L'INNOVATION: des spécialistes en médecine et en génie unissent leurs forces pour mettre au point un système artificiel d'assistance cardiaque abordable.

QUI

Hakam Jean Recherche & Développement, « une entreprise privée de plus de 10 millions de dollars », veut offrir aux personnes souffrant d'insuffisance cardiaque avancée une solution moins coûteuse et plus accessible que les transplantations cardiaques et les coeurs artificiels.

Le Dr Jean Sharestan a eu l'idée de ce système d'assistance cardiaque durant ses études à l'Université de Montréal, au début des années 2010. Le premier patient qu'il a suivi, durant sa formation en cardiologie, est mort après un mois à la suite d'une complication liée à un coeur artificiel. « C'est là que j'ai commencé à réfléchir à ce problème. »

Il a par la suite pris contact avec l'homme d'affaires d'origine marocaine Hakam Hmiddouch, par ailleurs président du conseil et chef de la direction du groupe Mabi Canada.

Pendant 14 mois, le Dr Sharestan et Hakam Hmiddouch ont raffiné le concept.

« Ma force, c'est de simplifier les grands problèmes », indique ce dernier.

« L'opération cardiaque ne doit pas dépasser 20 minutes. [...] On veut que le patient soit debout le lendemain. [...] Tout ça va coûter moins de 25 000 $US, plutôt que 125 000 $US. » - Hakam Hmiddouch

AU COEUR DU SYSTÈME

Le système d'appoint du Dr Sharestan assiste le coeur à l'intérieur de la poitrine.

« C'est un système 100 % interne », décrit-il. Aucun élément ne traverse la peau et le coeur conserve son intégrité.

« C'est une pompe sans toucher le sang », explique de son côté Hakam Hmiddouch.

Cette prothèse, insérée par intervention chirurgicale, « assiste mécaniquement la fonction contractile du muscle cardiaque », décrit le Dr Sharestan, dans une veine quasi poétique. Un module de monitorage électronique interne régule son action.

Pour l'alimenter en énergie, deux méthodes sont envisagées - les deux sont réalisables, assurent les promoteurs. Une sorte de minigénératrice interne, qui puiserait son énergie à l'intérieur du corps et aurait une durée de vie de 20 ans. Ou encore une pile qui pourra rester en place une vingtaine d'années.

Les promoteurs demeurent très discrets sur son fonctionnement : la plus grande qualité de ce système d'appoint est sa simplicité, et « quelqu'un qui comprend l'idée peut la copier », fait valoir François Morency, coordonnateur des projets de R & D chez Hakam Jean.

Informées par des fuites, des entreprises « étaient prêtes à avancer les budgets pour construire une usine de fabrication », dit-il.

L'AVENIR

Des simulations virtuelles sont en cours avec une modélisation 3D.

Un premier prototype devrait être fabriqué d'ici à la fin 2016 par une firme spécialisée qui reste à choisir. La suite dépend des capitaux.

« Si les subventions sont là, on peut créer 200 prototypes, indique Hakam Hmiddouch. Dès le début de l'année prochaine, ils vont déjà être en clinique pour les tests médicaux. »

« Le but n'est pas de faire de l'argent, assure-t-il. On va donner un coeur sur cinq gratuitement aux pays africains et asiatiques qui sont dans le besoin. C'est écrit dans mon contrat. »