Qui ?

Zhen Chen, Peter Chen (non, ils ne sont pas frères !) et Frédéric Blaise, cofondateurs d’une plateforme numérique au service des personnes ayant des douleurs musculosquelettiques, qui assure un transfert adéquat vers un physiothérapeute grâce à l’intelligence artificielle (IA). « Peter et moi sommes allés au secondaire, au cégep et à l’université ensemble », raconte Zhen Chen, directeur général. Ils ont rencontré Frédéric Blaise dans le cadre du programme d’accélérateur X-1 du Centre Dobson sur l’entrepreneurship de McGill, alors qu’il était mentor.

Peter Chen a des douleurs aux genoux ; Frédéric, des douleurs chroniques au dos. Et Zhen ? Il est physiothérapeute de formation. « Environ 200 millions de Nord-Américains vivent avec des douleurs musculosquelettiques, dit ce dernier. Ces personnes cherchent une solution efficace. Dans le système actuel, parce qu’ils ne sont pas en danger de mort, on ne traite pas dans l’urgence, mais de telles douleurs peuvent limiter la vie au quotidien. »

Le produit

Parce que chaque douleur serait unique, le trio a développé la plateforme Paperminds, un système d’intelligence artificielle qui peut comprendre ce que les gens vivent, analyser un problème et y aller d’un référencement personnalisé. « Avec l’IA, on est capable de décrypter ce que les gens ressentent, de détecter l’émotion qui se cache derrière l’histoire de la douleur, affirme Frédéric Blaise, chef de la stratégie. Souvent, les gens qui consultent veulent parler de leur douleur, exprimer ce qu’ils ressentent, mais on ne leur donne pas de temps, car les professionnels sont débordés. Or, la technologie les écoute. »

PHOTO FOURNIE PAR PAPERMINDS

Plateforme numérique Paperminds

Le client de Paperminds peut même communiquer verbalement avec la plateforme. « Il est en conversation avec notre intelligence artificielle, décrit Frédéric Blaise. Il est pris en charge par notre assistante virtuelle Ella, qui engage une conversation avec lui pour détecter comment il se sent. Toutes ses émotions sont captées et permettent de trouver un professionnel qui aura un plan de guérison adapté. L’information récoltée est transférée pour que le physiothérapeute soit mieux préparé. Et on poursuit l’accompagnement après les rencontres. »

Les cofondateurs estiment parallèlement que les physiothérapeutes peuvent ainsi gérer mieux leur horaire, éviter l’épuisement et avoir une pratique plus rentable. « On ne possède personne, dit Frédéric Blaise. Mais on offre aux professionnels un écosystème complet pour opérer l’ensemble de leur pratique sur Paperminds. C’est clés en main. »

L’innovation

L’intelligence artificielle ajoute une couche inédite à la relation patient-physiothérapeute. « La demande pour les services en physiothérapie est en croissance exponentielle, car la population vieillit et les jeunes veulent prévenir des maux, explique Frédéric Blaise. Paperminds réorganise la façon avec laquelle le patient va entrer en relation avec son physiothérapeute et préparer son plan de traitement jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de douleur. »

Notre plateforme permet de mesurer les résultats, de donner de la rétroaction au physiothérapeute. Si une personne ne peut t’aider, une autre avec une approche différente le pourra.

Zhen Chen, cofondateur de Paperminds

Paperminds est présentement en phase de tests avec quelques physiothérapeutes et patients dans une clinique « expérientielle ». « Il y a plusieurs techniques en IA qui permettent d’opérer avec beaucoup moins d’informations qu’avant, dit Peter Chen, chef des technologies. Les physiothérapeutes injectent leur expérience clinique dans la plateforme. C’est un processus en continu. On a déjà assez de données pour entraîner notre premier modèle d’IA. »

Paperminds retient 20 % des transactions des physiothérapeutes recommandés par la plateforme. « On ne fait pas de diagnostic, précise Frédéric Blaise. On cueille l’information, on la traite, on l’amène de manière digérée avec un regard clinique vers le physio. »

L’avenir

Les cofondateurs espèrent lancer la version grand public de la plateforme à l’automne. Jusqu’à présent, près de 100 000 $ ont été injectés dans sa création. Paperminds s’en va en ronde de financement pour assurer le déploiement plus largement du service, éventuellement en Amérique de Nord. « Comme Toronto est plus que dans les cartons, on a besoin de ressources additionnelles, dit Frédéric Blaise. Néanmoins, notre but est d’offrir rapidement le service aux gens partout au Québec. »

« La pandémie a permis aux physiothérapeutes d’innover en virtuel, poursuit Zhen Chen. Certains ne font que du virtuel maintenant. Les physios peuvent ainsi traiter dans les régions éloignées. »

D’ici un an, le trio souhaite que Paperminds compte 60 physiothérapeutes dans le Grand Montréal et entre 10 000 et 15 000 clients. « On commence par les physios, car j’en suis un, indique Zhen Chen. Mais on voit notre technologie s’appliquer dans des domaines connexes. »