HumanWare s'est donné pour mission d'améliorer la qualité de vie des gens là où elle brasse des affaires. La PME de Drummondville développe et fabrique des produits technologiques destinés aux gens souffrant de cécité, de basse vision ou de problèmes d'apprentissage.

La PME, dont le chiffre d'affaires atteint 45 millions, prévoit connaître une croissance de 20% en 2011. Déjà présente dans près de 40 pays, elle poursuit son expansion et veut devenir numéro un à l'échelle planétaire. HumanWare vise ainsi des revenus de 75 millions d'ici 2014.

L'entreprise techno vient tout juste d'emménager dans de nouvelles installations. Elle a complètement rénové un ancien entrepôt le long de l'autoroute 20. Elle en a fait son siège social. Coût de l'opération: 2,6 millions. HumanWare possède également un centre de R&D à Longueuil où travaillent près de 40 personnes, dont 30 ingénieurs et informaticiens.

À cela s'ajoutent des bureaux et des entrepôts en Grande-Bretagne, de même qu'en Australie. Outillée de la sorte, la PME drummondvilloise est fin prête à conquérir la planète avec ses produits de niche, lesquels sont fabriqués en collaboration avec des sous-traitants.

Selon Gilles Pépin, président et cofondateur de HumanWare, près de 2% de la population des pays de l'OCDE (soit un potentiel d'environ 22 millions de personnes) ont une déficience visuelle. Le marché est donc énorme.

«Pour les produits destinés aux aveugles, nous sommes assurément les premiers au monde. Mais pour le segment de marché des gens souffrant de basse vision, nous sommes quatrièmes actuellement. Comme il ne s'est pas fait beaucoup d'innovation dans ce domaine ces dernières années, nous allons justement miser sur l'innovation pour devenir numéro un», explique Gilles Pépin.

La PME, qui emploie 170 personnes dans le monde, dont 110 au Canada, cherche notamment à se positionner auprès de la clientèle des baby-boomers. «On ne rejoint en ce moment qu'entre 5% et 10% de la population qui a des problèmes de basse vision. Ceux qui ont 65 ans et plus finissent par se résoudre à accepter ce qui leur arrive. Ce sera différent avec les baby-boomers. Ils voudront continuer à avoir une belle qualité de vie et chercheront des moyens dans ce sens», dit M. Pépin.

HumanWare fabrique une quinzaine de produits électroniques dont les prix varient de quelques centaines à quelques milliers de dollars. La moitié d'entre eux s'adressent aux non-voyants. Cela va du lecteur de livres parlés au GPS parlant, en passant par l'ordinateur portable combinant le braille et la technologie de synthèse vocale. Le chanteur Stevie Wonder figure parmi les clients de la PME du Centre-du-Québec.

Pour ce qui est des produits s'adressant aux personnes ayant une basse vision, la PME fabrique différents types de «vidéoagrandisseurs» (avec ou sans caméra, en format de poche, etc.), de même que des loupes électroniques. Enfin, la PME commercialise un lecteur multisensoriel destiné aux personnes ayant des problèmes d'apprentissage. Le «ClasseMate Reader» s'adresse autant aux dyslexiques qu'aux décrocheurs scolaires.

Gilles Pépin est persuadé que les produits d'aide à la vision suivront la même évolution que les appareils auditifs. «Il y a 10 ou 15 ans, les gens étaient gênés de porter des prothèses auditives, car elles étaient grosses et très apparentes. Le même phénomène est en train de se produire pour les gens qui ont un handicap visuel», dit-il.

HumanWare a vu le jour en 1988 à la demande de l'institut Nazareth et Louis-Braille qui cherchait un fournisseur d'équipements. Gilles Pépin a tout d'abord fondé une entreprise à but non lucratif sous le nom de VisuAide. En 1994, la PME est devenue à but lucratif. Elle a connu une forte croissance au point où elle a fusionné avec PDI, un concurrent de Nouvelle-Zélande.

Quelques mois après la fusion, le propriétaire de l'entreprise néo-zélandaise a péri dans un accident d'avion, ce qui a compliqué les choses pour Gilles Pépin et son partenaire d'affaires, Yves Boisjoli. «Ils étaient une trentaine de petits actionnaires là-bas. Nous voulions racheter leurs parts. Mais les Néo-Zélandais tiennent beaucoup à leurs entreprises. Même la première ministre du pays m'a appelé personnellement pour essayer de m'en dissuader», se souvient Gilles Pépin.

Avec le concours de la Caisse de dépôt et placement du Québec (qui détient maintenant 35% de HumanWare), l'entreprise québécoise a finalement pu racheter ses parts dans PDI. Outre la Caisse, l'actionnariat de la PME est composé de MM. Pépin et Boisjoli, et un investisseur australien.