La majorité des Québécois n’incluent pas leur hypothèque lorsqu’ils font leur budget, révèle une étude d’IG Gestion de patrimoine publiée ce mardi. Ils sont aussi moins stressés que le reste du Canada au sujet de leur capacité à la payer dans un contexte de hausse des taux.

Les versements hypothécaires font partie des dépenses mensuelles les plus importantes des Québécois. Or, quand vient le temps de s’astreindre à élaborer un budget, l’hypothèque n’en fait pas partie. Seulement 43 % des Québécois l’incluent dans leur budget, selon l’étude.

« Ça nous étonne tous de voir ces données-là », avance d’emblée Carl Thibeault, CPA et vice-président principal pour le Québec chez IG Gestion de patrimoine. « Pour expliquer ce fait, l’une des hypothèses serait que les gens prennent l’impôt et l’hypothèque comme des dépenses obligatoires et élaborent leur budget pour ce qui ne l’est pas. »

Les répondants ont affirmé que leur budget comprenait les dépenses comme l’épicerie (90 %), l’essence (72 %), les divertissements (54 %) et l’épargne (54 %).

C’est quand même problématique quand il y a des changements de taux, dépendamment du type d’hypothèque qui est prise, à taux fixe ou variable, car ça peut avoir une importance sur le montant mensuel à débourser.

Carl Thibeault, CPA

Autre hypothèse, les bas taux qui sévissaient depuis une bonne dizaine d’années. Voici les taux affichés des prêts hypothécaires ordinaires 5 ans fermés répertoriés par Statistique Canada. Il s’agit des taux sans les rabais accordés par les prêteurs.

Taux hypothécaires

Juin 2010 : 5,18 %

Juillet 2021 : 3,20 % (le plus bas observé)

Juin 2022 : 5,05 %

« C’est ce qui a peut-être influencé le comportement des gens, soulève Carl Thibeault. Une variation de 25 points de base, de 50 points de base, c’est moins significatif et on se dit, on va y arriver d’une manière ou d’une autre. Lorsqu’on varie avec des données plus importantes, ça devient significatif. »

Capacité à faire les versements

L’étude révèle aussi que 56 % des Canadiens emprunteurs hypothécaires craignent de ne pas être en mesure de faire leurs versements hypothécaires si les taux d’intérêt continuent de monter. Or, ce nombre baisse à 35 % au Québec. « Ce qui peut expliquer cette différence, c’est que le Québec est loin des prix de Toronto et de Vancouver », affirme Carl Thibeault.

Si une hypothèque de 300 000 $ à taux variable passe de 4 à 6 %, le propriétaire devra payer 350 $ de plus par mois.

Ce faisant, 45 % des répondants québécois (60 % des Canadiens) estiment qu’ils devront réduire leurs dépenses en raison de la hausse des taux d’intérêt et des pressions inflationnistes. Certains envisagent les prochains mois avec inquiétude : 35 % des Québécois (43 % des Canadiens) ne savent pas comment ils pourront « joindre les deux bouts » sur une base mensuelle.

Seulement 45 % estiment qu’ils auront remboursé leur prêt hypothécaire à leur retraite. « Si on est à la retraite et que l’on continue à rembourser un prêt hypothécaire plus important que prévu, ça peut avoir un impact sur la somme qui reste pour l’épicerie et le discrétionnaire », conclut Carl Thibeault.

Cette étude a été menée en ligne du 28 juillet au 8 août 2022 auprès de 1590 adultes canadiens.

En savoir plus
  • La somme des prêts hypothécaires à taux variable (477 481 millions de dollars)
    est plus faible que celle des prêts à taux fixe (957 500 millions de dollars).
    Source : Banque du Canada, juin 2022