Acheter des produits de la ferme et de producteurs agricoles de façon totalement autonome est désormais possible grâce à la vente en libre-service, un concept qui fait de plus en plus d’adeptes dans de petites municipalités.

L’idée est simple. Le client se rend au kiosque ou à la boutique. Sans l’aide d’un employé, il choisit les produits qu’il désire, calcule le total de ses achats et paie à l’aide d’un terminal permettant les transactions débit ou crédit, grâce à un pot de monnaie laissé sur le comptoir ou par virement bancaire.

Le libre-service commence tranquillement à s’implanter en Estrie, où l’on trouve plusieurs producteurs qui ont adopté ce type de commerce nouveau genre en raison de sa simplicité et du fait qu’il ne requiert pas de main-d’œuvre.

  • La boutique en libre-service de Flavora, ouverte tous les jours de 9 h à 20 h, permet de payer par débit, crédit ou avec un pot de monnaie.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    La boutique en libre-service de Flavora, ouverte tous les jours de 9 h à 20 h, permet de payer par débit, crédit ou avec un pot de monnaie.

  • Les yogourts au lait de brebis de Flavora

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    Les yogourts au lait de brebis de Flavora

  • Les gelatos au lait de brebis de Flavora

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    Les gelatos au lait de brebis de Flavora

  • La boutique en libre-service de Flavora est située à Compton.

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    La boutique en libre-service de Flavora est située à Compton.

  • Annie Viens, copropriétaire de Flavora

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    Annie Viens, copropriétaire de Flavora

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C’est notamment le cas d’Annie Viens et de Maxim Paré, copropriétaires de Flavora, à Compton, qui fabrique depuis 2019 des yogourts et gelatos au lait de brebis. C’est au Vermont, où l’on vend des œufs dans de petits réfrigérateurs en bord de route, mais aussi chez certains producteurs maraîchers des environs, qu’ils ont trouvé l’idée pouvant répondre à leurs besoins. « On voulait faire de la vente directe, mais on n’avait pas les moyens d’avoir quelqu’un à temps plein », explique Annie Viens, qui y enregistre 10 % de ses ventes, alors que la proportion était de 30-40 % au plus fort de la pandémie.

Même son de cloche à la Fromagerie les Broussailles, de Martinville, où l’on pratique la vente en libre-service de fromages de lait de chèvre et de brebis depuis juin dernier. Inspirés eux aussi par leurs voisins, Julie Labrecque et Jean-François Clerson ont opté pour le libre-service alors qu’ils déménageaient leur fromagerie. « Avec la relocalisation, on était souvent au nouveau site. On a donc mis les fromages sur le balcon, dans un frigo, et un pot avec de l’argent et toutes les explications sur comment faire un virement Interac, parce qu’on n’avait pas la disponibilité pour être là. Ça nous a permis de voir que ça fonctionnait », se souvient Julie Labrecque, qui a prolongé l’expérience dans son nouvel emplacement avec une boutique.

  • À la Fromagerie les Broussailles, une calculatrice est à la disposition des clients qui veulent faire le total de leurs achats. Ensuite, ils peuvent payer par débit ou en argent comptant dans le pot de monnaie à leur disposition.

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    À la Fromagerie les Broussailles, une calculatrice est à la disposition des clients qui veulent faire le total de leurs achats. Ensuite, ils peuvent payer par débit ou en argent comptant dans le pot de monnaie à leur disposition.

  • Julie Labrecque et Jean-François Clerson, propriétaires de la Fromagerie les Broussailles, à Martinville

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    Julie Labrecque et Jean-François Clerson, propriétaires de la Fromagerie les Broussailles, à Martinville

  • La fromagerie fabrique des fromages de lait de chèvre et de brebis, mais aussi du miel.

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    La fromagerie fabrique des fromages de lait de chèvre et de brebis, mais aussi du miel.

  • La petite boutique des Broussailles est accessible tous les jours de 9 h à 17 h.

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    La petite boutique des Broussailles est accessible tous les jours de 9 h à 17 h.

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À Racine, la boutique sans employé Sojà d’ici, qui a pignon sur rue, fait le bonheur des amateurs de soja. Servant de vitrine aux produits de l’entreprise et à ceux d’autres producteurs de la région, mais aussi de laboratoire de recherche et développement pour les nouvelles créations, elle n’aurait pu être rentable avec le salaire d’un employé à payer, puisque les revenus y sont marginaux par rapport à ce que rapporte la distribution en épicerie.

« Les gens aiment la boutique parce qu’ils ont la paix ! On a le système Square avec des caméras. Les gens peuvent nous appeler s’il y a un problème. On peut faire de l’assistance », explique le copropriétaire Jason Charland. Très satisfait de son concept qui permet de programmer l’ouverture des portes à 7 h du matin sans intervention humaine, il avoue toutefois que la technologie est plus complexe pour une clientèle d’un certain âge, « mais on a la chance d’avoir la madame du bureau de poste à côté qui peut les aider ».

Confiance et honnêteté

  • La boutique Sojà d’ici a pignon sur rue à Racine.

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    La boutique Sojà d’ici a pignon sur rue à Racine.

  • Sojà d’ici commercialise des blocs de soja, mais aussi différents produits à base de soja.

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    Sojà d’ici commercialise des blocs de soja, mais aussi différents produits à base de soja.

  • Sojà d’ici sert également de vitrine à différents produits locaux.

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    Sojà d’ici sert également de vitrine à différents produits locaux.

  • Esther Junkersdorf et Jason Charland, propriétaires de Sojà d’ici

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    Esther Junkersdorf et Jason Charland, propriétaires de Sojà d’ici

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Les habitants des grandes villes pourront être étonnés de constater qu’un tel système, misant sur l’honnêteté et l’esprit de communauté, peut fonctionner. « Les gens sont tellement honnêtes. Parfois, je revois des clients au marché qui me disent : “Il me manquait 0,50 $ l’autre jour.” Et ils me le redonnent », s’amuse Annie Viens.

Aux Broussailles, on part aussi du principe que les gens qui veulent se procurer des produits du genre sont foncièrement honnêtes. De plus, le couple est souvent dans la fromagerie et la porte est fermée à clé en fin de journée.

Exportable dans les grandes villes ?

À l’heure où la pénurie de main-d’œuvre sévit, est-ce que le libre-service pourrait être viable dans des villes comme Montréal ? Si certains évoquent l’idée de casiers qui s’ouvrent lorsqu’on y dépose de l’argent ou l’insertion d’une carte de crédit permettant d’entrer dans le commerce, d’autres estiment qu’un employé affecté à la production sur les lieux pourrait régler la question. « Dans une boulangerie, le boulanger est en train de faire son pain. Il pourrait y avoir un comptoir en libre-service où les gens prennent leur baguette, paient et s’en vont », pense Julie Labrecque, des Broussailles.

JoAnne Labrecque, professeure honoraire à HEC Montréal, croit plutôt que le concept serait difficilement exportable dans les grands centres. « Dans les petites régions, c’est peut-être plus réaliste. Ce sont des gens qui connaissent le producteur, habitent à proximité. Et ça passe dans les valeurs sociales de ne pas avoir de service au comptoir-caisse. »