Quand Shepson Noirot a quitté la Guyane française pour le Québec, il prévoyait seulement y étudier en génie mécanique à Polytechnique Montréal. Toutefois, le jeune homme venu du Sud est tombé amoureux de l’hiver québécois et de sa population. Si bien qu’il veut désormais y bâtir sa vie.

Enfant et adolescent, Noirot était fasciné par les avions et rêvait de les piloter. « J’ai eu l’occasion de faire mon baptême de l’air et de suivre des cours d’aviation, explique-t-il. J’ai alors compris que c’était une passion et non mon futur métier. »

Très manuel et cherchant à comprendre le fonctionnement des mécanismes, il a senti une curiosité envers le génie prendre forme. « J’avais deux premiers choix pour mon programme d’études : le génie aérospatial ou le génie mécanique. J’ai été accepté seulement en mécanique, mais j’ai vite senti que je voulais travailler là-dedans et je ne voulais plus aller en aérospatiale. »

« Les plus belles années à Montréal »

Ayant grandi dans le département français situé en Amérique du Sud, le Guyanais de 24 ans a longtemps cru qu’il ferait ses études supérieures en France. Les choses ont changé quand son père a renoué avec leur famille au Canada. « Le jour où ma tante est venue nous visiter et que nous l’avons visitée à Montréal, l’idée d’étudier au Québec est devenue une option dans ma tête », explique-t-il.

Quelques mois après avoir commencé ses études à Poly, l’idée de vivre au Québec a émergé. « C’était un monde nouveau, j’ai aimé ça et je me suis vu vivre ici. » Il faut dire que son parcours scolaire a influencé sa perspective.

« J’ai vécu les plus belles années de toute ma scolarité à Montréal ! »

Et ce, malgré les embûches. « Ça demande une rigueur et beaucoup de travail. En plus, la COVID-19 a chamboulé nos façons de faire. Reste que ç’a été des années où j’ai appris à m’adapter énormément. »

S’il a apprivoisé la société québécoise avec une relative facilité, il confie qu’il a parfois eu du mal à créer des liens humains profonds.

Je n’avais pas de difficulté à intégrer des groupes d’amis québécois, mais à rentrer dans le cercle de proches des gens, puisque je ne suis pas une personne qui a fait son secondaire ici ni le cégep.

Shepson Noirot

Fervent du froid

Alors que plusieurs Québécois rêvent de fuir l’hiver, Shepson Noirot a eu un coup de cœur pour le temps. « On n’a pas l’habitude de voir de la neige en Guyane, alors la première neige était extraordinaire. J’étais émerveillé ! »

Il a tout de même fait des efforts pour apprécier. « Le premier hiver, j’ai acheté des patins pour apprendre. J’ai aussi appris à faire du ski. Toutes ces activités d’hiver m’ont aidé à apprécier l’hiver québécois. »

Cela dit, son envie de construire ses fondations au Québec a été motivée par la langue française et... le système d’assurance maladie. « C’est similaire à celui de la France. On ne s’en rend pas compte quand on naît avec ça et que c’est un acquis, mais ce n’est pas un droit pour tout le monde. C’est stressant de vivre sans RAMQ. Si quelque chose arrive, on doit être en mesure de payer. »

Ayant terminé ses études en décembre 2023, il cherche un emploi en gestion de projet, avec une préférence pour le domaine de la construction. « J’aimais beaucoup étudier les différents systèmes mécaniques d’un bâtiment, alors je voudrais y faire ma place à court terme. Dans le futur, je rêve de fonder une entreprise ici et de gérer mes projets. »