Depuis qu’elle dirige la PME familiale avec son frère, Stéphanie Poitras a entrepris de brancher et d’automatiser l’usine des Aliments Asta, dont elle est la directrice générale. À la tête d’une équipe de 500 employés qui transforme près d’un million de porcs par année, puis exporte le tout dans 35 pays, la femme d’affaires trouve aussi le temps de redonner à la communauté.

Le virage 4.0 n’est pas une vue de l’esprit pour Stéphanie Poitras et son frère Kevin. Ensemble, les deux propriétaires-repreneurs de la PME, fondée par leur père Jacques au début des années 1980, investissent depuis quelques années dans la transformation numérique de l’entreprise familiale de Saint-Alexandre-de-Kamouraska.

Depuis deux ans, les bureaux, la partie « étable » par où transitent les porcs vivants, diverses sections de l’abattoir, la salle de coupe et les réfrigérateurs ont fait l’objet (ou le font actuellement) de travaux d’agrandissement et d’optimisation.

De nouvelles technologies (notamment davantage d’automatisation à plusieurs étapes de l’abattage et en découpe) y ont été implantées. Les investissements se chiffrent en millions, explique la femme d’affaires de 41 ans. Bref, la PME mène plusieurs projets de front.

PHOTO FOURNIE PAR ALIMENTS ASTA

La PME transforme près d’un million de porcs par année, puis exporte le tout dans 35 pays. 

« On profite de toutes nos améliorations pour changer notre ERP [progiciel de gestion intégrée] afin de mieux connecter tous les départements, explique Stéphanie Poitras, mère de deux jeunes enfants. On veut que tout le monde puisse voir et savoir, en temps réel, ce qui passe dans l’usine. »

Pour cette titulaire d’un MBA en management de l’Université Laval, Aliments Asta doit s’améliorer à tous égards. « La concurrence est mondiale, affirme-t-elle. Tout le monde se modernise. Il faut être prêt. On a des hauts et des bas, mais il faut demeurer compétitif, tout en améliorant les conditions de nos travailleurs. »

La main-d’œuvre demeurant un enjeu de tous les instants, l’entreprise se félicite d’avoir su attirer dans le Bas-Saint-Laurent pas moins de 100 travailleurs étrangers venus des Philippines, de Maurice et de Madagascar. « Cette nouvelle main-d’œuvre nous permet de respirer et de mieux entrevoir l’avenir », indique Stéphanie Poitras.

A-t-elle des histoires, voire des anecdotes à raconter en lien avec son statut de femme d’affaires ?

PHOTO FOURNIE PAR LES ALIMENTS ASTA

Stéphanie Poitras, directrice générale des Aliments Asta

On m’a testée à différents moments. Mais ayant un père entrepreneur qui, depuis que je suis petite, m’a toujours amenée avec lui quand il gérait des affaires, je n’ai jamais vraiment senti un plafond de verre au-dessus de ma tête.

Stéphanie Poitras, directrice générale, Aliments Asta

De directrice générale à lieutenant-colonel

Dans un souci de parité – et cela plaît beaucoup à Mme Poitras –, plusieurs organisations cherchent actuellement des administratrices pour occuper un siège à leur conseil d’administration. L’entrepreneure a donc été sollicitée, notamment par les Forces armées canadiennes, avec qui elle collabore désormais.

« J’ai été nommée, dit-elle, lieutenant-colonel honoraire chez les Fusiliers du Saint-Laurent pour aider à faire le pont entre gens d’affaires et militaires. C’est un rôle que j’ai accepté avec joie. Je crois que Monique Leroux et Louis Vachon ont également occupé de telles fonctions. »

Stéphanie Poitras siège à quelques autres C.A. régionaux, mais aussi nationaux, dont celui du Conseil des viandes du Canada, où sa connaissance de l’anglais est mise à contribution dans ses fonctions de secrétaire.

D’ailleurs, parlant de bilinguisme, c’est parce qu’elle voulait rendre service à sa communauté et s’assurer que ses enfants maîtriseraient bien la langue de Shakespeare que la femme d’affaires a ouvert, à Rivière-du-Loup, une franchise de l’école primaire trilingue Vision.

Mme Poitras était sélectionnée aux Prix Femmes d’affaires du Québec, dans la catégorie « Engagée dans son milieu ».

Le conseil de Stéphanie Poitras

« Il faut croire en soi et réaliser ses rêves sans se créer d’obstacles. Souvent, on crée ses propres barrières. Il ne faut pas craindre d’être différente, car c’est cette différence qui fait que notre gestion est unique. Je dirais aussi de bien s’entourer, personnellement et professionnellement. Il faut s’entourer de gens qui nous propulsent et nous donnent de l’énergie, et non l’inverse. Finalement, s’impliquer dans sa communauté, pour le réseautage, mais aussi pour redonner aux autres. »