Tant de temps passé dans les parcs, pendant la pandémie, a fait germer une idée dans la tête de la designer Marie-Eve Bourassa. Pourquoi ne pas y semer des graines baptisées Bloom ? Un lieu de culture, permanent ou ambulant, pouvant accueillir les œuvres d’artistes, en ces temps où les lieux de diffusion manquent ?

Première matérialisation de sa réflexion : des arches en aluminium de plusieurs pieds de haut, de large et de long qui se transforment au gré des désirs et inspirations des artistes ou encore des villes, institutions et entreprises qui les accueillent.

« L’idée est de reproduire une galerie d’art extérieure, explique la fondatrice de Bloom. D’offrir un contenu clés en main. De m’associer à des organismes culturels qui ont du contenu pour le diffuser. » Le produit est durable pour des expositions, réflexions artistiques, scientifiques et autres œuvres éphémères.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Marie-Eve Bourassa, fondatrice de Bloom

Je veux mettre l’art sur le chemin des passants. Ça peut être par de l’affichage ou juste une touche de couleur dans le paysage. Je veux créer un geste artistique qui devienne un repère culturel pour le citoyen. Je veux créer de la beauté dans un quartier, un petit musée de quartier.

Marie-Eve Bourassa, fondatrice de Bloom

Il a fallu jusqu’en janvier 2021 pour avoir un produit travaillé et pour présenter un premier rendu 3D à des clients potentiels. « Il fallait créer le produit le plus polyvalent possible, dit Marie-Eve Bourassa. Ce n’est pas du mobilier urbain, pas un produit d’art public nécessairement. Plutôt un modulaire, adaptable, qu’on peut installer dans une rue piétonne, sur la terrasse d’une entreprise. »

La découpe de l’arche est néanmoins personnalisable par rapport au lieu d’installation. Le client peut choisir son motif, sa couleur. La location de trois arches pour trois mois coûte 20 000 $.

Au départ, la designer et entrepreneure imaginait des arches fixées en permanence. Son premier projet est toutefois né grâce à la location, et non l’achat, de trois arches par la Ville de Deux-Montagnes. « J’étais boquée, car mon produit est durable et solide ! admet-elle. Finalement, ce n’est pas bête d’avoir un stock en location pour couvrir les frais de fonctionnement. »

Environ 75 000 $ ont été investis pour arriver au modelage de cette première exposition. L’organisme Evol a contribué à faire fleurir le projet Bloom en accordant un prêt de 20 000 $ et une subvention de 27 500 $.

Une autre exposition à Montréal, en hiver, a suivi. Et là, les arches se font voir dans des expositions itinérantes, à Gatineau notamment, puis à Chicoutimi et à Rouyn-Noranda. « Un autre projet s’en vient à l’automne, affirme Marie-Eve Bourassa. Permanent, avec un d’enseignement, sur son terrain. Je ne peux en dire plus… »

PHOTO ANNIE-CLAUDE BEDARD FOURNIE PAR BLOOM

Arches de Bloom lors d’une exposition à Montréal

Plusieurs autres idées se sont confirmées. Une approche en 2020 peut toutefois se matérialiser de nombreux mois plus tard, explique la designer. « Je suis en discussion avec plusieurs autres villes, affirme-t-elle. Beaucoup sont en planification budgétaire. En ce moment, je fais des soumissions pour des projets en 2023. »

Depuis ce départ en 2021, Marie-Eve Bourassa use de stratégie et de patience. « Les entrepreneurs immobiliers sont ma prochaine cible, dit-elle. Il y a aussi des villes, comme Laval, qui sont en transformation. On développe de nouveaux quartiers. Il faut intégrer l’art dans ces endroits ! Et quand il n’y a pas de contenu, ça crée une zone d’ombre. Le produit vient donc combler différents besoins. »