L’innovation
Un appareil de comptoir transformant l’eau, par un courant électrique, en un aérosol désinfectant qui peut doubler la durée de conservation des fruits et légumes.
Qui ?
C’est l’incubateur montréalais TandemLaunch qui a repéré un procédé de désinfection basé sur le « plasma à basse température », mis au point par des chercheurs universitaires aux États-Unis, et en a acquis les droits. En septembre 2022, on a embauché la scientifique Sarah Sadouni, spécialiste en physique des plasmas et en ingénierie mécanique formée à l’Université Toulouse III Paul Sabatier, en France. Philippe Hébert, bachelier en génie électrique de l’École de technologie supérieure (ETS), a quant à lui été recruté en mai 2023. Les deux ont peaufiné le procédé jusqu’à obtenir un prototype viable, en novembre dernier, mois où une troisième partenaire, Sellam Perinban, les a rejoints. Les précommandes ont alors commencé pour ce produit qui a valu à Viridox le « Nice Award » dans la catégorie Innovation au CES 2024 à Las Vegas.
Le produit
D’emblée, Philippe Hébert tient à définir la raison d’être du « PAMI-Spray », son produit vedette, qui est que « 33 % de la nourriture est gaspillée dans le monde. On a voulu faire quelque chose contre ça ».
Le principe de base est très simple, même si sa réalisation est complexe. Il s’agit d’un appareil transformant l’eau qu’on y verse, par un procédé électrique complexe, en un liquide aux propriétés désinfectantes remarquables, capable d’éliminer jusqu’à 99,99 % des bactéries, virus et moisissures.
Cette eau dite « activée », dont la composition moléculaire a été modifiée par l’ajout d’un atome d’oxygène, est vaporisée sur des fruits et légumes, ce qui double leur temps de conservation. L’appareil, de la taille d’un moulin à café, fonctionne à piles ou branché à un adaptateur USB. L’eau ainsi traitée garde son efficacité pendant un mois.
« Des framboises qui seraient moisies en deux jours sur le comptoir peuvent durer quatre, cinq jours, explique Philippe Hébert. Les résultats de nos tests sont clairs : ça fonctionne. »
Le PAMI-Spray est actuellement en prévente sur le site de Viridox au prix de 171 $ US (230 $ CAN). Les premières unités commerciales seront livrées à la fin de 2024.
Les défis
Si le principe scientifique derrière le PAMI-Spray est relativement facile à comprendre, son application dans un petit appareil haut de moins de 20 cm a été tout un défi, précise M. Hébert.
« Ce principe est utilisé dans d’autres domaines, mais, avec Viridox, c’est une combinaison de plusieurs petites choses qui font l’innovation, comme trouver le bon dosage de l’eau “activée”. »
Apprivoiser la technologie, la tester, la transférer d’un laboratoire à un produit commercialement viable a demandé un travail intensif de prototypage, ajoute-t-il.
Il faut également s’assurer que l’appareil lui-même soit durable, évidemment, puisque Viridox s’est donné une mission de protection de l’environnement. « Si notre philosophie est d’être verts, il faut être conséquents. »
L’avenir
Si les préventes sont suffisantes, « de quelques milliers d’unités », affirme M. Hébert sans s’avancer, le PAMI-Spray sera sur le marché d’ici moins d’un an.
La technologie à l’œuvre dans le PAMI-Spray est d’abord destinée au simple consommateur, « responsable de 47 % du gaspillage alimentaire », mais rien n’empêche ensuite d’offrir l’appareil ou des versions adaptées aux restaurants, supermarchés, bref à toute l’industrie agroalimentaire. Et l’intérêt est là, affirme M. Hébert. « Beaucoup d’entreprises veulent participer à un projet-pilote. »