Même si les bancs d'école permettent d'en apprendre beaucoup sur un métier, rien ne remplace l'expérience acquise sur le terrain. Passage obligé, le stage permet à l'apprenti de côtoyer directement le maître. C'est vrai pour le technicien ou l'ingénieur, mais aussi pour le chef d'entreprise. Pierre Somers, président et chef de la direction de Walter, nous explique pourquoi il investit son temps dans la formation des chefs d'entreprise de demain.

Un maître et son apprenti. C'est une relation aussi vieille que le monde qui a permis à une multitude de savoirs de traverser les générations. Une recette qui fonctionne et qu'on continue à appliquer aujourd'hui.

Walter Technologies pour surfaces, une entreprise montréalaise spécialisée dans la vente de produits et d'outils servant à traiter les surfaces de métaux, n'y échappe pas et prévoit d'ailleurs appliquer la formule dès le mois d'août. L'entreprise accueillera durant trois mois des stagiaires de tous horizons afin de les former au métier qu'ils exerceront demain.

Et ça comprend la direction d'une entreprise.

Pierre Somers, président et chef de la direction de Walter, y verra lui-même, en prenant sous son aile un étudiant en gestion si un tel candidat frappe à la porte de son entreprise. Que ce soit le cas ou non, il entend s'impliquer directement dans la formation de tous les stagiaires qu'accueillera Walter.

«En trois mois, les stagiaires n'ont pas le temps de faire beaucoup de choses, dit-il. Mon but, c'est de leur faire voir comment on fonctionne et de ne pas les confiner à leur projet spécifique.»

Pourquoi ce patron désire-t-il tant s'investir dans cette cause? Tout simplement parce qu'il s'agit à ses yeux d'un devoir auquel, espère-t-il, ses confrères dirigeants de PME se sensibiliseront eux aussi.

«Ensemble, on pourrait avoir un impact assez important, croit-il.

«On est déjà plusieurs chefs d'entreprise à penser qu'on doit s'impliquer davantage dans la formation de la relève, ajoute-t-il. Si on compte seulement sur le système d'éducation, on va passer à côté.»

Dans le cadre de leur stage, les «apprentis» seront ainsi conviés à assister aux différentes réunions, y compris celle du conseil d'administration. Ils auront aussi l'occasion de côtoyer M. Somers pour des journées entières, afin de mieux prendre le pouls du travail qui incombe au dirigeant d'une PME. D'autres employés de la haute direction seront engagés aussi, souligne le président de Walter.

Par expérience

Si Pierre Somers croit aux vertus de la relation maître-apprenti, c'est qu'il a pu en faire l'expérience tout au long de son propre cheminement.

Le fils du fondateur de l'entreprise, Walter Somers, a bien sûr profité de l'enseignement de son père avant que celui-ci ne lui cède les rênes de son entreprise en 1989, mais pas seulement lui. «Je suis passé par tous les départements en commençant par balayer les planchers.» Chaque fois, il a pu profiter des conseils d'autres travailleurs ou de patrons pour apprendre son métier.

Des expériences qui se sont ajoutées à celles que M. Somers était allé chercher dans une autre entreprise, sitôt ses études de génie terminées. Une occasion de voir comment on pouvait gérer une entreprise différemment, explique-t-il.

Et la recette semble avoir été profitable, puisqu'elle est appliquée de nouveau chez les Somers. La fille du président actuel entamera bientôt un MBA à Barcelone. Une dernière étape sur les bancs de l'université avant qu'elle ne joigne l'entreprise familiale, puis succède un jour à son père à la tête de Walter.

Walter Technologies pour surfaces

LE DÉFI

Le Québec vit une pénurie de releveurs d'entreprises. Selon la Fondation de l'entrepreneurship, la province devra même en dénicher 22 000 de 2015 à 2020 pour combler les départs à la retraite de ceux qui cèdent leur entreprise.

LA SOLUTION

Pour contribuer à former la relève de demain, Pierre Somers côtoiera une poignée de stagiaires au sein de son entreprise cet automne. Une façon pour lui de contribuer à dissiper les nuages qui planent sur le milieu d'affaires québécois.

LE PORTRAIT

Année de fondation: 1952

Nombre d'employés: 350, dont 100 au Québec

Fondateur: J. Walter Somers

Secteur: Conception et vente d'outils et de produits pour le traitement de surface des métaux