En deux jours, l’affaire était dans le sac.

Les six jeunes entrepreneurs, étudiants par ailleurs, avaient trouvé une idée, conçu le produit, lancé la production et fait des ventes sur le site web créé au même moment.

Il s’agissait justement d’un sac réutilisable, fabriqué à partir de chandails et t-shirts orphelins.

L’équipe d’Écozac — la marque qu’ils ont créée lors de la même fin de semaine — participait au Défi48, qui consiste à lancer une entreprise rentable en moins de 48 heures avec un capital de 1 $.

Plus de 300 participants ont concouru dans les qualifications tenues dans huit villes.

« Notre but, c’était vraiment d’apprendre », explique Élisabeth Viau, cofondatrice d’Écozac et étudiante à la maîtrise à HEC Montréal.

Elle a rallié à l’idée quelques confrères et connaissances, hétéroclite regroupement de collégiens et d’étudiants dont l’élément commun était un intérêt pour l’entrepreneuriat.

La qualification régionale à laquelle ils se sont inscrits, celle de Laval, se tenait les 6 et 7 août derniers. Le règlement autorisait une première concertation dès le vendredi. Le soir même, ils ont tenu une visioconférence pour établir leur stratégie.

« Ç’a quand même été une épreuve de s’entendre à six membres, confie Élisabeth Viau. On a réalisé que finalement, chacune de nos idées avait un peu un thème commun qui était l’écologie. »

Pour être de commerce équitable, nommons les cinq autres coéquipiers : Caleb Miller, Mathieu Morin-Lamy, Ophélie Mayol, Patrick Nassar, Raphaël Sauteur.

Leur eurêka commun est survenu vers 21 h. Ils fabriqueraient des sacs réutilisables avec des vêtements usagés.

Il fallait de la matière première. Le copain et coloc d’Elisabeth, Caleb Miller, faisait partie de l’équipe. « C’est sûr qu’il avait de vieux chandails. »

Il en a fait le sacrifice. « Ça fait partie de notre mission, défend-elle. C’étaient des chandails qu’il ne voulait plus. Ça faisait longtemps qu’ils traînaient. »

Il fallait des moyens de production : une machine à coudre. « On est allés demander à des amis, ils nous l’ont prêtée avec plaisir. »

Il fallait des employés qualifiés. « Mon copain ne savait pas coudre du tout, mais on l’a mis sur la machine à coudre. »

Élisabeth et Caleb se sont installés sur le balcon de leur appartement et ont lancé sur-le-champ la production. « On avait les ciseaux dans les chandails autour de 10 h le soir », relate l’entrepreneure.

Deux jours (et une nuit) intenses

Le lendemain matin, début officiel de la compétition, la petite équipe a déménagé son usine — « la machine à coudre, nos poches de chandails » — à l’hôtel de Laval où se déroulaient les qualifications régionales.

Les responsabilités ont été partagées. Élisabeth et Caleb avaient la charge du design et de la production. Deux autres équipiers se sont attaqués à l’image de marque et au logo. Le troisième duo s’est lancé dans l’étude du marché et de la concurrence.

Leur chaîne d’approvisionnement s’est mise en place : ils ont fait le ménage de leurs penderies et ont couru les friperies de la ville.

Le travail s’est poursuivi dans la nuit de samedi à dimanche « à construire notre site web, à fabriquer plus de sacs, à bâtir notre image de marque ». Le service de publicité a été instauré à l’instant où Élisabeth a photographié les échantillons, au cœur de la nuit.

La journée de dimanche a été consacrée aux canaux de distribution. « On a vendu beaucoup de sacs à travers notre site web », rapporte la jeune entrepreneure, qui rappelle que tout s’est joué en 48 heures. « On a tout donné, on n’a pas beaucoup dormi. »

Mais avec leurs sacs-chandails, ils ont gagné la première manche.

La finale

La finale, qui réunissait les gagnants des huit qualifications régionales, s’est tenue du 18 au 20 août à Mont-Tremblant. Deux membres de l’équipe originale ne pouvant s’y rendre, William Dupont et Ouchylon Suong ont pris leur place.

« Il fallait prouver que notre entreprise était rentable, qu’une croissance était possible, qu’on allait pouvoir être pérenne, et expliquer ce qu’on voulait faire pour le futur », décrit Elisabeth.

Sans doute ont-ils été convaincants : ils ont enfilé une deuxième manche victorieuse.

La fine équipe a remporté le premier prix d’une valeur de 10 000 $ en argent et en conseils d’experts : notaire, comptable…

L’aventure ne s’est pas terminée avec ces lauriers.

