L’action collective à l’encontre du concepteur du jeu vidéo Fortnite pourra aller de l’avant, a tranché vendredi le juge Guy Cournoyer de la Cour d’appel. Trois parents québécois de joueurs mineurs ont déposé cette demande en 2019, dénonçant la dépendance engendrée par ce jeu.

« ​​On est contents pour les membres, et on va être capables de commencer le processus de constitution de la preuve dès le mois de mai ou juin cette année », a indiqué en entrevue MJean-Philippe Caron, avocat au cabinet Calex, responsable de l’action collective.

Dans un jugement rendu vendredi, la juge Cournoyer a rejeté la demande d’appel d’Epic Games – le concepteur du jeu Fortnite – concernant l’autorisation de l’action collective à son encontre rendue par la Cour supérieure en décembre dernier.

Rappelons que les trois parents québécois reprochent à Fortnite et à Epic Games, qui a ouvert un important studio à Montréal en octobre 2018, « de créer une dépendance au jeu [comparable] à celle que peut créer l’héroïne ou la cocaïne », peut-on lire dans la décision initiale de la Cour supérieure. Les symptômes de cette dépendance sont longuement décrits et incluent « des migraines, des douleurs dorsales et cervicales, des manquements à l’hygiène de base, des troubles du sommeil ainsi que des troubles sociaux importants ».

« Plusieurs joueurs auraient développé des problèmes tels qu’ils ne mangent pas, ne se douchent pas et ne socialisent plus », ajoute-t-on.

Une action collective en deux volets

Fortnite est un jeu coopératif de tir et de survie, offert en téléchargement gratuit sur toutes les plateformes, qui permet jusqu’à 100 joueurs en ligne combattant dans une arène qui se réduit progressivement. On estime qu’en tout temps, sur la planète, entre 3 et 4 millions de joueurs s’y donnent rendez-vous. En 2021, le jeu a rapporté 5,8 milliards américains à son développeur.

L’action collective est autorisée au nom de toutes les personnes physiques domiciliées au Québec qui auraient développé une dépendance à Fortnite depuis le 1er septembre 2017.

Pour l’instant, le nombre de demandeurs est difficile à estimer, souligne MCaron.

On y ajoute tous les mineurs qui ont acheté de la monnaie virtuelle du jeu, les V-Bucks. Les trois parents et leurs avocats demandent des dommages et intérêts, ainsi que des dommages punitifs qui devront être établis, et le remboursement de tous les achats de joueurs mineurs qui se sont procuré des V-Bucks.

En décembre dernier, Epic Games s’est aussi engagé à verser 520 millions de dollars américains dans le cadre d’un accord avec la Commission fédérale du commerce, qui l’accusait de ne pas avoir suffisamment protégé les joueurs mineurs de Fortnite, selon l’Agence France-Presse.

Avec les informations de Karim Benessaieh, La Presse

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