Le lexique des employeurs s’est enrichi de plusieurs termes depuis le début de la pandémie. L’un d’eux : « coronasomnie », mal qui affecte un nombre croissant de gens.

« Environ 40 % des Québécois disent qu’ils ont un sommeil de moins bonne qualité depuis le début de la pandémie, selon un sondage de l’Institut national de santé publique du Québec », indique Julien Héon, vice-président, croissance et réussite client de Haleo. Il est à noter que le 19 mars est la journée internationale du sommeil, une initiative pour mettre de l’avant de saines habitudes de vie.

Depuis un an, le téléphone de l’entreprise qui propose une clinique virtuelle permettant, entre autres, de suivre une thérapie (cognitivo-comportementale) pour traiter les problèmes de sommeil sonne plus qu’en temps normal. « Les entreprises me disent : "On avait un budget pour de la formation ou des évènements, mais on cherche autre chose", raconte Julien Héon. Les gens dorment moins bien, sont plus stressés et anxieux. D’autres problèmes connexes ont fait augmenter de 28 % les problèmes de sommeil. »

Les organisations notent en conséquence une hausse de l’absentéisme, du présentéisme et des invalidités.

Les coûts liés à la perte de productivité causée par l’insomnie s’élèvent à 16,1 milliards annuellement au Canada, selon une étude de Meagan Daley.

Par ailleurs, un bon dormeur est absent trois jours par an, mais un mauvais dormeur l’est dix jours. Avec un mauvais sommeil, le présentéisme peut monter jusqu’à 45 jours. « Les problèmes se sont accentués depuis la pandémie, confirme Luc Marchand, directeur principal, bien-être et avantages sociaux de la Banque Nationale, un client de Haleo qui a décidé de faire un projet pilote d’un an avec ses 20 000 employés au Canada.

Pour quelques dollars par mois par personne, un employeur (d’au moins 200 salariés) peut proposer la clinique virtuelle à ses troupes. Après avoir rempli un questionnaire de dépistage et téléchargé une application, un employé qui a des problèmes de sommeil peut entreprendre une thérapie de cinq à huit rencontres. « Idéalement, l’employeur assume tous les coûts, explique Julien Héon. Le but est d’encourager les gens à faire des dépistages. Mais tous les Canadiens ont accès à notre plateforme. Les frais peuvent aussi être remboursés par les programmes d’assurances. »

Environ 3500 employés de la Banque Nationale se sont soumis au test de dépistage, puis 2300 ont amorcé une thérapie autoguidée ou avec un spécialiste. « On a eu un boom d’utilisateurs au début, note Luc Marchand. Ça s’est calmé. Mais dès qu’on fait une communication, il y a un intérêt. Un flot continu de gens vont sur l’application. »

« On peut implanter le programme en deux semaines, ajoute Julien Héon. Après un mois, on peut déterminer combien d’employés ont fait le dépistage. »

Quel impact ?

La Banque Nationale estime qu’il est encore trop tôt pour savoir s’il y a un impact réel de l’utilisation de l’application. « Mais on voit que ça marche, juste en nous fiant au nombre d’utilisateurs, dit Luc Marchand. Le taux de satisfaction est de 93 %. »

Haleo s’inscrit dans une gamme de services en télémédecine et soutien virtuel offerts par la Banque Nationale à ses employés, dont plusieurs ont été implantés pendant la pandémie. « Plus on en ajoute, plus on a de chances que l’employé se prenne en main, estime Luc Marchand. On fait beaucoup de prévention. On a même eu une légère baisse d’absentéisme liée à la santé mentale. La multiplication des services accessibles à distance et la communication fréquente de la direction aident. »

Des millions de dollars ont été investis jusqu’à présent dans Haleo, créé en 2015. La direction travaille sur le prochain cycle de financement pour lever quelques millions. « On vient de développer un protocole pour les horaires atypiques, dit Julien Héon. On est en discussion avec des corps policiers. »