FLIR Radars a conclu en avril une première vente pour son tout nouveau radar de surveillance Ranger R6. 

« On travaille avec un partenaire en Europe qui a choisi ce radar pour sa solution, et ils ont fait une vente aux États-Unis pour la détection de drones », indique Pierre Poitevin, directeur général de FLIR Radars, à Laval.

Car la demande pour des systèmes efficaces de détection de drones est en plein envol. « Les gens veulent couvrir plus haut et tout autour pour protéger un site contre les attaques de drones », précise le directeur de l'ingénierie, Michel Pelletier.

FLIR Radars se concentrait jusqu'à présent sur la détection en surface, qu'elle soit terrestre ou maritime.

Fondée en 1997 sous le nom d'Amphitech International, l'entreprise avait été acquise en 2003 par ICx Technologies, elle-même gobée par FLIR Systems en 2010.

La petite équipe de Laval, qui compte à peine plus d'une vingtaine d'employés ultraspécialisés, est restée relativement autonome, sous le nom de FLIR Radars. Au fil du temps, elle a conçu une famille de radars pour la surveillance au sol et la sécurité de périmètre.

Son produit emblématique est le Ranger R20, qui a reçu en 2015 le prix Génie innovation de l'Ordre des ingénieurs du Québec.

AU RAS DU SOL

Une courte description technique s'impose ici.

Un radar produit un faisceau d'ondes radio qui sont réfléchies par les obstacles et lui reviennent.

L'antenne d'un radar de surveillance limite normalement son champ d'investigation à une ouverture relativement étroite d'environ 3 ou 4 degrés. Pour couvrir une zone plus large, il faut recourir au balayage, c'est-à-dire à une oscillation mécanique sur le plan horizontal.

Pour élargir son champ de détection, le Ranger R20 compte plutôt sur le balayage électronique de ses 24 faisceaux, produits par de multiples plaques émettrices. Chaque plaque « est un élément radiant dont le signal numérisé est combiné en logiciel avec les autres, selon un agencement d'intensité et de phase », décrit (sobrement) Pierre Poitevin.

Plus simplement : « C'est ce qui fait que le faisceau peut pointer à un endroit. »

L'angle de couverture est ainsi porté à environ 90 degrés, sans qu'un mouvement mécanique du boîtier soit nécessaire.

« Le R20 se distingue par sa portée et sa capacité de détection - ce qu'on appelle sa probabilité de détection plus élevée. On minimise également les nuisances et les fausses alarmes. »

- Pierre Poitevin, directeur général de FLIR Radars

Pour le mettre au point, il a fallu près de cinq ans à une équipe d'une dizaine de spécialistes en radiofréquences, circuits imprimés, traitement de signal, algorithmes de pistage...

L'appareil de FLIR flaire les bipèdes à 12 km de distance et peut repérer un véhicule à près de 30 km. Ce radar compact et mobile, de la taille d'une grande valise, est utilisé pour repérer les intrus aux frontières ou autour des aéroports, des terminaux pétroliers, des centrales d'énergie. Près d'une centaine de ventes ont été conclues depuis son lancement, en 2013.

UN DANGER VOLANT

Mais la prolifération des drones a fait surgir un autre risque : l'espionnage ou le terrorisme à basse altitude.

Comment les détecter à distance ?

« C'est un problème qui est très difficile, parce que les drones sont physiquement très petits », indique Pierre Poitevin. Un des drones les plus populaires, le DJI Phantom, de fabrication chinoise, montre une cible radar « environ 50 fois plus petite que celle d'un humain », dit-il.

Un beau défi technique, auquel a répondu le nouveau R6.

LE PETIT FRÈRE

Le radar R6 est le petit frère doué du Ranger R20, dont il reprend les principes.

« Ce n'est pas une version simplifiée du R20, elle est plutôt plus légère, plus petite, moins énergivore, moins chère, précise Michel Pelletier. Il voit un peu moins loin, mais au point de vue de la portabilité, c'est nettement mieux. »

Le R6 est tout de même en mesure de repérer un drone en vol à plus de 10 km de distance.

De la taille d'une boîte de pizza (à double épaisseur), son boîtier est creusé par usinage dans un bloc d'aluminium massif.

Les drones posent une autre difficulté : plutôt que de se concentrer sur la surface du terrain, le radar devra ouvrir son champ de balayage jusqu'à une élévation de 45 degrés.

« C'est la même chose qu'une lentille de caméra : si j'ouvre mon ouverture, je vois moins bien de loin, décrit Pierre Poitevin. On a quand même réussi. »

Des appareils concurrents réussissent à atteindre des performances du même ordre, notamment pour des applications militaires, mais pour un prix d'environ 750 000 $.

« On peut donner une couverture sur 360 degrés, avec grande couverture verticale, pour 15 à 20 % de ce prix-là, informe-t-il. Ce produit est pas mal impressionnant, je crois que ça va être un beau succès commercial. »

Il ne reste plus qu'à le faire apparaître sur l'écran radar de la clientèle.

QUI : Pierre Poitevin et Michel Pelletier, respectivement directeur général et directeur de l'ingénierie chez FLIR Radars

L'IDÉE : un radar de surveillance capable de détecter les drones

L'AMBITION : offrir au monde le meilleur appareil de sa catégorie

ILS Y ONT CRU : Amphitech International a été acquise en 2003 par ICx Technologies, elle-même avalée par FLIR Systems en 2010.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Pierre Poitevin, directeur général de FLIR Radars, à Laval, et Michel Pelletier, directeur de l’ingénierie, devant le radar de surveillance de périmètre Ranger R20, qui a remporté en 2015 le prix Génie innovation de l’Ordre des ingénieurs du Québec.