Même si je n’en mange pas tous les jours, j’adore la malbouffe. Une poutine Ashton sauce piquante extra saucisses à hot-dog (miam), un Baconator de chez Wendy’s (merci la vie), des frites croustillantes du McDo (encore), une croûte farcie de fromage industriel à la Pizza Hut (s’il vous plaît !) ou un blizzard à la Kit Kat du Dairy Queen (tellement), voilà qui me comble de bonheur et de calories vides.

Faudra courir plus de kilomètres pour éliminer tout ce gras, mais comme disaient les djeunes en 2013 : YOLO la gang. On débouchera ces petites artères-là – plutôt que du « pet nat » – avec du Drano s’il le faut.

Cet amour de la restauration rapide se transpose, hélas, dans ma consommation de télévision. Tenez, cette semaine, je suis tombé dans la série Sex/Life de Netflix comme dans un sac de Doritos 3D au ranch épicé. Comprendre : je savais que ma santé (physique et mentale) allait en souffrir, tant pis, j’ai touché le fond. Le fond du sac, bien sûr, ainsi que le fond du baril, qui n’était pas un vari-baril du PFK, malheureusement.

Sex/Life, c’est médiocre, vraiment. C’est comme un mauvais roman Harlequin, offert en français et en anglais, qui se prend trrrès au sérieux. Et pourtant, cette série sulfureuse de huit épisodes cartonne partout dans le monde avec ses scènes osées et sa musique érotico-cheapette omniprésente.

Première explication de ce succès planétaire fulgurant : de nombreux téléspectateurs et téléspectatrices vivent avec le syndrome des doigts Cheetos. En effet, personne ne veut beurrer sa belle télécommande avec de la poudre orangée ou des doigts pleins de graisse d’ailes de poulet. Alors on laisse les épisodes défiler et s’enchaîner sans réagir. Et on tombe dans le piège de Netflix, qui nous attrape avec ses productions boboches dignes de Bleu Nuit. Maudits doigts Cheetos, argh.

Deuxième hypothèse : l’effet de la pandémie, qui a été un éteignoir de vie sexuelle pour de nombreux célibataires. Maintenant que le déconfinement s’opère et que les phéromones se réactivent, Sex/Life nous rappelle le plaisir de flirter, de s’enivrer, de séduire et de passer (souvent, souvent) à l’acte.

Troisième hypothèse : la scène de nudité frontale masculine au troisième épisode a attiré une vaste clientèle qui, rendue là dans la série, a décidé de poursuivre jusqu’à la fin, tant qu’à faire. Pas de divulgâcheur ici, mais l’acteur australien Adam Demos qui se dévêt dans la douche du gym jure qu’aucune doublure n’a été utilisée pendant le tournage. Emploi d’une prothèse, peut-être ? L’enquête se poursuit, répondrait le porte-parole de n’importe quel corps policier.

Aussi, la sexualité dépeinte dans Sex/Life a été imaginée et réalisée par des femmes pour des femmes, ce qui permet d’éviter plusieurs écueils associés aux émissions dites érotiques souvent produites par des hommes pour des hommes.

PHOTO AMANDA MATLOVICH, NETFLIX

L’ex-amant de Billie Connelly, Adam Demos (Brad Simon), réapparaît dans sa vie après huit ans d’absence.

L’histoire de Sex/Life est super cucul, mégaprévisible. Voici donc Billie (Sarah Shahi), magnifique maman de deux jeunes enfants qui réussit à porter de longues robes blanches vaporeuses sans les tacher, ce qui constitue un exploit en soi, on va se le dire. Billie habite une superbe maison à Greenwich, au Connecticut, avec son mari banquier parfait, Cooper (Mike Vogel), qui a probablement été quart-arrière de l’équipe de football de son école secondaire et (ou) mannequin pour le catalogue d’Abercrombie & Fitch.

Sans surprise, Billie s’emmerde dans sa vie de beauté désespérée de banlieue chic. Elle s’ennuie surtout de son ancien amant Brad (Adam Demos), un sexy président de compagnie de disques avec qui elle a vécu une relation aussi torride que chaotique. Reste que le sexe était exceptionnel avec Brad, et Billie en voudrait encore et encore, pour citer Laurence Jalbert.

Seule dans son château, Billie consigne ses pensées sensuelles dans son journal intime (un MacBook Pro !), qu’elle laisse traîner (sans mot de passe, voyons !) sur le comptoir en marbre de la cuisine. Ce que vous allez découvrir dans les prochaines lignes ne vous jettera pas en bas de votre chaise Structube : le mari parfait, mais ennuyeux, lit tout ce que son épouse Billie a écrit et il capote un peu. Parce que le mari beige ne connaissait pas du tout le côté olé-olé de Billie, et ça l’obsède.

À grands coups de retours dans le passé, on découvre les aventures épicées de Billie et Brad dans les ruelles/ascenseurs/clubs/piscines privées de Manhattan. Ils l’ont fait partout, c’est pas mêlant.

Revirement pas du tout surprise ici : Brad réapparaît dans la vie de Billie après huit ans d’absence. Oh ! Et l’époux « drabe » développe lui aussi une obsession malsaine pour le beau Brad. Hou là là !

Vous trouvez ça quétaine ? Ça l’est. Vous vous dites que c’est trop prévisible et cliché ? Ça l’est aussi.

En fait, il n’y a aucune raison logique de regarder Sex/Life. À part les doigts Cheetos, mais que voulez-vous, ça arrive aux meilleurs d’entre nous.