Développement durable rime pour certains avec coûts supplémentaires. Pour d'autres, c'est plutôt un synonyme de création de richesse. C'est l'opinion d'André Gaumond, président et chef de la direction de Mines Virginia (T.VGQ). Il nous dit pourquoi.

Mines Virginia est du lot de ces sociétés minières dont le mandat premier est de débusquer les filons qui se terrent dans le roc.

Pour ce faire, l'entreprise déploie chaque été ses équipes de géologues dans le Grand Nord québécois. Des travailleurs qui transforment le territoire par leur travail d'auscultation, mais aussi en bâtissant un campement.

Mais voilà, Mines Virginia ne se limite pas à arpenter ses claims (titres miniers). Depuis sa création, l'entreprise se fait un point d'honneur de limiter la taille de l'empreinte qu'elle laisse sur son passage, souligne André Gaumond, président et chef de la direction de Mines Virginia.

«Je suis un géologue, et les géologues, ce sont des amants de la nature, dit-il. Laisser des cicatrices, c'est la dernière chose que l'on souhaite.»

Pour limiter son impact, l'entreprise y va depuis ses débuts d'une «panoplie de petits gestes», ajoute-t-il.

Plantation d'arbres, utilisation de poêles à faible émission de CO2, prise de précautions lors du transport des barils de mazout et recouvrement du roc une fois les travaux terminés... Des actions à caractère environnemental qui ont aussi un objectif social: celui de maintenir une bonne entente avec les Cris et les Innus qui habitent ces régions.

«On s'est fait un devoir de les informer sur ce qu'on fait, explique André Gaumond. On veut aussi obtenir leur approbation pour être certain de ne pas les déranger.»

Selon lui, cette façon de tisser des liens, entre autres avec les trappeurs cris, a permis à la société d'exploration de bâtir une confiance payante pour elle.

«En développant de bonnes relations, on a un accès plus facile au territoire et on gagne énormément de temps», dit-il.

Mines Virginia en a d'ailleurs eu la confirmation de la part de Goldcorp, qui a acquis son projet Éléonore en 2006. «Ils me répètent souvent à quel point la relation qu'on a bâtie avec les Cris avait été importante pour eux», précise André Gaumond.

Selon lui, tous ces petits gestes engendrent évidemment des coûts supplémentaires pour Mines Virginia. Mais tôt ou tard, l'opération se rentabilise d'elle-même.

Développement durable

En misant à la fois sur des valeurs sociales et environnementales, Mines Virginia a fait du développement durable une priorité avant même que l'expression ne soit popularisée, souligne André Gaumond.

L'entreprise tente aujourd'hui de faire des petits parmi ses fournisseurs en adoptant une nouvelle politique d'approvisionnement.

«Maintenant, quand on va en appel d'offres pour des activités de forage, par exemple, on travaille avec une grille d'évaluation dans laquelle on évalue le coût et la réputation, mais aussi ce qu'a fait un fournisseur en matière de développement durable, dit-il. Ça représente 30% de l'évaluation.»

Par ce geste, André Gaumond espère inciter les acteurs de son industrie à suivre les traces de Mines Virginia. «On ne tord pas de bras, dit-il, mais on encourage les fournisseurs à faire mieux.»

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MINES VIRGINIA 

LE PORTRAIT

> Année de fondation: 1992

> Nombre d'employés: 25, et jusqu'à 40 l'été

> Président et fondateur: André Gaumond (à la suite d'une réorganisation)

> Principaux actionnaires: Mason Hill Advisors et la Caisse de dépôt et placement du Québec

> Secteur: exploration minière

LE DÉFI

Obtenir la confiance des communautés crie et innue qui occupent les territoires sur lesquels Mines Virginia mène ses campagnes d'exploration.

LA SOLUTION

Miser sur le développement durable.