L’innovation : proposer des ateliers destinés à la consolidation de l’esprit d’équipe en plongeant les participants dans la réalité virtuelle, où ils doivent résoudre des problèmes.

Qui ?

En 2018, Nicolas Roy, un touche-à-tout comédien qui détient une certification en coaching et travaille en santé mentale, acquiert à Sherbrooke une franchise de MontVR, une chaîne qui offre des arcades de réalité virtuelle. Lui et son partenaire Mathieu Nuth, diplômé en génie civil et enseignant à l’Université de Sherbrooke, reçoivent alors des propositions d’entreprises pour créer des formations utilisant la réalité virtuelle. Ils fondent cette année-là Immersia Studio.

« On nous confondait avec des boîtes de production, dit M. Roy, directeur artistique d’Immersia Studio. On a fait quelques expériences. »

En plein confinement au printemps 2020, les deux hommes décident de lancer leur propre aventure basée sur l’utilisation de la réalité virtuelle pour les entreprises. Avec l’aide de professionnels et de développeurs, on conçoit un jeu dont la mécanique est spécifiquement axée sur le développement et la consolidation d’esprit d’équipe. La première expérience est proposée à l’automne 2021, une vingtaine de groupes y ont goûté depuis. L’équipe d’Immersia Studio compte six personnes.

Le produit

Fin octobre, sur un bateau amarré dans le Vieux-Port de Montréal, La Presse a pu assister à l’atelier offert à neuf employés et cadres de Leprohon, entreprise de Sherbrooke spécialisée en chauffage et climatisation. Chaque participant est isolé dans une cabine avec un casque de réalité virtuelle sur la tête, tandis que Nicolas Roy agit comme maître de jeu, « le créateur de chaos », comme il le résume. Tout le monde se retrouve virtuellement dans un jeu, avec un avatar construit autour de sa propre photo, pour une expédition de groupe qui vire mal et où la clé est la collaboration et la prise de décision rapide, en trois épisodes.

Le jeu est de bon calibre, avec des décors synthétiques sur fond d’images réelles. Les participants de ce groupe très sympathique crient, cafouillent, rient, lancent des idées, se font rabrouer ou féliciter, et apprennent les commandes de base pour se déplacer et saisir des objets en réalité virtuelle. Ils reviennent autour de la table pour faire le bilan de l’aventure, et identifient avec beaucoup de lucidité les forces et les faiblesses de l’équipe. Les séances durent de deux heures à une demi-journée, avec la possibilité d’ateliers plus poussés lors d’une deuxième journée.

Le coût d’une telle séance : 2500 $. « Là, on a un jeu à maturité, dit Nicolas Roy. Il y a eu beaucoup de réflexion en amont, beaucoup d’ajustements pour trouver la bonne façon de faire l’expérience et de vivre ce voyage-là. »

Les défis

Concevoir un tel jeu à partir de rien, sans expérience en programmation de jeux vidéo de réalité virtuelle, a été tout un défi. Après les premiers essais, il a fallu revenir à la planche à dessin. « On était plus ou moins satisfaits, raconte M. Roy. On a eu besoin d’aide à un moment, on est allés chercher un ancien d’Ubisoft qui nous a aidés à nous structurer. »

Les défis techniques de concevoir une expérience de réalité virtuelle plaisante, instructive, qui ne donne pas la nausée et qui peut gérer jusqu’à 20 participants à la fois ont été immenses.

Y croire avant même les premiers clients demande également une bonne dose de confiance en soi, ou d’inconscience. « On ne connaît pas l’avenir, on plonge, on pense qu’on a une bonne intuition et qu’on va offrir quelque chose qui peut répondre à un besoin. On a eu de la chance. »

L’avenir

Sans dévoiler le récit proposé par Immersia, son cofondateur veut lui ajouter des épisodes, notamment une suite dans la jungle pour découvrir un temple perdu. On vise 2023.

« Notre ambition, c’est de créer une planète Terre virtuelle, on veut avoir différentes destinations, trois ou quatre expériences à terme dans différents lieux avec des thématiques bien ciblées », explique M. Roy.

Après la consolidation d’équipe, on pourrait également varier les compétences à améliorer, comme la capacité à montrer de la reconnaissance. « On commence à voir ce qui ressort plus, mais ça reste embryonnaire. »