Des espadrilles dépareillées arborant des œuvres de jeunes artistes, le tout fabriqué avec du cuir… de pomme.

L’innovation

Voilà le concept créé par l’entreprise québécoise Scoloco, qui, après avoir lancé sa première collection l’an dernier, récidive cette année avec une toute nouvelle ligne.

Qui ?

Scoloco, c’est d’abord et avant tout Brigitte Dionne. Engagée en 2018 par le Collège Sainte-Anne, à Lachine, pour donner un cours d’initiation à l’entrepreneuriat, Mme Dionne décide de sortir de la théorie pour plonger dans la pratique en démarrant sa propre entreprise, en classe, avec les élèves.

« Je les regardais, et ils avaient tous des sneakers pareils, tous faits en Chine », raconte-t-elle au bout du fil. Cette uniformité lui donne alors l’idée de créer des chaussures dépareillées fabriquées dans un matériau autre que le cuir animal. Les élèves l’ont ensuite accompagnée dans chaque étape de la création de Scoloco. « J’ai intégré toutes les valeurs du développement durable. Je voulais faire d’eux des entrepreneurs responsables. L’idée, c’était de se positionner pour faire la promotion de la différence sous toutes ses formes. On voulait créer une ouverture d’esprit à l’égard de la différence. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Fabienne (à gauche) et Brigitte Dionne

« Il fallait prendre une niche dans le domaine, parce qu’il y a du monde dans l’industrie des sneakers. On est les seuls en Amérique du Nord », ajoute-t-elle fièrement.

En faisant des recherches, ils découvrent d’abord le cuir d’ananas, appelé Piñatex, tissu créé à partir des feuilles d’ananas. Puis, ils trouvent une entreprise au Portugal pour fabriquer les sneakers. Or, les choses ne se déroulent pas comme prévu. « Ça a viré au cauchemar, se rappelle Brigitte Dionne. On a reçu nos prototypes, et ils étaient affreux, de mauvaise qualité. »

L’enseignante-entrepreneure a perdu tout l’argent investi dans la production. Mme Dionne a tout de même décidé de relever ses manches et de recommencer. Elle a fait le choix de ne plus enseigner pour se consacrer pleinement à son entreprise. Sa sœur s’est aussi associée avec elle. Le duo a alors découvert le cuir de pomme, tissu créé dans le nord de l’Italie avec ce qui reste du fruit une fois le jus fabriqué.

Elle retourne également au Portugal, où elle trouve un manufacturier de sneakers haut de gamme. « On n’a pas trouvé de fabricant au Québec, malheureusement. Ç’aurait été notre premier choix. »

Scoloco a finalement lancé, en ligne, sa première collection l’an dernier. Près de 800 paires ont été vendues. Une deuxième collection sera offerte d’ici une semaine sur le site internet de l’entreprise. Les sneakers de Scoloco se vendent de 249 $ à 345 $ la paire.

« Dès qu’on est écoresponsable et qu’on ne fait pas faire ses sneakers en Chine, le coût de production est élevé, explique Brigitte Dionne. On veut se garder un profit. »

Scoloco verse également une portion de l’argent généré par les ventes aux artistes dont les œuvres apparaissent sur les chaussures ainsi qu’à deux organismes : Autisme Montréal et Centre-Refuge Nymous, une réserve d’animaux sauvages.

L’avenir

Avec cette deuxième collection, la fondatrice de l’entreprise, qui ne compte pour le moment que deux employés, souhaite doubler le nombre de paires vendues par rapport à la première.

Éventuellement, Mme Dionne, qui travaille toujours de chez elle, à Saint-Sauveur, envisage de s’orienter vers le marché corporatif en vendant notamment ses chaussures à des écoles ou encore à des groupes de travailleurs comme les infirmières. « On veut créer un mouvement où les gens vont porter fièrement les Scoloco. »