Lire en temps réel des informations cruciales comme la température de l’air, le niveau d’humidité, la consommation d’eau, de moulée, la concentration de gaz et le poids des animaux en production grâce à des capteurs installés sur des fermes d’élevage de volaille.

C’est ce que permet Compass, une technologie développée par l’entreprise québécoise Intelia. L’objectif : permettre une meilleure gestion, de la production de la ferme à l’usine d’abattage, en passant par le meunier qui fournit la nourriture aux animaux. Le géant américain Cargill, après en avoir fait l’essai, a même conclu un partenariat avec la PME établie à Joliette.

Qui

Intelia a été fondée par Dominic Désy et Claude Bouchard en 1999. Mais ce n’est qu’en 2016 qu’ils ont pris le virage « intelligence artificielle agricole ». Forts de leur expérience en électronique, le domaine de l’agriculture les faisait « vibrer », raconte M. Désy en entrevue.

PHOTO CAROLINE FOREST, FOURNIE PAR INTELIA

Dominic Désy, président et chef de la direction d’Intelia

« Il y a six ans, l’expression “intelligence artificielle” n’était pas l’expression le plus à la mode, et encore moins dans le domaine agricole », ajoute celui qui agit également à titre de président et chef de la direction d’Intelia. La PME compte maintenant une trentaine d’employés.

« Nous voulions bâtir une entreprise importante, et comme boîte de service, c’est très difficile de se démarquer des autres, et c’est extrêmement difficile d’avoir un avantage concurrentiel de calibre mondial. »

« Quand tu bâtis ton catalogue de produits dans un secteur très niché comme celui de l’élevage, là, je dirais que c’est le génie québécois à son meilleur, affirme-t-il. Ce qui nous permettra de conquérir le monde. Rien de moins. »

Le produit

PHOTO FOURNIE PAR INTELIA

Des capteurs intelligents d’Intelia

La technologie d’Intelia, grâce à sa plateforme et à l’intelligence artificielle, permet de recueillir des données d’élevage sur la ferme pour « optimiser » la production et avoir davantage de prévisibilité. « Ce qu’on fait concrètement, c’est que l’on recueille en temps réel un paquet d’informations qui viennent de capteurs intelligents, explique M. Désy. On pousse ces données-là dans le nuage et, avec l’intelligence artificielle, on les analyse. Ensuite, on va, par exemple, détecter des anomalies et prédire l’avenir. »

Qui peut en bénéficier ? D’abord le producteur lui-même, qui pourra déceler ou prévenir des problèmes avec son troupeau. « Le meunier aussi, parce qu’on prédit le poids des animaux à venir, relève également Dominic Désy. Quand je suis un meunier, si je connais cette information, je suis capable de calculer la quantité de moulée que je dois produire, donc je suis capable de rendre mes activités plus efficientes. »

Les prédictions sur le poids peuvent également faciliter la planification dans les usines d’abattage. « Si elles savent ce qui s’en vient — quand l’animal a atteint la grosseur requise —, elles sont capables de déterminer à quel moment elles vont abattre les animaux qui se trouvent dans un bâtiment donné. »

Par ailleurs, le choix de miser sur des productions de volailles n’est pas un hasard. « C’est une production importante. Elle est en pleine croissance au niveau international. »

Les frais de base pour l’installation de cette technologie se situent entre 3000 $ et 6000 $ par bâtiment de production. L’utilisateur doit ensuite verser une mensualité variant entre 50 $ et 100 $. Intelia assure une supervision 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.

L’avenir

Dominic Désy ne cache pas ses ambitions. Il veut conquérir les marchés asiatique et européen. Pour le moment, la plupart de ses clients sont aux États-Unis. Intelia a même signé une entente de commercialisation avec Cargill, un géant de l’industrie agroalimentaire, qui produit et distribue notamment des céréales destinées à nourrir les animaux.

« Ils ont testé pendant plus d’un an notre système dans des fermes d’élevage qu’ils possèdent au Mexique. Et après un an, la conclusion était qu’il y avait un avantage à utiliser cette technologie-là. Ce qui a débouché sur la signature d’un partenariat avec eux. Ils sont venus confirmer la supériorité de notre technologie. »

Cette conclusion donne confiance à Dominic Désy, qui veut tenter le coup ailleurs dans le monde. « Notre défi des mois à venir, c’est d’attaquer une croissance vers l’Europe et l’Asie, tout en restant actifs au Canada et aux États-Unis. »