Rares sont les femmes qui dirigent des bureaux d’architectes. C’est pourtant dans le très masculin milieu du camionnage que Lidia Minicucci, présidente de la firme Minicucci architecte, a obtenu des mandats pour la conception de deux centres de transbordement.

Pour une entreprise ontarienne, de surcroît.

Speedy Transport vient de lancer la construction de ses deux nouveaux centres, à Vaudreuil-Dorion et à Saint-Augustin-de-Desmaures, dans la région de Québec.

IMAGE FOURNIE PAR MINICUCCI ARCHITECTE

Illustration du centre de transbordement de Vaudreuil-Dorion, conçu par Minicucci architecte pour Speedy Transport

L’investissement s’élève à 65 millions de dollars. Les deux édifices, de même facture, montrent une longue façade toute de verre, derrière laquelle s’étire l’entrepôt bordé de deux quais de transbordement. De chaque côté, 20 portes s’ouvrent.

« C’est un de mes plus gros projets ! », se réjouit Lidia Miniccuci, dont le bureau fête cette année son 20e anniversaire.

Les pelletées de terre inaugurales des travaux ont été soulevées le 17 mai à Saint-Augustin-de-Desmaures et le lendemain à Vaudreuil-Dorion.

PHOTO FOURNIE PAR SPEEDY TRANSPORT

Pelletée de terre inaugurale des travaux au centre de transbordement de Vaudreuil-Dorion, le 18 mai. Au centre, Lidia Minicucci.

Lidia Minicucci y était.

« J’étais la seule femme, commente-t-elle. Il y avait d’autres femmes sur les lieux, mais elles ne sont pas dans le domaine de l’architecture ou de la construction. »

La photo, en effet, la montre isolée au milieu de neuf hommes.

« Aujourd’hui, je veux monter à un niveau encore plus haut pour obtenir de plus gros projets, affirme résolument l’architecte. Et je trouve que c’est difficile. Est-ce que c’est parce que je suis une femme ? Je ne sais pas, peut-être. C’est encore un boys club, vous savez ? »

Je connais beaucoup d’entrepreneurs, je suis connue dans le métier. Mais moi, je ne me fais pas inviter à aller à la pêche avec les gars, je ne me fais pas inviter en Floride pour jouer une partie de golf avec les gars, parce que je suis une femme. Ça, c’est encore vrai aujourd’hui.

Lidia Minicucci, présidente de la firme Minicucci architecte

Elle affronte ce vent contraire depuis l’ouverture de son bureau, en 2003.

Personne !

À ses débuts dans le métier, l’architecte a travaillé pendant une quinzaine d’années pour de grandes firmes montréalaises au sein desquelles elle a réalisé des projets pour d’importants clients. Sa fibre entrepreneuriale, toutefois, vibrait de plus en plus et elle rêvait de devenir partenaire.

« Il ne se passait rien, alors je me suis dit : c’est maintenant ou jamais. Je me suis lancée en affaires à 40 ans. »

Elle a avisé les clients avec lesquels elle travaillait qu’elle ouvrait sa propre firme d’architecture.

« Ils m’ont dit : “Ah ! Lidia, c’est fantastique, félicitations ! On va te suivre, on va venir avec toi.” C’était de gros clients commerciaux, mais personne n’est venu. »

Il lui a fallu des mois avant de décrocher ses premiers mandats.

« J’avais un grand sens de l’écoute, relate-t-elle. Les clients m’expliquaient leurs problèmes et leurs enjeux. Je leur disais : je vais régler votre problème, et je vais faire quelque chose d’intéressant pour vous. Ça a commencé comme ça, et j’ai bâti une clientèle. »

Elle a diversifié sa pratique dans le design de bureaux, a tâté l’architecture résidentielle, a conçu des restaurants, notamment la nouvelle image architecturale de la chaîne Barbies, dont elle a réalisé cinq établissements.

« On allait d’un restaurant à l’autre, mais j’ai trouvé ça de moins en moins stimulant pour notre équipe. On n’aime pas le copier-coller, on aime innover chaque fois. »

Les projets ont grossi. En 2019, parmi d’autres mandats importants, elle a livré une tour de six étages pour les nouveaux bureaux de BMO Groupe financier à Laval.

Son bureau compte maintenant dix personnes. « Je suis vraiment une chef d’orchestre, je laisse faire mes musiciens, décrit-elle. J’aime laisser les jeunes s’exprimer, créer de leur côté, parce que je me souviens que lorsque j’étais à leur place, j’aimais ça que mes patrons me laissent montrer ce que j’étais capable de faire. »

Elle a obtenu le mandat de Speedy Transport par l’intermédiaire d’un gestionnaire de projets de Toronto avec lequel elle avait travaillé pour un projet de clinique médicale. Il lui a demandé si elle avait de l’expérience dans les centres de transport routier. Justement, un de ses employés avait travaillé dans le passé sur ce genre de projet.

