Avec l'arrivée d'Apple (AAPL) et son système Apple Pay, presque tout semble tomber en place pour une explosion de popularité imminente du paiement sans contact par téléphones mobiles. Et si ça devait se produire, il n'y aurait pas beaucoup de dirigeants d'entreprise plus heureux que ceux de Mobeewave, de Montréal.

C'est sur un vol de retour depuis la France, il y a presque trois ans, alors qu'ils constataient l'échec de leur projet de convaincre un grand détaillant français de s'implanter au Québec, que Maxime de Nanclas et Benjamin du Haÿs ont jeté les bases de Mobeewave.

Respectivement spécialistes du mobile et du paiement, ils ont logiquement uni leurs forces pour créer une solution de paiement mobile qui serait pratique.

«Nous sommes partis du fait que le paiement, ce n'est pas vraiment sexy et que c'est aussi un univers très fermé», explique M. de Nanclas.

La solution créée par Mobeewave permet donc à un détenteur de téléphone intelligent équipé de la technologie NFC (Near Field Communication), soit la plupart des modèles haut de gamme récents, d'accepter les paiements par cartes de crédit aussi équipées de cette technologie, simplement en plaçant la carte à quelques centimètres de l'appareil. On peut aussi payer d'un appareil à l'autre.

Mobeewave détient aujourd'hui un brevet sur l'utilisation d'une composante physique sécuritaire pour l'acceptation de paiements en utilisant la technologie NFC. Contrairement à des rivaux comme l'américaine Square, Mobeewave n'exige le branchement d'aucun accessoire à l'appareil mobile. Tout se fait sur le téléphone même.

Ce n'est pas la seule différence mise de l'avant par Mobeewave, dont le plan d'affaires cible d'abord les banques, plutôt que les marchands. «Square cible les marchands un par un et ça leur coûte une fortune», explique M. de Nanclas.

Les banques ont un grand intérêt pour la technologie, affirme-t-il.

«La motivation des banques, c'est d'éliminer l'argent comptant et les cartes en plastique, qui leur coûtent cher. Elles veulent aussi maximiser le nombre de transactions, parce que c'est là-dessus qu'elles font de l'argent. Si un individu doit 20$ à un autre, la banque aime mieux que la transaction se fasse d'un téléphone à l'autre qu'avec de l'argent liquide.»

Apple change tout

L'arrivée d'Apple dans le marché, annoncée mardi, est une «très, très bonne nouvelle», estime M. de Nanclas.

«Il y a environ 8 millions de marchands aux États-Unis et dans leur présentation, ils ont dit qu'il n'y en avait qu'environ 200 000 qui étaient équipés pour accepter le paiement sans contact. Si on se fie uniquement à l'installation de terminaux réguliers, il va falloir attendre un bon moment. Ça va prendre une autre solution.»

La crédibilité qu'Apple apporte à la technologie a aussi sa valeur.

«On l'a vu ailleurs, quand Apple intègre une technologie, il n'y a plus de guerre de religion à savoir si ça va marcher ou non. Ça va aussi forcer tous les fabricants à mettre le NFC de l'avant, et même à pousser plus loin pour se distinguer.»

Déploiement imminent

Mobeewave vient tout juste de lancer au Canada un projet-pilote en partenariat avec Samsung.

«C'est le premier projet d'essai d'une technologie sans accessoire dans le monde, et on le fait au Canada parce que nous sommes ici, mais aussi parce que c'est un marché où le paiement sans contact fonctionne très bien.»

Si tout va bien, l'entreprise s'attend à voir sa technologie intégrée par plusieurs fabricants très bientôt. Mais il y a plus. Mobeewave discute aussi avec d'autres fabricants d'appareils.

«Dès que tous les manufacturiers importants l'auront adoptée, on pourra procéder à un déploiement à grande échelle. Ça devrait être en 2015.»

L'entreprise d'une quinzaine d'employés s'attend d'ailleurs à tripler de taille dans la prochaine année et à conclure une nouvelle ronde de financement avec un investisseur stratégique à court terme.

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MOBEEWAVE

> Qui: Maxime de Nanclas et Benjamin du Haÿs

> L'idée: Une technologie pour le paiement mobile sans contact par téléphone intelligent

> L'ambition: Devenir le no 1 de l'acceptation de paiement sans contact sur appareils mobiles

> Ils y croient et y ont investi de l'argent: Les cofondateurs, Frédéric Dadvisard et quelques investisseurs privés