La Mère Poule a été rescapée par ses poussins, en quelque sorte.

La marque de purées pour bébés, détenue par Olymel, vient d’être rachetée par la jeune pousse Belov, pour sa part spécialisée dans les repas texturés pour nourrissons.

C’est un juste et étonnant retour des choses. Quand Laurie Gauthier et Stéphanie Rochon ont mitonné Belov, en 2022, elles avaient reçu les conseils et les encouragements d’Anick Lamothe, qui avait fondé La Mère Poule avec sa mère, Renée Dulude, en 1994.

« Anick nous avait aidées dans nos deux ans de démarrage, à nous donner des conseils, à nous dire comment elle avait fait ça, relate Laurie Gauthier. C’est incroyable de voir à quel point, même si ça faisait presque 30 ans, tous ses conseils étaient encore tellement pertinents, tellement vrais, tellement utiles. »

Anick Lamothe avait été forcée de vendre La Mère Poule à la fin des années 1990 lorsque sa mère était tombée malade. Olymel en était devenu propriétaire en juin 2018 avec l’acquisition d’Aliments Triomphe.

Au printemps dernier, Laurie Gautier et Stéphanie Rochon ont eu vent que La Mère Poule battait de l’aile. Dans un effort de réorganisation, le géant agroalimentaire avait fermé en avril son usine de Blainville, où les purées étaient produites.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

De gauche a droite Anick Lamothe, Renée Dulude, Laurie Gauthier (avec sa fille Laura McCann, 10 mois) et Stéphanie Rochon.

« Ça faisait un moment qu’ils essayaient de retrouver des repreneurs pour La Mère Poule, indique Laurie Gauthier. Ça a été un gros challenge pour eux, parce que le marché des aliments pour bébé est très niché, et ce n’est pas tout le monde qui s’y intéresse. »

Les deux propriétaires de Belov auraient pu voir dans cette disparition la chance de gruger des parts de marché. Au contraire.

« On s’est dit : on n’a pas le choix. Même si c’est tôt dans notre parcours entrepreneurial et que ça ne fait même pas un an qu’on est sur les tablettes, c’est nous qui devons reprendre le flambeau de cette marque-là, parce qu’on ne peut pas la laisser s’éteindre. »

Fondée sur du solide

En effet, les repas et céréales texturés Belov n’étaient apparus dans les commerces qu’au début d’octobre 2022.

« C’est vraiment mon rôle de maman qui m’a amenée à avoir l’idée des repas texturés, raconte Stéphanie Rochon. J’étais en congé de maternité, ma cocotte commençait les aliments complémentaires solides, donc pas en purée. J’ai fait le constat qu’à l’épicerie, il n’y avait rien qui était sain, nutritif pour les bébés, texturé » (la virgule est importante).

Il s’agit d’aliments réduits en fins morceaux « pour contribuer au développement des habiletés orales motrices des tout-petits, vers 9 mois ».

Stéphanie a soulevé le problème auprès de Laurie, qui réunissait les qualifications de meilleure amie et d’excellente cuisinière.

« Je voulais qu’elle m’aide à faire des repas texturés pour ma fille » – la cocotte précitée.

Elles ont commencé à ruminer l’idée de fonder une entreprise. Deux ans de recherches et de travail préparatoire leur ont permis de se faire les dents.

« On a créé des recettes, reprend Laurie. On a fait nos tests avec plusieurs parents et bébés qui ont participé à goûter les prototypes pour nous donner leurs commentaires. »

Les observations des premiers et les gazouillis des seconds ont permis aux entrepreneures de perfectionner leurs produits, « accompagnées par plein de spécialistes qui entourent la pédiatrie ».

Les deux mamans sont les seules employées permanentes de Belov. « On a une grande équipe périphérique autour de nous, ça fait toute la différence », souligne Stéphanie Rochon.

Les repas texturés de Belov sont fabriqués en sous-traitance par « des partenaires qui ont été rigoureusement choisis parce qu’on est dans la catégorie des aliments pour bébé, informe sa partenaire. Ce sont tous des fabricants du Québec ».

Ils ont rapidement trouvé une place dans les grandes chaînes d’épiceries et de pharmacies.

