«Bof, on a déjà essayé ça ici! D'ailleurs, tu n'es pas payé pour penser, tu es payé pour travailler. Alors, travaille!» Voilà des réflexes qui existent encore au sein de trop d'entreprises quand un employé pense avoir trouvé une solution pour améliorer ses activités.

Une telle attitude est le meilleur moyen de tuer les idées du personnel dans l'oeuf. Et pas d'employés, pas d'innovation, dit Patrick Rivard, associé chez Alia conseil, une firme spécialisée dans le développement du capital humain et la mobilisation du personnel. «Le principe de base quand on parle d'innovation, c'est que ce sont les personnes qui innovent, pas l'entreprise elle-même, dit-il. L'entreprise peut soit les bloquer, soit les soutenir. Sa capacité à créer une culture qui encourage l'innovation est primordiale.»

Ignorer les suggestions, décourager l'initiative, mettre l'accent uniquement sur la productivité, voilà la recette pour freiner l'esprit d'innovation chez les employés.

«Les entreprises aimeraient avoir des gens qui ont des idées, mais en même temps, ceux-ci travaillent sans arrêt sur leurs machines. Ils sont minutés et doivent produire un nombre déterminé de pièces à l'heure», dit le consultant.

Il ne faut pas avoir peur de libérer des employés pour leur donner le temps de prendre du recul et de réfléchir aux problèmes qu'ils rencontrent dans leur travail, croit Patrick Rivard. Et se donner les moyens de favoriser l'éclosion d'idées nouvelles.

«Il faut donner l'occasion aux employés de voir ce qui se fait ailleurs, dit M. Rivard. Par exemple, en les incitant à visiter d'autres entreprises, à participer à des congrès ou des salons. Il faut être curieux de nature et se comparer de façon continue.»

Pour intégrer de telles pratiques, il faut à l'entreprise des gestionnaires ouverts d'esprit, qui veulent mettre les employés à contribution dans la réflexion et les prises de décision qui les concernent.

«Cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut une certaine maturité de gestion pour y arriver, et que cela fasse partie des valeurs de l'entreprise et de ses dirigeants. Une entreprise innovante n'est jamais tout à fait satisfaite de ses résultats actuels. Elle est toujours prête à sortir de sa zone de confort.»

Une stratégie d'innovation par étapes

Pour innover, une bonne idée n'est pas suffisante. Il faut générer des idées, mais aussi avoir une bonne stratégie pour leur mise en oeuvre.

«Avant tout, on commence par se donner une direction claire en mettant en place un exercice d'orientation stratégique, dit Patrick Rivard. Sur quel front veut-on innover? Quels sont les besoins de l'entreprise? Quels sont ses problèmes?»

Une fois qu'on a déterminé sur quoi innover en priorité, il faut prendre le temps de bien comprendre les problèmes à résoudre. Avant de chercher la meilleure idée, il faut analyser le problème. Que se passe-t-il? Pourquoi avons-nous ce problème?

«L'erreur la plus courante que font les gens est de se précipiter sur la première solution avancée, avant même d'avoir analysé le problème à fond», dit Patrick Rivard.

Une fois le problème bien compris, on peut créer des groupes de créativité qui ont des perspectives différentes et peuvent apporter un nouveau regard et de nouvelles solutions. Qu'il faut appliquer!

«Pour passer de l'idée géniale à l'innovation, il faut qu'elle soit mise en oeuvre. Si ça reste à l'état d'idée, ça ne sert pas à grand-chose. Il faut être capable de la concrétiser», dit Patrick Rivard.

Autre avantage de cette démarche: le fait d'avoir consulté les employés pour trouver la solution les rendra plus enclins à participer à la mise en place des nouveautés.

«La résistance au changement est quelque chose de naturel, explique le consultant. Si les gestionnaires décident tout de leur côté et qu'ils imposent des changements, des résistances apparaîtront.»