Toute jeune, Giverny Robert a voulu comprendre comment on fabriquait les produits pour la peau et les cosmétiques. Sa quête l’a menée à étudier le génie des procédés en France, avant de lui faire traverser l’Atlantique pour devenir candidate au doctorat à l’Université de Sherbrooke.

Entre les deux, une expérience sur le marché du travail ne l’a pas totalement satisfaite. « J’avais l’impression qu’on me demandait de faire quelque chose de très logique qui ne me stimulait pas assez intellectuellement, se souvient-elle. La théorie me manquait, alors j’ai voulu faire un doctorat. » Instinctivement, elle a eu envie de poursuivre sa route à l’étranger. « Si j’étais retournée à l’université en France, j’aurais eu le sentiment de faire un pas en arrière. »

Arrivée au Québec en janvier 2020, elle a relevé le défi de quitter sa famille, ses amis, son pays et sa culture. « Au début, on idéalise tellement. Et une fois sur place, on est rattrapé par la nostalgie de ce qu’on a quitté. »

Trois mois plus tard, la pandémie a décuplé la solitude déjà très présente en recherche doctorale. « À la base, je peux passer trois semaines sans parler à mon directeur, parce que je n’ai rien à lui montrer. Avec la COVID-19, il n’y avait plus de pauses avec les collègues ni de sorties sociales. »

Elle raconte avoir été sensibilisée aux risques de tout consacrer au travail. « Je comprends comment ça peut mener certaines personnes au burn-out. Heureusement, je ne me suis pas rendue là. »

Giverny Robert a néanmoins goûté au stress des études de troisième cycle et au syndrome de l’imposteur. « Il y a tant à faire qu’on en vient à se demander pour qui on se prend de penser ceci ou cela, alors que des gens plus expérimentés nous entourent. »

Une formation transformatrice

Depuis trois ans, toutes ses énergies sont dévouées à améliorer l’analyse en temps réel d’une ligne de fabrication. « Je cherche à créer des modèles pour analyser n’importe quelle caractéristique du produit qui m’intéresse. Je travaille à l’amélioration de la calibration et au transfert entre différents instruments. »

Comme elle s’épanouit particulièrement dans le monde universitaire, elle vient de poser sa candidature pour la bourse Claire-Deschênes : une initiative de l’Université de Sherbrooke afin de recruter des professeures et d’atteindre une meilleure équité dans le corps professoral.

PHOTO JESSICA GARNEAU, LA TRIBUNE

Giverny Robert

Les gagnantes bénéficieront de deux années financées pour faire un postdoctorat, en plus de se faire promettre un poste de professeure. C’est énorme !

Giverny Robert, candidate au doctorat

Cette possibilité l’a aidée à dessiner le chemin qu’elle souhaite prendre. « Avant, je n’aurais pas dit que j’étais passionnée par ce que je faisais, mais je savais que j’avais encore besoin d’apprendre, de grandir et d’évoluer personnellement. »

À six mois de la fin, elle se dit transformée. « J’ai développé ma persévérance et mon autonomie. On est souvent seul pour trouver des solutions et pour maintenir notre engagement dans la recherche. Personne ne va nous prendre la main pour nous dire quoi faire. »

À court terme, elle souhaite commencer son postdoctorat, avant de devenir professeure à Sherbrooke. « J’aime beaucoup la ville et je me sens super bien à l’université. Surtout quand on pense à ce qu’elle veut obtenir en termes d’équité, d’inclusion et de diversité. »