquêteurs du 31, le commandant Daniel Chiasson (Gildor Roy) a annoncé la mort de Stéphane Pouliot (Sébastien Delorme) à l’endroit même où le sympathique sergent-détective a bossé pendant cinq ans. Bruno Gagné (Michel Charette) s’est écroulé. Gabrielle Simard (Geneviève Brouillette) s’est enfermée dans son bureau pour pleurer. Difficile de ne pas verser de larme. Ce fut un grand moment de télé, vu par 1 642 000 téléspectateurs. Auditoire amplement mérité.