Dans l’infolettre L’argent et le bonheur, envoyée par courriel le mardi, notre journaliste Nicolas Bérubé offre des réflexions sur l’enrichissement, la psychologie des investisseurs, la prise de décisions financières. Ses textes sont repris ici le dimanche.

Qu’avons-nous appris cette année ? Beaucoup, je dirais. Sur le plan économique, avec les hausses des taux et l’inflation élevée, 2022 a battu record après record. L’année nous a aussi rappelé que les prévisions ne vieillissent généralement pas comme une bouteille de Château Latour, mais plutôt comme une pinte de lait… Voici quelques-unes des leçons de 2022.

Les taux d’intérêt peuvent monter très haut, très vite

Le taux directeur de la Banque du Canada a commencé l’année à 0,25 % et la termine à 4,25 % après sept hausses d’affilée. Une remontée de 1600 % qui a mis fin à des années de taux au plancher. Les prévisions ne nous ont pas été d’une grande utilité : Desjardins entrevoyait trois hausses du taux directeur de 0,25 % chacune en 2022, et estimait il y a un an que tout le bruit entourant l’inflation n’avait pas sa raison d’être. Banque Nationale Marchés financiers prévoyait quant à elle que le taux directeur de la Banque du Canada s’élèverait à 1,75 % en mars 2023.

Il n’y a pas de « bonne dette »

Un prêt hypothécaire est souvent vu comme une « bonne dette », surtout parce qu’on le compare à de la dette de consommation. Le problème, c’est qu’une « bonne dette » peut aussi mener à une « bonne faillite »… Les gens qui ont contracté un prêt hypothécaire à taux variable l’an dernier vivent aujourd’hui du stress, et certains peinent déjà à arriver. Les emprunteurs à taux fixe ne sont pas à l’abri non plus, puisqu’ils devront éventuellement renégocier leur hypothèque et trouver le moyen d’absorber des paiements plus élevés. « Une dette, c’est un risque », aime répéter l’investisseur montréalais Stephen Jarislowsky. L’année 2022 m’a fait comprendre ce qu’il entendait par là.

Les prix des maisons peuvent chuter

Parlant d’hypothèque… Qui avait prédit la chute du prix des maisons cette année ? Pas les courtiers immobiliers, qui se précipitaient il y a un an pour fouetter le FOMO (fear of missing out) et motiver les acheteurs hésitants devant des prix records. Royal LePage prévoyait une hausse de 10,5 % au Canada et de 9 % dans la région de Montréal en 2022. Mais les prix ont chuté de 10 % au cours de l’été dans la région de Montréal, les ventes ont pratiquement subi un arrêt cardiaque, et tout sentiment d’empressement de la part des acheteurs s’est volatilisé.

Le prix du pétrole en chute libre

Le prix du baril de pétrole a explosé en début d’année, passant de 90 $ à 123 $ au moment de l’invasion de l’Ukraine. Les automobilistes étaient sous le choc, des analystes entrevoyaient un prix de 200 $ le baril cette année, et votre beau-frère s’est mis à partager des articles bizarres sur la Grande Dépression de 2023 sur Facebook. Eh bien, le prix du baril est à 74 $ aujourd’hui, soit essentiellement où il était en début d’année.

L’emploi est résilient

Le taux de chômage au Québec était de 4,1 % en juin, et il était de 4,1 % en novembre. Donc les hausses de taux n’ont pas affecté la capacité des gens à garder leur emploi. On sait que les mouvements de taux peuvent prendre de 12 à 18 mois pour se refléter dans l’économie, alors ce sera un indicateur à suivre en 2023.

Le bitcoin n’est pas un miracle

La cryptomonnaie bitcoin a lâché 66 % de sa valeur depuis un an. Ses plus ardents supporteurs y voient une occasion d’achat, et notent que la devise virtuelle a plusieurs fois connu des crashs depuis sa création. Chose certaine, la crypto n’est pas la valeur refuge que certains analystes entrevoyaient il n’y a pas si longtemps.

Les investisseurs diversifiés et équilibrés s’en tirent bien

Cette année l’a encore démontré : notre monde est imprévisible, et les meilleurs investisseurs sont ceux qui choisissent de le reconnaître. Un investisseur qui aurait placé 10 000 $ dans un portefeuille de fonds indiciels en début d’année en suivant une allocation de 60 % d’actions canadiennes, américaines et internationales et 40 % d’obligations à court terme aurait un portefeuille d’une valeur de 9 427 $ en date du 30 novembre. Une baisse de moins de 6 % dans une année très difficile et volatile sur les marchés. Bref, pas de quoi écrire à sa mère. Un tel portefeuille est d’ailleurs en hausse de près de 5 % par année depuis janvier 2020, avant la COVID-19. Une formule gagnante, qui ne perd pas son attrait même dans les moments les moins agréables.

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