« Ils nous ont rencontrés et ils ont tout de suite eu confiance en nous. On a eu deux mandats à faire en même temps. »

Elle ignorait tout du transport routier. « Je me suis mise à me promener, j’ai visité quelques bâtiments de quais de transbordement et les deux bras m’en sont tombés. Je trouvais ça pitoyable. Je me suis dit : ce n’est pas vrai, il faut améliorer les conditions de travail de ces gens-là. »

Ce fut le mantra du projet. Sur chaque côté des édifices de Vaudreuil et de Québec, une bande vitrée traverse l’entrepôt, comme une longue imposte au-dessus de l’alignement des portes, qui laissera généreusement pénétrer la lumière du jour.

La section administrative de l’édifice, largement fenestrée, accueillera un café et un salon.

« Ça a l’air banal, commente l’architecte, mais dans le contexte dans lequel ces gens-là doivent travailler, on ne retrouve pas ça souvent. »

Les concepteurs ont même prévu une paroi intérieure réservée aux graffitis, sur laquelle les jeunes travailleurs pourront s’exprimer.

Le client, qui cherchait à se démarquer, est ravi. Lidia Minicucci est elle aussi gonflée à bloc.

« Ça m’a redonné une énergie : “Lidia, ne lâche pas ! On est prêts, ce n’est pas la retraite, tu fais de gros projets, va en chercher des plus gros”. Et c’est ce que je vais faire. »

Sans-Façon se faufile chez Jean Coutu

PHOTO TIRÉE DU SITE DE SANS-FAÇON

Sans-Façon vient de se faufiler sans gêne sur les tablettes de 19 pharmacies Jean Coutu.

De toutes les façons, Sans-Façon réussit à percer. La marque de cosmétiques de Québec vient de se faufiler sans gêne sur les tablettes de 19 pharmacies Jean Coutu, une manière d’exploit pour une toute jeune entreprise d’à peine deux ans d’existence. « Après de nombreuses discussions, le Groupe Metro s’est montré ouvert et a décidé de faire confiance à la marque. C’est une opportunité d’expansion en or pour Sans-Façon ! », a commenté sa fondatrice Andréanne Marquis, dans un communiqué.

Fondée en 2021 à Québec après deux ans de recherche et développement, Sans-Façon propose une gamme simplifiée de cosmétiques et produits pour la peau. Tous sont véganes, fabriqués au Canada et non testés sur les animaux. L’entreprise a récemment lancé une huile à cheveux, premier élément d’une nouvelle série de produits capillaires.

D’abord offerte en ligne, la marque avait fait son apparition en 2022 dans 33 établissements Familiprix. En 2015, l’entrepreneure Andréanne Marquis avait déjà fondé Womance, boutique en ligne de vêtements et d’accessoires pour femmes.

Quand le cannabis lévite

PHOTO TIRÉE DU SITE D’ONO CANNABIS

Après six ans de recherches, Ono Cannabis vient de mettre sur le marché québécois ses premiers produits de cannabis, élaborés en culture aéroponique.

Ono Cannabis a flambé 25 millions de dollars, heureusement avec succès. Après six ans de recherches, l’entreprise de Lévis vient de mettre sur le marché québécois ses premiers produits de cannabis, élaborés en culture aéroponique. L’Ontario suivra en juillet prochain. Ono Cannabis vient d’achever la phase 1 de son plan de développement. Ses installations comportent neuf salles de culture indépendantes, chacune soutenant six cycles de croissance annuels. Au terme de la phase 2, elle prévoit atteindre une production annuelle de 12 à 15 tonnes de cannabis dans des installations de 40 000 pi⁠2 (3700 m⁠2).

Culture aéroponique ? D’une manière qui semble en phase avec les effets du produit, la plante est en quelque sorte en lévitation, ses racines libres en suspension dans l’air, alors qu’une douce brumisation nutritive lui apporte le bien-être essentiel à sa croissance personnelle. L’aéroponie réduit les risques de parasites, de maladies, et permet des taux de croissance plus rapides avec un moindre impact sur l’environnement, soutient l’entreprise.

Fondée par cinq entrepreneurs de la région de Québec, Ono Cannabis compte présentement une trentaine d’employés.

Norbec investit en Ontario

Norbec n’a pas froid aux yeux. Le fabricant québécois de chambres froides préfabriquées et de panneaux métalliques isolants ne craint pas d’investir 45 millions dans une nouvelle usine de production à Strathroy, en Ontario. Norbec veut ainsi soutenir sa croissance sur le marché de la construction, tant au Québec qu’en Ontario et dans le Midwest américain. La nouvelle usine s’ajoutera à celles de Boucherville et de Québec.

Le projet créera quelque 70 emplois, ce qui portera à plus de 400 employés le contingent de l’entreprise québécoise, fondée en 1982. « La pelletée de terre qui soulignera le début du projet se déroulera le 6 juin 2023 », nous informe l’entreprise, dans une formulation qui soulève plus d’interrogations que de terre.

0,02 $

Le taux moyen de cotisation du Fonds de la santé et de la sécurité du travail (FSST) pour l’année 2024 est en baisse de 0,02 $ par rapport à 2023. À 1,48 $ du 100 $ de masse salariale, il s’agit du taux moyen le plus bas depuis 1985. « Cela fera du bien au porte-monnaie des PME du Québec », s’est réjouie la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).