Le monde des fonds communs a ses traditions, mais il voit aussi naître chaque année quelques modes plus ou moins passagères en lien avec l'actualité. Quelles tendances marqueront 2010-2011?

La prudence

Il semble que cette année sera marquée par la prudence!

«Les marchés ont repris, donc les investisseurs y retournent, mais de façon prudente parce qu'ils ont été échaudés. Une grosse partie des gens va donc vers les fonds équilibrés plutôt qu'à 100% dans des fonds d'action», affirme Normand Morin, directeur général d'Investissement Excel.

On remarque la même chose à la Banque Laurentienne. «Dans les deux dernières années, c'est certain que les gens ont revu leur portefeuille», affirme Denis L'Hostie, directeur principal, planification financière.

«Ce sont les effets de la crise qui perdurent», remarque Marc Dubuc, directeur principal, stratégie marketing et gestion de l'offre en gestion de patrimoine, chez Desjardins.

Il semble que plusieurs investisseurs ont pensé qu'ils étaient plus audacieux qu'ils ne l'étaient en réalité.

«On a donc dû sécuriser un peu. Toutefois, il ne faut pas oublier qu'avec les fonds communs, il faut penser au long terme, donc il faut garder sa stratégie», indique M. L'Hostie.

La prudence incite aussi les investisseurs à ne pas sauter sur de nouveaux produits, remarque M. Morin. «Il n'y a pas de saveur du mois. Les gens sont beaucoup plus prudents. Ils attendent que les produits fassent leurs preuves avant de les acheter, du moins, beaucoup plus qu'avant», affirme-t-il.

Les produits de transition

Les produits de transition sont particulièrement populaires ces temps-ci alors que de plus en plus de baby-boomers prennent leur retraite, remarque Louis-Simon Duval, conseiller senior, stratégie de vente et communications financières spécialisées, Gestion de patrimoine, Banque Nationale Groupe financier.

«Ils choisissent des produits bâtis sur mesure en fonction de leur tolérance au risque qui génèrent un revenu mensuel, comme des intérêts et des dividendes», explique-t-il.

Il ajoute que ces portefeuilles peuvent aussi être intéressants pour les gens qui, par exemple, prennent une retraite progressive et qui ont besoin d'un revenu d'appoint. «Et pendant ce temps, on continue de faire travailler leur argent.»

Les fonds socialement responsables

«On parle de plus en plus des fonds éthiques et chez nous, la demande est croissante. Avant, cela représentait moins de 5% et maintenant, nous nous dirigeons vers 15 ou 20%», affirme M. Dubuc.

Denis L'Hostie, à la Banque Laurentienne, ne remarque pas le même engouement. «Il n'y a pas encore une grosse demande et il faut faire attention parce que le sens éthique est large. Je sens que les gens aimeraient en avoir, mais qu'ils sont craintifs. Ils ont peur de l'impact sur leur revenu que pourrait leur causer cette conscience sociale.»

Les fonds distincts

Avec leurs revenus garantis, les fonds distincts sont, aux yeux de Normand Morin, le produit qui attire le plus gros volume de gens en ce moment.

«C'est un produit relativement nouveau au Canada, arrivé avant la crise, mais qui a gagné en popularité par la suite et qui continue de prendre de l'ampleur. La preuve, c'est qu'au début, seulement quelques grandes compagnies d'assurances en offraient alors que maintenant, elles en offrent pratiquement toutes», explique-t-il.

Comment fonctionne ce type de fonds? Il garantit un pourcentage de rendement par année à vie.

«Par exemple, si on place 100 000$ à un minimum de 5% garanti, on sait qu'on aura toujours 5000$ de revenu par année et plus si les marchés vont bien. Et c'est intéressant parce que le potentiel de croissance est là si on compare avec d'autres produits garantis», précise M. Morin.

Les fonds sous forme de société

Dans les nouvelles catégories de fonds, Denis L'Hostie remarque que ceux qui sont constitués en société plutôt qu'en fiducie sont de plus en plus populaires.

«C'est intéressant d'un point de vue fiscal pour les gens qui investissent hors REER ou hors CELI parce que la société paye de l'impôt avant de remettre les profits qui sont souvent sous forme de gain en capital, donc plus avantageux aussi que les intérêts. Les gens qui approchent de la retraite et qui veulent diminuer leur part de croissance ont aussi l'avantage avec ces fonds de pouvoir faire des transferts sans impact fiscal, contrairement aux fiducies avec lesquelles les transferts sont considérés comme des retraits», explique-t-il.

«En se dirigeant vers la retraite, les gens veulent déplacer leur argent d'un fonds à un autre, ils cherchent de plus en plus de mouvement dans leur portefeuille sans avoir d'impôts à payer», remarque également M. Dubuc.

Les fonds de dividendes

«Ces fonds sont très prisés depuis un an parce qu'ils sont composés de plusieurs grandes entreprises qui payent des dividendes, donc il y a une certaine constance dans le capital», affirme Marc Dubuc.

Les fonds avec une valeur garantie à l'échéance

«Ces fonds amènent une plus grande sécurité parce que si on le garde jusqu'à l'échéance, disons 2025, on est certain qu'on pourra récupérer son capital. Ils permettent donc de protéger son investissement. Ces fonds existent depuis quelques années, mais c'est certain que depuis la crise, beaucoup de personnes y voient des occasions», affirme M. L'Hostie.