Devenir mon propre patron, pourquoi pas moi ? Cette question, un nombre insuffisant de Québécois se la posent. Et parmi ceux qui ont des idées pour lancer leur entreprise, seul un petit nombre persiste à réaliser son rêve.

Ce sont pourtant les PME qui forment l'essentiel du tissu économique du Québec. Et pour que le Québec prospère, il faudrait que davantage de Québécois osent faire le grand saut et se lancent en affaires.

Mais aujourd'hui, le Québec est à la traîne par rapport aux autres provinces en ce qui concerne la création d'entreprises, selon plusieurs études.

Cette situation a été confirmée une nouvelle fois la semaine dernière par un sondage Léger Marketing réalisé en collaboration avec la Banque de développement du Canada et la Fondation de l'entrepreneurship.

Où se classent les Québécois?

Selon les résultats obtenus, le Québec se classe derrière l'Ouest canadien et l'Ontario pour son dynamisme entrepreneurial, et les provinces de l'Atlantique l'ont dépassé en 2010.

La proportion de la population qui a l'intention de fonder une entreprise est maintenant supérieure dans les Maritimes (8,8%) à ce qu'elle est au Québec (6,9%).

Ce constat rejoint celui d'une autre étude réalisée par la Fondation de l'entrepreneurship au printemps dernier, baptisée l'Indice entrepreneurial québécois. Il s'agit du plus important sondage sur l'entrepreneuriat au pays.

«Cet indice permet notamment de sonder l'avenir entrepreneurial du Québec en mesurant le pourcentage de Québécois qui ont l'intention de se lancer en affaires au cours de leur vie, ou qui ont entrepris des démarches en ce sens au cours de la dernière année», explique Marie-Ève Proulx, directrice, recherche et analyse, à la Fondation de l'entrepreneurship.

Un constat inquiétant ressort de cet exercice: le Québec n'est peut-être pas (ou plus) une terre d'entrepreneurs telle que le veut depuis longtemps la croyance populaire.

«À vrai dire, la Fondation a apporté de façon plus formelle cette pertinence de mesurer l'état des lieux avec précision, indique Mario Girard, PDG de la Fondation de l'entrepreneurship. On avait cette perception que le Québec était une terre d'entrepreneurs à cause de nos grandes entreprises qui ont éclos dans les années 80, les Bombardier, Cascades, et autres. Cela a créé cette impression que l'on était des irréductibles en entrepreneuriat. Mais nous n'avions pas de mesures précises comme c'est le cas aujourd'hui. Il est donc difficile de dire si cet esprit d'entrepreneuriat a véritablement diminué ou si c'était seulement, depuis cette époque, une simple perception.»

Une question de culture

Mais pourquoi si peu de Québécois rêvent-ils aujourd'hui de lancer leur entreprise?

Les raisons fondamentales ont un lien avec la culture, et elles prennent racine à l'époque où la religion dominait le paysage, alors que la richesse était vue comme une chose malsaine, croit Mario Girard.

«De plus, le métier d'entrepreneur n'est pas suffisamment valorisé dans notre société, dit-il. C'était vrai il y a 20 ans, alors qu'on disait à nos jeunes de devenir des professionnels, comptables, ingénieurs ou avocats, mais on ne leur disait pas de devenir des entrepreneurs. C'est encore vrai aujourd'hui.»

On a même testé les réactions des jeunes en classe en leur demandant ce qu'ils veulent devenir.

«Ils répondent pompier, technicien, médecin, mais jamais entrepreneur, dit Mario Girard. Et quand on leur demande ce qu'est pour eux un entrepreneur, ils répondent Walmart ou McDonald's. Cela montre à quel point c'est quelque chose d'inaccessible pour eux. Mais quand on leur présente un entrepreneur local qui vient partager sa passion, leurs réponses changent!»

Il faut donner des modèles aux jeunes et créer une culture entrepreneuriale valorisée par le milieu ajoute-t-il.

Peur de l'échec

Autres éléments nuisant à l'épanouissement de nouveaux entrepreneurs au Québec: la peur de l'échec et le manque de confiance en soi.

«Les gens ont peur de l'échec, que ça leur fasse mal, de perdre la face, dit Nathaly Riverin, directrice de l'École d'entrepreneurship de Beauce. Cette peur les empêche d'avancer. Un entrepreneur, c'est quelqu'un qui a la capacité de se relever de ses échecs et à continuer à avancer.»

Pour beaucoup de gens, il est nettement plus rassurant d'être salarié et de recevoir un chèque de paie que de prendre des risques et de se lancer vers l'inconnu. Néanmoins, les Québécois qui osent démarrer leur entreprise excellent autant que les entrepreneurs du reste du Canada, conclue l'étude de la Fondation. Il reste à en convaincre davantage que le jeu en vaut la chandelle!

Comme le démontrent les différents articles de ce Guide de démarrage, lancer son entreprise est un processus complexe, mais aussi passionnant. Vous avez une idée d'entreprise? Alors allez-y, faites le grand saut!