Gagner des parts de marché passe habituellement par une diversification de l'offre. Dans le secteur de l'aéronautique, la tendance est plutôt à l'inverse : pour garder leur place dans la chaîne de production de pièces, les PME sous-traitantes sont appelées à miser sur leurs forces et à se spécialiser.

Cette tendance mondiale gagne non seulement le secteur de l'aéronautique, mais aussi ceux de l'énergie, des mines et du transport au Québec. Elle se serait d'ailleurs intensifiée au cours de la dernière année selon le plus récent sondage commandé par Sous-traitance industrielle du Québec (STIQ).

Ainsi, des entreprises qui agissaient autrefois comme sous-traitants pour les grands donneurs d'ordres portent maintenant deux chapeaux et délèguent aussi une partie de leurs contrats à des tiers.

Selon le sondage du STIQ, environ 44% des entreprises interrogées disent avoir octroyé au moins 10% de leur chiffre d'affaires en sous-traitance en 2012. La proportion s'élevait à 35% un an plus tôt. Selon Normand Voyer, vice-président exécutif du STIQ, ces chiffres traduisent un changement opérationnel chez certaines entreprises manufacturières.

«On voit clairement une tendance vers la spécialisation, explique-t-il. Les entreprises vont concentrer leurs efforts sur leurs compétences clés et confier à d'autres des opérations qu'elles feraient souvent moins bien.»

Selon le STIQ, c'est la concurrence d'entreprises étrangères qui serait derrière cette montée de la spécialisation. Poussés à réduire leurs coûts, les soustraitants manufacturiers du Québec développent un avantage concurrentiel en ajoutant des maillons aux différentes chaînes de production.

Un exemple

L'entreprise S.E. Techno Plus est du lot des PME québécoises qui profitent de cette recherche de spécialistes dans l'industrie de l'aéronautique.

Sa spécialité? La rectification de précision de pièces usinées.

«Dans le domaine de l'aéronautique, on utilise beaucoup de pièces sur lesquelles il y a eu une étape de métallisation pour augmenter la durée de vie des pièces, par exemple par l'ajout de carbure de tungstène, explique Guy Arcand, vice-président, ventes et développement, chez S.E. Techno Plus. Notre expertise, c'est de rectifier ces pièces métallisées.»

Le travail effectué par la PME lavalloise en est un de grande précision. Ses machines opèrent à 0,005 millimètre près. «C'est votre cheveu coupé en 20, lance Sylvain Béliveau, président et chef de la direction de l'entreprise. C'est très, très précis!» Grâce à sa spécialité, l'entreprise s'imbrique maintenant dans une chaîne de production qui implique de nombreux intervenants et amène les pièces à voyager. Par exemple, la PME peut devoir retirer la couche usée de carbure de tungstène sur une pièce. Une fois cette opération réalisée, la pièce part pour le Texas où un autre spécialiste lui ajoute une nouvelle couche, puis revient à Laval pour être corrigée de nouveau avant de retourner au client.

Bien que S.E. Techno Plus ait développé son expertise au cours des 15 dernières années, ce n'est que depuis 2007 qu'elle oeuvre pour des entreprises du secteur de l'aéronautique. Aujourd'hui, elle tire de 10 à 15%de ses revenus de cette industrie, ses autres clients oeuvrant entre autres dans les secteurs de la métallurgie, de la pharmaceutique et de l'alimentation.

Sa clientèle issue du secteur de l'aéronautique est toutefois appelée à croître, selon Sylvain Béliveau, la PME lavalloise ayant été invitée à participer à trois fois plus d'appels d'offres cette année que par le passé. D'ailleurs, elle est déjà en croissance, selon Guy Arcand. «Cette année seulement, on va aller chercher une croissance de 20 à 25% de notre chiffre d'affaires dans le secteur de l'aéronautique», dit-il.

Fondateurs : Émile et Sylvain Béliveau

- Année de fondation: 1997

- Nombre d'employés: 25

- Spécialité : rectification de précision de pièces usinées