(Québec) Les députés du gouvernement Legault siégeant au comité parlementaire qui s’est penché mercredi sur les allégations d’initiations violentes au hockey junior et dans le sport étudiant ont refusé la demande de l’opposition de prolonger le mandat pour entendre d’autres témoins.

Le député de Québec solidaire (QS), Vincent Marissal, qui était à l’origine du mandat d’initiative, avait dit mercredi qu’il souhaitait entendre d’autres témoins. Jeudi matin, lors d’une séance de la commission, les députés du gouvernement se sont opposés à une prolongation du mandat.

En mêlée de presse, la ministre responsable du Sport, Isabelle Charest, a justifié ce refus en affirmant qu’elle a désormais assez d’information pour juger s’il faut donner plus de mordant à l’Officier des plaintes, entre autres.

« Je ne pense pas que l’objectif de ce mandat était de faire ressortir les histoires. Le mandat de cette commission était de voir [si] on a les éléments en place pour améliorer les choses. Je pense que dans ce cas-là, on a pu entendre les différentes organisations », a-t-elle dit.

Vincent Marissal déplore pour sa part que la commission parlementaire n’ait pas entendu de victimes alléguées. Il affirme que certaines personnes l’ont contacté depuis quelques jours et qu’elles auraient possiblement souhaité parler aux députés.

« Les gens veulent parler. C’est la bonne nouvelle. On a ouvert quelque chose. Malheureusement, la CAQ referme cette possibilité d’aller plus loin. Des gens étaient prêts à parler et ils vont parler d’une façon ou d’une autre », a-t-il dit.

« On a entendu [mercredi] cinq témoins. On a beaucoup plus de questions qu’on a de réponses. Je pensais qu’on s’était entendu avec la CAQ pour commencer le travail, pas le bâcler. Malheureusement, c’est ça qu’on fait », a conclu le député de Rosemont.

La LHJMQ promet un « code du vestiaire »

En commission parlementaire, mercredi, le commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), Gilles Courteau, a promis de déposer d’ici 2023-2024 un « code du vestiaire », soit un outil supplémentaire pour préserver l’intégrité des joueurs. Il a également assuré que les équipes de sa ligue n’étaient pas visées par les allégations d’initiations violentes énumérées dans un récent jugement.

« Cela ne nous exonère pas d’une réflexion. Nous ne sommes pas au-dessus des autres ligues. Il existe dans notre sport une culture qui peut être nocive. C’est beaucoup plus agréable d’être joueur de la LHJMQ aujourd’hui que ce ne pouvait l’être il y a 20 ans. Mon souhait le plus grand est que ça soit plus agréable dans 20 ans. […] Pour que le changement soit réel, il faut que la parole se libère », a dit M. Courteau.

Le directeur général de Hockey Québec, Jocelyn Thibault, a pour sa part souligné qu’il faut faire plus d’éducation et mieux sensibiliser les joueurs et les équipes. Son organisation, a-t-il ajouté, a aussi des limites concernant ses pouvoirs et ses ressources.

Le 3 février dernier, un juge de la Cour supérieure de l’Ontario a rejeté une demande d’action collective qui avait été déposée par trois plaignants au nom des 15 000 joueurs ayant évolué depuis 50 ans dans l’une des équipes de la Ligue junior de l’Ouest (WHL), de la Ligue junior de l’Ontario (OHL) ou de la LHJMQ. Le juge a refusé de recevoir l’action collective pour des raisons techniques, mais il n’a pas remis en doute la véracité des témoignages. On y décrit entre autres des actes liés à des joueurs mineurs qui font état de bâtons insérés dans l’anus, de mutilation génitale et de victimes humiliées en étant aspergées d’urine ou d’excréments.

Face à cette demande d’action collective contre les ligues, la Ligue canadienne de hockey (LCH) a chargé l’ex-joueur Sheldon Kennedy, l’ex-politicien Camille Thériault et l’ex-entraîneuse Danièle Sauvageau d’évaluer la situation. Dans un sondage réalisé par les trois experts auprès de 259 joueurs qui ont joué au hockey junior en 2020, 10 % des répondants se sont dits victimes d’intimidation ou de harcèlement, alors que 26 % des joueurs ont répondu avoir été témoins de cas d’intimidation ou de harcèlement.