« On continue à fond là-dessus, assure Élisabeth Viau. On veut vraiment poursuivre ça pour en apprendre plus, puis pour passer à la prochaine étape, qui serait de développer de nouveaux produits, de nouveaux marchés, mais toujours avec la même mission d’économie circulaire. »

Ils ont déjà prouvé qu’ils avaient plus d’un tour dans leur sac.

PHOTO FOURNIE PAR VROODEN

Une production en cours chez Vrooden

Vrooden change de grain

Le petit brasseur industriel délaisse l’orge et le houblon pour se consacrer au riz. En effet, le foisonnement des microbrasseries québécoises a fait souffler un grain sur l’entreprise qui, sous la tempête, abandonne la bière pour se consacrer aux boissons asiatiques. Il était sans doute logique que cette transition orientale ait été communiquée par La Voix de l’Est, le 24 août dernier. Un des deux copropriétaires, Carol Duplain, a annoncé que Vrooden se consacrerait exclusivement à la fabrication du makgeolli, un vin de riz coréen, et s’attaquerait sous peu à la production de saké.

« On va être le troisième joueur au Canada à faire des sakés et on est les seuls à faire du makgeolli. J’aime mieux me battre avec trois personnes au Canada qu’avec 450 brasseurs [de bières] au Québec », a-t-il confié au quotidien de Granby. L’entreprise fabriquait également une bière sans alcool très appréciée des bièrophiles sobres. Vrooden a été fondée en 2016 par Hervé Gagnon et Carol Duplain sur la base des expérimentations de ce dernier, qui s’était inspiré des complexes méthodes brassicoles allemandes. La microbrasserie avait lancé son makgeolli en juin 2021.

PHOTO FOURNIE PAR MONGRAIN

Karl Mongrain, président de Mongrain depuis 1995, veut étendre les activités de l’entreprise familiale dans l’ouest du pays.

Mongrain pousse en Colombie-Britannique

Mongrain, spécialiste québécois de la protection de l’enveloppe des bâtiments, commence à couvrir l’ouest du pays. Le premier germe de cette croissance a consisté en une entente de coentreprise à parts égales avec Cascade Roofing de Chilliwack, près de Vancouver, survenue plus tôt en 2022, mais annoncée le 23 août dernier. Son président, Karl Mongrain, entend poursuivre sur la voie de l’expansion dans l’Ouest en multipliant les coentreprises, les filiales et les acquisitions.

Aux commandes depuis 1995, Karl Mongrain représente la troisième génération au sein de l’entreprise familiale, dont la graine a été semée en 1955. Outre son siège social de Mirabel, Mongrain, qui compte une centaine d’employés, dispose désormais de bureaux à Vancouver et Ottawa. L’enveloppe consacrée à la transaction n’a pas été dévoilée.

Forteresses numériques pour PME

De nouvelles murailles numériques s’élèvent. La jeune firme québécoise Cyberdefense.ai a lancé le 25 août sa plateforme Cyberwall.ai, qui rend accessible aux PME une solution antipiratage sophistiquée. Cyberwall.ai est la première plateforme canadienne de cybersécurité applicative (qui protège les applications web) assistée par l’intelligence artificielle, fait valoir l’entreprise. Cette plateforme héberge dans une forteresse nuagique les précieux systèmes des PME et les met à l’abri des flibustiers et autres wisigoths de l’internet.

Une fois le pont-levis relevé, la sécurité des applications web de ces entreprises est entièrement gérée et alimentée par l’intelligence artificielle. Le lancement s’est fait dans les bureaux de VARS, la division de Raymond Chabot Grant Thornton vouée à la sécurité de l’information, qui a annoncé le même jour l’acquisition de la firme montréalaise Mercues Innovations.

« Elle s’intègre dans VARS comme sa filiale de la gouvernance des données », a expliqué Guillaume Caron, président de VARS, lors d’un entretien téléphonique. Outre sa dizaine d’employés, VARS ajoute ainsi à son arsenal une solution complète, incluant des outils technologiques et un responsable virtuel de la protection des renseignements personnels, pour aider les entreprises à se conformer aux exigences de la loi 25.

Celle-ci impose la mise en place d’un programme de gouvernance des données complet d’ici septembre 2023. « Les PME n’ont pas beaucoup de choix lorsque vient le temps de sélectionner des solutions et n’ont pas des budgets énormes, mais ont quand même un grand besoin d’être protégées », a commenté Guillaume Caron.

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La grappe canadienne SCALE AI a annoncé que 12 nouveaux projets d’intelligence artificielle seront soutenus par un tour de financement de 50 millions. Le projet DAL-IA (Intelligence artificielle pour la gestion, l’approvisionnement et la logistique) de la firme montréalaise Logibec est l’un de ceux-là. Il veut s’attaquer aux ruptures de stock dans les hôpitaux grâce à une meilleure prévision de la consommation de plus de 50 000 produits essentiels.