Téléfilm Canada a dévoilé les grandes lignes de son plan stratégique des trois prochaines années au cours du congrès annuel de l’Association québécoise de la production médiatique (AQPM). Un plan ambitieux grâce auquel la société d’État s’engage à revoir l’ensemble de ses programmes.

En marge de son allocution, la directrice générale et cheffe de la direction de Téléfilm Canada, Julie Roy, a précisé ses objectifs à La Presse.

« Téléfilm est un investisseur, nous dit-elle. On donne de l’argent pour financer des films, des festivals, tout ça passe par des programmes. Au cours des trois prochaines années, on va revoir ces programmes pour s’assurer qu’ils sont performants, pertinents et qu’ils remplissent leurs objectifs. Est-ce qu’ils répondent tous encore à nos besoins ? On veut maximiser leur impact. »

Julie Roy évoque notamment le défunt programme d’aide à l’exportation, qui était destiné aux distributeurs étrangers souhaitant exporter des contenus canadiens, mais qui devrait être élargi au cours de la prochaine année aux distributeurs canadiens, une demande pressante du milieu.

« C’est un des premiers programmes sur lequel on va se pencher. C’est une priorité, indique Mme Roy. En juin, on veut faire un forum sur la distribution, mais dans les prochains mois, il y aura des nouvelles concrètes par rapport à ça. Entre-temps, les conversations se poursuivent avec des distributeurs comme h264 [qui se sont retrouvés en difficulté financière il y a quelques mois], mais avec d’autres boîtes aussi qui veulent exporter nos films à l’étranger. On parle de notre patrimoine. »

Modernité et pérennité

Julie Roy aimerait soumettre certains des programmes de Téléfilm à une grille d’analyse plus moderne. Mais comment mesurer le succès d’un film autrement que par les résultats du box-office ?

PHOTO MYRIAM BARIL TESSIER, FOURNIE PAR L’ASSOCIATION QUÉBÉCOISE DE LA PRODUCTION MÉDIATIQUE (AQPM)

Julie Roy, directrice générale et cheffe de la direction de Téléfilm Canada

Il y a des indices de découvrabilité, qui consistent entre autres à mesurer les réactions du public sur les réseaux sociaux. Par exemple, les partages de recommandations. Mais tout ça est très embryonnaire, on veut travailler sur ce dossier au cours des trois prochaines années.

Julie Roy, directrice générale et cheffe de la direction de Téléfilm Canada

Le renouvellement du financement de Téléfilm Canada fait aussi partie des priorités de la société d’État. Julie Roy, en poste depuis un an, se réjouit de l’investissement de 100 millions sur deux ans consenti par Patrimoine canadien, mais souhaite un financement pérenne (de 50 millions annuellement), qui fait grimper le budget annuel de l’organisme fédéral à 150 millions.

« On est très heureux et très reconnaissant, mais c’est pour une période de deux ans. Nous, on veut que ce soit un investissement annuel permanent. Sans ce financement récurrent, notre budget retombe à 100 millions », nous dit Julie Roy.

S’il y a une contribution des plateformes de diffusion en continu, comme l’envisage actuellement Patrimoine canadien, Téléfilm Canada recommande au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) – dont les travaux se poursuivent tout l’été – que 20 % des sommes perçues soient réinvesties dans la production de longs métrages. « On veut faire valoir l’importance des longs métrages dans la conversation », insiste Julie Roy.

Comment Téléfilm se prépare-t-il au possible changement de régime politique à Ottawa ?

« On doit tenir compte de cela, bien sûr, admet Julie Roy, et ce qu’on a commencé à faire, c’est de mesurer l’impact économique de notre industrie. »

On connaît l’impact social et culturel de nos activités, mais on veut chiffrer cet apport, parce qu’on sait que l’angle économique est important.

Julie Roy

Dernier axe important de ce plan stratégique : Téléfilm souhaite optimiser ses opérations internes. « On veut améliorer nos processus pour nos demandes d’aide, c’est là que l’intelligence artificielle peut un être un outil intéressant. On veut rendre l’expérience des utilisateurs plus conviviale, plus agréable, plus facile et plus rapide. »

Mme Roy a aussi l’intention de soutenir la production francophone, en particulier à l’extérieur du Québec, notamment en travaillant avec la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC). « Nous voulons soutenir la production en langue française minoritaire, mais pour y arriver, ça prend des mesures d’aide récurrentes », a-t-elle précisé.