Les jeunes entrepreneurs de Technologies Wise Guys ont réussi à faire parler d'eux l'année dernière avec leur application mobile recensant les temps d'attente aux urgences du Québec. Ils ont remis cela il y a quelques jours avec une nouvelle application qui permet cette fois de profiter des rendez-vous inutilisés dans les cliniques.

L'histoire de ces quatre entrepreneurs a débuté l'hiver dernier, quand ils ont découvert que le ministère de la Santé rendait publics les temps d'attente dans les urgences du Québec.

Leur application Doctr permettait à ses utilisateurs de déterminer la salle d'urgence à proximité où l'attente serait la moins longue. À l'inverse, elle permettait au réseau de la santé de mieux répartir son achalandage.

Doctr s'intéresse aussi aux cliniques à proximité en les présentant selon un code de trois couleurs : vert quand elles sont ouvertes et accessibles sans rendez-vous, jaune quand elles sont ouvertes, mais sur rendez-vous seulement et rouge hors des heures d'ouverture.

Lancée au début du mois de juillet, Doctr a attiré jusqu'ici environ 93 000 utilisateurs. Mais elle a aussi attiré l'attention des médecins, qui ont commencé à contacter l'entreprise.

« Nous avons reçu beaucoup d'appels de cliniques et de médecins et en discutant avec eux, quelque chose qui revenait souvent, c'est le nombre élevé de rendez-vous pour lesquels la personne ne se présente pas. » - Stéphane Boyer, cofondateur de Technologies Wise Guys

Selon Stéphane Boyer, environ 10 % des rendez-vous sont ainsi « gaspillés ».

Une nouvelle application, Doctr Check-in, a donc été lancée il y a quelques jours. Ses utilisateurs peuvent y décrire sommairement le problème qui les afflige et demander à rencontrer un médecin généraliste ou différents types de spécialistes.

« Dès qu'une plage se libère, la clinique se branche, va dans la liste des patients inscrits et envoie des offres de rendez-vous », explique M. Boyer.

Ce type d'applications dépend pour son succès de l'obtention d'un certain volume à la fois de patients et de cliniques. La roue peut être difficile à mettre en marche, les premiers ne se montrant pas intéressés tant que les secondes n'y sont pas et vice-versa. Ce qui ne semble par être un problème dans ce cas-ci. 

« Je suis assez surpris de l'intérêt des gens. Nous avons déjà plusieurs dizaines de cliniques inscrites et 14 000 ou 15 000 téléchargements. »

L'application fonctionne comme un « projet-pilote » pour l'instant. Elle n'inclut que des cliniques du grand Montréal et celles-ci y ont accès gratuitement. Éventuellement, elles devront verser aux auteurs de Doctr Check-in une ristourne sur chaque rendez-vous.

« Les médecins sont payés à l'acte, ils ne reçoivent rien quand un rendez-vous est annulé », rappelle M. Boyer.

GUÉRIR LE SYSTÈME

De façon plus globale, Wise Guys voit ses applications comme des remèdes aux maux dont souffre le système de santé.

« Le problème est que les gens voient l'urgence comme un guichet unique, analyse M. Boyer. Ils n'ont pas de médecin de famille et ils ne savent pas où aller. La plupart des gens ne connaissent pas les rôles précis des cliniques, des groupes de médecine familiale, des CLSC, etc. De 50 à 60 % des cas à l'urgence sont des priorités 4 ou 5, qui n'ont pas d'affaire là. Nous tentons d'inverser la relation : dis-nous ce que tu recherches et c'est le réseau qui va te dire où aller. »

L'objectif est ambitieux, mais il a attiré la Banque de développement du Canada (BDC), qui vient de fournir à l'entreprise son premier prêt, qui a permis aux quatre fondateurs de quitter leur emploi à la fin 2015 pour se consacrer entièrement à leur entreprise.

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Technologies Wise Guys

QUI : Stéphane Boyer, Quentin Gay, Élie Sauveterre, Jean-Philippe Fong et un employé

L'IDÉE : Des applications pour avoir plus facilement accès à un médecin

L' AMBITION : Améliorer l'efficacité et l'accessibilité du système de santé

Ils y croient et y ont investi de l'argent : les quatre cofondateurs