Hausse des taux d’intérêt, baisse généralisée des actifs et du pouvoir d’achat, inflation, incertitudes géopolitiques : les finances personnelles des ménages québécois ont été mises à rude épreuve au cours de la dernière année. Et pour certains, c’est loin d’être terminé. Trois planificateurs financiers présentent les gestes qu’ils ont faits ces derniers mois pour guider, voire rassurer leurs clients.

Miser sur le « relationnel » a été la stratégie adoptée par Francis Paquette, planificateur financier et spécialiste en investissement responsable à la Caisse d’économie solidaire Desjardins.

« Le premier rôle du planificateur financier est d’écouter et ensuite de rassurer en recommandant certaines stratégies financières. Dans bien des cas, les plans financiers de mes clients fonctionnaient toujours et des ajustements très mineurs ont été requis. Les gens qui sont bien accompagnés pour la gestion de leurs finances et qui ont un plan établi s’en tirent beaucoup mieux en période difficile. »

Lorsque les rendements virent au rouge, rappelle M. Paquette, il peut également être sage de réviser son profil d’investisseur.

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Francis Paquette, planificateur financier et spécialiste en investissement responsable à la Caisse d’économie solidaire Desjardins

C’est un moment parfait pour s’assurer que les placements sont adéquatement positionnés. C’est une chose de dire qu’on est prêt à tolérer une baisse de 15 % de ses placements et une autre de le vivre pour vrai. Si les profils ne sont pas adéquats, un plan peut être établi pour le modifier graduellement.

Francis Paquette, planificateur financier à la Caisse d’économie solidaire Desjardins

Pour les prochains mois, dit-il, les planificateurs financiers peuvent recommander à leurs clients qui sont plus « serrés » de refaire leur budget pour mieux contrôler les dépenses pour ensuite « travailler à optimiser l’allocation de leurs épargnes ».

Tous y ont goûté

Peu importe l’âge, tout le monde a subi les contrecoups de la baisse significative des actifs traditionnels, estime William Laberge-Cloutier, planificateur financier, courtier hypothécaire et associé au cabinet Ta Planif, en Estrie.

« La principale crainte des clients retraités ou en approche de la retraite venait de l’inflation élevée et des effets sur leur plan de retraite. Ils ont dû s’ajuster. Pour les clients plus jeunes, on parle plus de gestion budgétaire. Encore en ce moment, les plus jeunes doivent effectuer une bonne planification de leur budget à cause de l’inflation et des taux d’intérêt élevés », dit-il.

Dans ces moments d’instabilité, les planificateurs financiers ont été sollicités comme jamais, reconnaît M. Laberge-Cloutier. Révision du plan de retraite, du budget, mise en place d’outils de gestion et rencontres pour aider les épargnants à gérer leurs émotions ont fait partie du quotidien de ce planificateur financier de Granby.

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William Laberge-Cloutier, planificateur financier, courtier hypothécaire et associé au cabinet Ta Planif, en Estrie

Dans mes rencontres avec mes clients, on a même réalisé des scénarios catastrophes avec, entre autres, une inflation plus élevée, des rendements plus bas, tout en démontrant aux clients que leur plan tient sur le long terme.

William Laberge-Cloutier, planificateur financier, courtier hypothécaire et associé au cabinet Ta Planif

D’ailleurs, tient-il à rappeler, ces scénarios complémentaires sont basés sur les normes d’hypothèses de projections mises à jour annuellement par l’Institut québécois de la planification financière (IQPF).

Michaël Roy, planificateur financier et conseiller à Gestion de Patrimoine Assante, de Saint-Hyacinthe, retient que ce sont surtout les retraités qui ont souffert. « Leur portefeuille a mangé une claque, illustre-t-il. C’était un mauvais moment pour décaisser. »

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Michaël Roy, planificateur financier et conseiller à Gestion de Patrimoine Assante

« Plusieurs de mes clients plus jeunes ne m’ont même pas appelé, explique M. Roy. Certains ont continué à contribuer à leur patrimoine. Mais pour les retraités, ça a été une mauvaise année. Leur portefeuille a pu demeurer positif grâce aux actions. Ce sont les obligations qui les ont tirés vers le bas. Des obligations qui ont perdu autant de valeur, il faut remonter à 1994 pour voir cela. »

Sa stratégie quand on traverse des turbulences : éviter les décaissements dans la mesure du possible et comprendre que l’économie est cyclique. Donc, qu’il y aura retour du balancier.

« Oui, des rendements de -10 % et -15 %, c’est difficile, mais quand on respecte son plan financier, on réduit son insécurité. Personne parmi mes clients n’a connu d’histoire d’horreur l’an passé. Mes clients se sont sentis accompagnés. L’accompagnement et l’éducation financière sont les clés quand ça va moins bien. »