Ils y côtoyaient les produits de La Mère Poule, qui se sont bientôt faits de plus en plus rares.

La transaction

Leurs contacts dans l’industrie leur ont confirmé que la marque était à vendre et leur ont donné un numéro de téléphone chez Olymel.

« On a appelé à ce numéro, et on a dit : on est intéressées à reprendre La Mère Poule. »

Un appel bien accueilli.

« Pour Olymel, c’est vraiment important de trouver des repreneurs, poursuit Laurie. C’est tellement une marque qui est appréciée. Toute l’équipe de marketing nous disait qu’ils n’avaient jamais vu des consommateurs aussi attachés à une marque. »

Les discussions se sont conclues au début de l’automne. Belov acquiert la marque de commerce et les recettes.

Les deux entrepreneures ont trouvé un fabricant sous-traitant à Lévis, pas tout à fait voisin de leur siège social de Mirabel.

« Tous les efforts sont déployés pour relancer la production et avoir des produits le plus rapidement possible sur les tablettes. On vise le début de décembre, informe Laurie Gauthier. Les consommateurs ne seront pas troublés, ça va être les mêmes emballages, la même image de marque, la même Mère Poule qu’avant. »

L’annonce faite à Anick

Laurie Gauthier a annoncé l’acquisition à Anick Lamothe par courriel, le 19 septembre dernier.

La réponse n’a pas tardé.

« Ohhhhh ! Laurie quel beau plaisir vous me faites, j’ai des petites larmes aux yeux ! Je suis tellement contente que vous repreniez l’entreprise, elle sera entre bonnes mains. […] Félicitations à vous deux. Anick »

PHOTO FOURNIE PAR NATIONEX

Nationex a fait l’acquisition de 41 camionnettes électriques BrightDrop (une filiale créée par GM en 2021), qui s’ajoutent au parc que possédait déjà la firme de livraison exclusivement électrique Courant Plus, acquise en septembre dernier.

Dix zones de livraison 100 % électrique au Québec

Des colis électrifiés automatiquement. Pas pour empêcher qu’on y touche – rien à voir avec les clôtures électrifiées –, mais parce qu’ils seront livrés par des véhicules électriques, partout dans l’île de Montréal. C’est ce qu’offre depuis le 26 octobre Nationex, un poids lourd de la livraison de colis au Québec. « Un commerçant faisant affaire avec Nationex verra ses colis électrifiés automatiquement s’il s’agit d’une livraison à domicile dans une zone éligible », précise son communiqué. Il s’agit de la première étape du déploiement de 10 zones de livraison 100 % électrique au Québec. La livraison électrifiée sera rapidement étendue à Laval et à une partie de la Rive-Sud. Avant la fin de novembre et l’inéluctable échéance du Vendredi fou, elle couvrira 10 villes et agglomérations québécoises, dont Québec, Gatineau/Ottawa, Sherbrooke, Trois-Rivières, Saint-Hyacinthe et Saguenay. Nationex a fait l’acquisition de 41 camionnettes électriques BrightDrop (une filiale créée par GM en 2021), qui s’ajoutent au parc que possédait déjà la firme de livraison exclusivement électrique Courant Plus, acquise en septembre dernier. Elle veut ainsi offrir la livraison électrique à près des deux tiers des Québécois avant que les guirlandes de Noël ne se branchent elles aussi sur le réseau.

Une entrepreneure en herbe trouve chaussure à son pied

C’est ce qu’on appelle mettre le pied dans l’entrepreneuriat. Le réseau de détaillants indépendants Chaussures Pop compte quelque 80 magasins au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick, mais demeure peu connu à Montréal. La récente acquisition de la succursale de Châteauguay par Hélène Harvey, suivie de son agrandissement (la succursale), nous offre l’occasion d’en dire un mot. Ancienne employée, Hélène Harvey avait manifesté son intérêt pour cette franchise du réseau fondé en 1985 par le groupe Côté-Reco. Quelques semaines après la prise de possession des lieux, elle a lancé des travaux d’agrandissement qui ont presque doublé la superficie du magasin, la portant à 1800 pi⁠2. L’évènement a été célébré le 18 octobre dernier. C’est la première aventure entrepreneuriale pour cette grand-mère d’une fillette de 3 ans. Bref, une pointure.