Comme les cristaux blancs que reniflent les stars de Hollywood (et de Montréal), la série de true crime Cocaine Cowboys – Les rois de Miami du géant Netflix provoque une dépendance instantanée.

Les six épisodes de Cocaine Cowboys, offerts en français et en anglais, vous garderont éveillés pendant six heures consécutives. Vous ne penserez plus à manger en les visionnant. Vous en parlerez pendant des heures – et vite, vite, vite – à vos amis. Et vous vivrez un dur sevrage quand le générique final défilera à l’écran.

Bon, bon. Succession de gags poudrés hyper convenus, je sais. Mais donnez-moi une chance, seigneur. Je rentre de vacances. Mon cerveau a été ramolli par trop d’heures de The Real Housewives of Potomac (quelle découverte !) et de Million Dollar Listing, édition new-yorkaise.

Honnêtement, le chapitre des Real Housewives de Potomac (une banlieue cossue de Washington) surpasse celui de New York – et de loin. La cellule de Beverly Hills demeure la plus performante grâce aux ennuis romantico-financiers de la starlette Erika Jayne, qui y joue le rôle de sa vie, celui d’une épouse tenue dans l’ignorance par son riche mari contrôlant.

Mais revenons à nos deux cowboys de la coke, soit Salvador « Sal » Magluta et Augusto « Willy » Falcon, deux amis du secondaire que le commerce de la drogue a rendus milliardaires dans les années 1980 et 1990.

Leur histoire 100 % vraie se compare à un mélange du Parrain, de Miami Vice, de Narcos et des épisodes de la défunte et ô combien captivante docusérie Cops.

Au premier épisode, on se dit, bah, voilà un autre récit classique de deux trafiquants flamboyants, surnommés Los Muchachos, qui portent des moustaches de films pornos, se remplissent les narines de sucre blanc et nagent dans les billets verts, avant que la police ne les épingle. Déjà vu, tout ça.

Cocaine Cowboys, fruit d’une recherche de plus de 15 ans du réalisateur Billy Corben, creuse beaucoup plus profondément. Oui, il y a les bacchanales dans les clubs de South Beach, mais aussi la complexe traque des barons cubains Willy et Sal, les nombreux procès qui ont suivi leur arrestation, l’argent qui achète bien des faveurs, les amis qui deviennent délateurs et une série de meurtres de témoins qui ébranlent le système judiciaire jusqu’au trognon.

C’est du très bon stock, dirait un client satisfait. Car Cocaine Cowboys, c’est également une histoire d’immigrants.

Pensez à Tony Soprano, mais dans une famille cubaine de Miami. Willy et Sal ont vu leurs parents s’éreinter dans des emplois peu payants. Eux veulent vivre le rêve américain, tout de suite, maintenant.

Après le commerce du pot, Willy et Sal, deux décrocheurs de l’école secondaire, graduent à la cocaïne grâce à une connaissance qui les branche sur les puissants cartels de Colombie. Et leur affaire explose. Willy et Sal embauchent des amis, des cousins et des beaux-frères pour importer plus de 75 tonnes de poudre.

Au début de leur « carrière », les deux narcotrafiquants ne se cachent même pas. Ils mènent des vies super publiques, participent à des courses de bateaux professionnelles et multiplient les entrevues sur les ondes du réseau ESPN (les images d’archives sont formidables).

À peu près tout le monde ferme les yeux sur les activités illicites de Willy et Sal. Parce qu’ils sont sympathiques, peu violents et généreux envers leur communauté.

L’un des personnages les plus fascinants de cette série s’appelle Marilyn Bonachea.

PHOTO FOURNIE PAR NETFLIX

Marilyn Bonachea

Elle a longtemps été l’amie de cœur de Sal, en plus de s’occuper de sa comptabilité. Ce qui arrive à Marilyn par la suite vous jettera en bas du sofa, pour reprendre une expression consacrée de piège à clics.

C’est aussi ça, Cocaine Cowboys : des revirements à répétition sur un fond de Rhythm Is Gonna Get You, de Gloria Estefan et Miami Sound Machine. Quand on détecte un peu d’eau dans le gaz, boum, ça redécolle dans une autre direction.

Il y a tellement de matière dense dans Cocaine Cowboys, de grosses briques (ha, ha !), que le réalisateur aurait pu nous égarer, notamment en raison des nombreux sauts et retours dans le temps. Mais non. C’est raconté avec précision et un souci de clarté incroyable. Un immense arbre généalogique de l’organisation criminelle, qui revient dans tous les épisodes, situe chacun des protagonistes. Et jamais on ne perd le fil narratif.

Avec ses chansons du rappeur Pitbull, une apparition des Bee Gees et des enregistrements audio d’opérations d’infiltration, Cocaine Cowboys captive et divertit sans temps mort.

Ah oui, deux participantes de The Real Housewives of Miami s’invitent également dans cette docusérie. Comme quoi, on revient toujours aux Real Housewives, même si on essaie très fort d’arrêter. C’est une autre sorte de drogue. Tout aussi toxicomanogène.