Après avoir fait le tour de la planète grâce à son expertise dans l'univers de l'éclairage, le Montréalais François Roupinian espère maintenant pouvoir rayonner dans son propre pays. Le président et fondateur de Lightemotion souhaite avoir le privilège de donner un éclairage différent aux immeubles, musées et autres lieux publics ou privés du Canada qui gagneraient à posséder leur propre «branding lumineux».

Lightemotion (traduction de lumière et émotion) se présente comme une boîte de design spécialisée dans les concepts d'éclairage. Elle évolue principalement dans les secteurs de l'architecture, des musées et des arts de la scène.

Depuis sa fondation en 2002, Lightemotion réalisait 90% de son chiffre d'affaires à l'étranger. Bref, elle était connue aux quatre coins de la planète, mais presque pas chez elle. François Roupinian et sa bande sont notamment derrière l'éclairage de différentes expositions et de divers immeubles en Nouvelle-Zélande, à Singapour, aux Pays-Bas, à Los Angeles, à Strasbourg, à Washington, etc.

Actuellement, l'entreprise de huit employés - issus de différentes cultures - planche sur quelques projets d'envergure. Elle met entre autres la touche finale à l'éclairage intérieur et extérieur du pavillon du Canada à l'Exposition universelle 2010 de Shanghai (projet sur lequel elle travaille avec le Cirque du Soleil et SNC-Lavalin).

Elle travaille également à rendre deux projets en Italie plus éclairants, bref, plus inspirants pour les visiteurs: le musée du vin de Barolo, de même que le musée de l'auto de Turin. Lightemotion est par ailleurs sur le point de participer à un nouveau projet de casino à Atlantic City.

«On ne veut plus dépendre uniquement des contrats à l'étranger. C'est évidemment quelque chose d'extraordinaire de travailler ailleurs dans le monde. J'ai des amis partout. Mais pour plus de stabilité, nous aimerions être reconnus encore plus ici», explique François Roupinian, 39 ans.

Le voeu de l'homme d'affaires sera un jour exaucé. Le ratio des revenus de Lightemotion est maintenant de 70% à l'étranger et de 30% au Canada (principalement au Québec). En 2009, l'entreprise a notamment enjolivé le Musée d'art contemporain de Montréal et la Cinémathèque québécoise. Elle participe actuellement à la cure de jouvence de l'ancien hôtel Ritz-Carlton, qui deviendra sous peu un immeuble d'appartements en copropriété.

Déformation professionnelle oblige, François Roupinian ne cesse de noter, lorsqu'il fait son jogging quotidien, tous les endroits où son équipe et lui pourraient intervenir dans la ville. «J'aimerais amener Montréal à un autre niveau. Il ne faut pas juste éclairer pour éclairer; il faut créer une image, un branding lumineux. Certaines villes misent là-dessus», dit-il.

Petits et grands projets

Le président de l'entreprise préfère ne pas dévoiler son chiffre d'affaires. La valeur d'un contrat avec la PME varie de 10 000$ à 1,5 million. «Nous sommes capables d'offrir à la fois de très petits et de très grands projets. Et le fait d'être établis à Lachine nous évite d'avoir de trop grands frais fixes», explique François Roupinian.

Lightemotion connaît une importante croissance depuis 2004, indique M. Roupinian. Il se pourrait toutefois que 2010 soit l'une de ses pires années. Mais rien de catastrophique. «Les gens qui auraient dû mettre des projets de l'avant en 2009 (pour qu'ils voient le jour en 2010) ont préféré mettre ça sur la glace à cause de la récession. Même si nous avons plusieurs projets sur le point de débloquer, nous connaissons un début d'année plus calme qu'à l'habitude», dit le président et directeur design.

François Roupinian a toujours adoré l'éclairage. Il ne sait d'ailleurs pas d'où il tient cela. «À 15 ans, je fabriquais toutes sortes de lampes dans ma chambre», dit-il. À la même époque, il décide d'interrompre ses études collégiales - il se dirigeait en comptabilité - pour se consacrer à sa passion. Résultat: on le retrouve aux commandes des consoles d'éclairage dans les boîtes de nuit et dans les concerts alternatifs.

Suivant un parcours atypique, il a donc appris sur le tas avant de retourner sur les bancs d'école. En 1996, il achève une formation au très prisé Centre des arts de Banff. Puis, il s'inscrit à l'École nationale de théâtre du Canada. Dès lors, il se met à travailler dans le milieu théâtral. Il fera notamment équipe avec Michel Lemieux.

En 2000, on lui confie la tâche d'éclairer le Newtown, complexe du pilote Jacques Villeneuve qui compte une discothèque, un lounge, un restaurant et une terrasse. «Ça a été le début de mon aventure dans le secteur de l'architecture. Et depuis, ça n'a jamais arrêté», dit François Roupinian.