Groupe SMR, entreprise spécialisée dans l'entretien ménager des immeubles non résidentiels, a réalisé récemment ce que peu d'entreprises familiales peuvent se targuer d'avoir accompli, soit franchir le cap de la troisième génération.

Ces derniers mois, Julie Roy, 37 ans, a accédé à la vice-présidence première du Groupe SMR, mieux connu sous le nom de sa filiale Services ménagers Roy qui fait l'entretien à l'Université de Montréal et à la tour de Radio-Canada notamment. La jeune femme d'affaires assure dorénavant la gestion au quotidien de l'entreprise au chiffre d'affaires annuel de 50 millions de dollars et aux 1500 employés.

Son père, Jean-Yves, 61 ans, fils du fondateur Guy Roy, conserve le titre de président et continue d'agir à titre de conseiller et tuteur auprès de la nouvelle maîtresse des lieux.

Cette passation de pouvoir en douceur n'est pas un mince exploit. Le transfert, qui reste toujours un processus délicat, peu importe le type d'entreprise, tourne malheureusement trop souvent à la catastrophe dans le cas des entreprises familiales. On estime que 70% des entreprises familiales meurent avant la deuxième génération et 90% d'entre elles ne se rendent pas à la troisième génération, selon des données du Family Firm Institute, organisme situé à Boston.

La Presse Affaires a rencontré jeudi dernier le président et la vice-présidente exécutive au siège social au Groupe SMR, situé dans le parc industriel d'Anjou.

Une transition ordonnée

«Ça existe la relève familiale du moment que la personne a les capacités pour le faire», explique Jean-Yves Roy, qui a dirigé la société ces 30 dernières années. Sur ce plan, l'homme d'affaires est rassuré. «J'ai toujours senti l'intérêt de ma fille à prendre la relève», dit-il.

Pour développer ses capacités et asseoir sa légitimité, Julie a tenu à obtenir à la fois les études et l'expérience pertinentes. Titulaire d'une maîtrise en finances à HEC Montréal et d'un bac en commerce de McGill, cette mère de trois enfants a d'abord travaillé deux ans en début de carrière pour la société comptable Deloitte à Edmonton avant de retourner dans le giron familial en 2000, comme directrice des ressources humaines, un poste clé dans cette entreprise.

En ce qui a trait au processus de transition, le père et la fille ont pris conseil auprès du Groupement des chefs d'entreprises du Québec. «Jean-Yves et moi sommes chacun dans un club dont les membres vivent la même situation que nous. Dans mon cas, dit Julie Roy, je suis dans un groupe appelé relève identifiée, où nous sommes tous à la direction générale. On s'échange des pratiques d'affaires. C'est de l'entraide entrepreneuriale», résume-t-elle.

C'est donc à Julie Roy que revient d'écrire les prochaines pages de l'histoire de l'entreprise familiale fondée en 1954. «La planification stratégique des prochaines années et son application au quotidien, c'est moi, dit celle qui dirige seule les réunions de planification stratégique avec l'équipe de direction depuis l'an dernier, mais j'ai la chance de l'avoir encore», dit-elle en pointant son paternel.

À ce propos, le Groupe SMR a restructuré ses activités au milieu des années 2000 à travers cinq filiales. L'objectif est d'offrir aux propriétaires immobilier une gamme complète de services techniques partout au Québec.

La filiale Services ménagers Roy, avec plus de 300 clients réguliers des secteurs privé et public, est le numéro 3 de l'industrie au Québec, derrière Empire Maintenance et Distinction. Les deux premiers appartiennent au même propriétaire depuis la privatisation l'an dernier du Groupe Distinction par l'entreprise de capitaux privés Birch Hill, de Toronto. «Nous sommes l'alternative», dit Mme Roy, non sans fierté.

Croissance

Outre la division de services ménagers Roy, SMR a une filiale en nettoyage après-sinistre, en gestion technique d'immeuble, un service d'extermination et une agence de sécurité.

Dans ce bouquet, les filiales de gestion technique, qui ont 15 millions de pieds carrés en portefeuille, et celles de nettoyage après-sinistre présentent les plus belles promesses de croissance.

Dans ce dernier secteur, SMR est le franchisé GUS (Groupe Urgence Sinistre) pour les territoires de Montréal et du Suroît. Les synergies seraient nombreuses avec la division de l'entretien ménager. «Regrouper six personnes d'un coup, ce n'est pas dur pour une entreprise de 1500 employés», souligne Julie Roy.

SMR a d'ailleurs acheté en mars dernier pour un peu moins de 2 millions l'immeuble voisin en vue de satisfaire aux besoins d'expansion de sa division qui concurrence les Qualinet et Sinisco de ce monde. «On pourrait réaliser d'autres acquisitions dans le secteur l'après-sinistre», confie-t-elle.

À l'heure actuelle, certaines régions ne sont pas couvertes par SMR, comme le Saguenay. Le groupe qui a grandi presque exclusivement par croissance interne depuis sa fondation n'écarte aucune option pour l'avenir, que ce soit la croissance par acquisition ou par la vente de franchises.

Condition sine qua non, les cibles potentielles et les franchisés éventuels devront partager les valeurs auxquelles souscrit le Groupe SMR, avertit le président. Celles-ci ont bien servi l'entreprise familiale depuis plus de 50 ans.