Période faste pour IME. D'une part, l'entreprise de Terrebonne vient d'investir 12 millions dans la modernisation de ses installations et la formation de sa main-d'oeuvre. D'autre part, elle honore actuellement un contrat «clé en main» de 30 millions pour l'aménagement d'un complexe immobilier à Fermont pour le compte d'ArcelorMittal Mines Canada.

La PME, spécialisée dans la construction de bâtiments usinés et autres structures isolées (murs, toits et planchers préfabriqués) bourdonne littéralement d'activité, comme a pu le constater La Presse Affaires lors de son passage chez IME cette semaine. Des fardiers chargés d'unités en pièces détachées qui seront assemblées, tel un puzzle, pour devenir un studio, une cafétéria ou un gymnase, quittent les uns après les autres les installations qui longent l'autoroute 640. Direction: le complexe minier des monts Wright, à Fermont.

À l'intérieur, tant dans l'usine que dans les bureaux, ça grouille de partout. En 12 mois, le chiffre d'affaires de l'entreprise, que le président et fondateur Karl Mongrain, préfère taire, a plus que doublé, affirme-t-il. Idem quant au nombre d'employés: il est passé de 125 à 250. «Mon grand défi pour les prochaines années en sera un de capital humain», explique M. Mongrain, 40 ans.

IME est la preuve que des entreprises d'ici, même celles situées des milliers de kilomètres dans l'extrême sud du Québec, peuvent profiter du Plan Nord. Bien sûr, la PME avait, en quelque sorte, une longueur d'avance. L'entreprise cultive, depuis sa fondation en 1995, des liens étroits avec le Nunavik. Encore à ce jour, elle réalise 80% de ses ventes dans le Nord québécois, mais aussi canadien.

Liens serrés

Ce lien avec le Nord du Québec n'est pas le fruit du hasard. Karl Mongrain était pilote de brousse (avion et hélicoptère) avant de se lancer en affaires. Le territoire nordique québécois, il connaît très bien. Tout comme les 14 communautés autochtones qui y vivent. Le présent contrat avec ArcelorMittal est l'un des contrats les plus «méridionaux» que la PME a obtenus depuis plusieurs années. Jusqu'à tout récemment, c'est par bateau (de Montréal à la baie d'Ungava) que la majorité des unités préfabriquées d'IME était acheminée «là-haut».

L'entreprise servira par ailleurs de référence pour ce vaste marché que le Plan Nord promet d'être. IME sera commanditaire du Salon Plan Nord en avril prochain au Palais des congrès de Montréal. Dans la foulée, Karl Mongrain participera, aux côtés du premier ministre Jean Charest, à un forum stratégique, de même qu'à un déjeuner-causerie sur le potentiel économique au-delà du 49e parallèle.

Le projet immobilier de 260 chambres pour ArcelorMittal (complété à 70% selon Karl Mongrain) est en soi une révolution. Il s'agit d'un complexe «fly-in, fly-out» qui n'a rien à voir avec les roulottes autrefois utilisées pour loger les travailleurs. On a plutôt affaire ici à de jolis studios à aire ouverte complètement équipés (télé à écran plat, douche en verre, etc.) et bien éclairés par une grande fenestration.

«C'est le type de logement qu'il faut offrir quand on mise sur la rétention des travailleurs. Ceux-ci peuvent recevoir la visite de leur conjointe et profiter d'un peu d'intimité. Ce n'était pas le cas autrefois», affirme Karl Mongrain qui se fait un devoir de jouer les consultants afin de bien comprendre les besoins de ses clients. Selon lui, il faut réinventer la façon de se loger, notamment à cause de la valeur élevée des terrains, mais surtout avec la hausse inéluctable des prix de l'énergie.

Automatisation

En injectant 12 millions dans son entreprise, Karl Mongrain se prépare pour la suite des choses. Grâce aux 8 millions investis dans l'achat d'équipements automatisés, la PME se targue d'être «l'une des plus importantes chaînes automatisées de construction préfabriquée en Amérique du Nord». Par exemple, en un quart de travail de huit heures, l'entreprise peut produire 2000 pieds linéaires de panneaux isolés structuraux ou encore quatre chambres d'hôtel.

«Avant, j'avais plus de contrats que de capacité de fabrication. Là, c'est rendu le contraire. (...) Le marché à l'international nous intéresse évidemment, mais il y a encore beaucoup de potentiel de développement ici même au Québec. D'ici cinq ans, et peut-être même avant, il est possible que nous doublions encore notre chiffre d'affaires», dit le père de deux enfants, qui possède son propre hélicoptère.

Outre le Plan Nord, la PME peut entre autres compter sur divers contrats pour assurer sa croissance, notamment le projet immobilier Via Sauvagia, dans les Laurentides. Ce projet haut de gamme de 119 millions, étalé sur cinq ans, prévoit la construction de 225 propriétés (condos et maisons individuelles) dessinées par l'architecte Pierre Thibault.

Le président d'IME est le digne représentant de la troisième génération d'entrepreneurs chez les Mongrain. Sauf qu'au lieu de devenir le patron de la PME que son grand-père et son père ont construite, Karl Mongrain a suivi les recommandations de son père Raymond et a fondé sa propre entreprise. De là est né IME qui a tout d'abord été un consultant en isolation, puis un entrepreneur spécialisé dans le domaine. Active sur les chantiers, la PME s'est lancée dans la fabrication en usine lorsqu'elle a fait l'acquisition d'une entreprise de Mirabel en 2004 avant de déménager à Terrebonne quelques années plus tard.