Des centaines de milliers de consommateurs canadiens reçoivent ces jours-ci un avis de transfert Interac de 20 $, dans le cadre du règlement pour une action collective sur les piles au lithium-ion lancée en 2012. Mais plusieurs d’entre eux n’arrivent pas à encaisser leur dû ou sont méfiants, même s’il est relativement facile d’obtenir ses 20 $, comme l’a vérifié La Presse.

« Comment être certain que ce n’est pas une fraude ? » « Toute cette démarche est ridicule et le processus est à mon avis une arnaque pour ne pas rembourser la clientèle. » « Je dois fournir, comme code secret, le numéro de réclamation en huit chiffres que je ne trouve nulle part. »

À en juger par les nombreuses réactions de consommateurs qui ont écrit à La Presse, la procédure utilisée par l’administrateur de ce règlement totalisant 21,3 millions, RicePoint, laisse pour le moins perplexe. C’est par l’envoi d’un courriel presque entièrement en majuscules, avec l’en-tête « ACTION COLLECTIVE BATTERIES », qu’on est informé du transfert par Interac de 20 $ « EN LIEN AVEC L’ACTION COLLECTIVE CANADIENNE RELATIVE AUX PILES AU LITHIUM-ION ».

CAPTURE D’ÉCRAN

Un exemple du courriel informant notre journaliste d’un transfert Interac de 20 $

Vérifications d’usage

Cette action collective a été intentée par Option consommateurs en 2012 contre sept géants mondiaux de l’électronique accusés d’avoir comploté pour augmenter le prix des piles rechargeables. Selon le règlement entériné le 17 août 2021, tout Canadien ayant acheté entre 2000 et 2012 un appareil comportant une pile rechargeable au lithium-ion pouvait réclamer sans preuve d’achat 20 $, et ce, jusqu’au 17 décembre dernier. Notez que la période pour s’inscrire à cette action collective est terminée.

Ce dédommagement a commencé à être versé début mai, par virement Interac annoncé par courriel. Première précaution : il est relativement simple de s’assurer que le courriel est légitime. L’adresse de l'expéditeur est notify@payments.interac.ca et celle pour répondre est interac@ricepoint.com. Il faut s’assurer minutieusement que ce sont les bonnes adresses, les fraudeurs ayant l’habitude de changer quelques lettres ou de remplacer la lettre « o », par exemple, par le chiffre « 0 ».

Si on surmonte sa méfiance, on est dirigé vers le site de son institution financière. Encore ici, il faut vérifier dans son navigateur qu’on est sur le bon site, et non celui créé par un fraudeur. Pour confirmer le transfert, on doit répondre à une question de sécurité. Il s’agit des huit premiers chiffres du numéro de confirmation obtenu lorsque la réclamation a été réalisée, entre le 17 août et le 17 décembre 2021.

Bien des consommateurs, à l’évidence, n’ont pas gardé le courriel envoyé par RicePoint il y a neuf mois, dans certains cas.

CAPTURE D’ÉCRAN

Les consommateurs qui se sont inscrits entre août et décembre derniers à l’action collective ont reçu un courriel précisant la réponse à la question de sécurité qui serait posée. Bien des personnes ne l’ont pas gardé.

Service rapide

Des lecteurs de La Presse se sont plaints du service à la clientèle de RicePoint, où on aurait été incapable de les aider ou qui propose un long processus administratif pour récupérer ces huit chiffres.

Le site recoursbatteries.ca affiche une adresse courriel pour les questions et les demandes des consommateurs, recoursbatteries@ricepoint.com. La Presse l’a utilisée en début de semaine et n’avait obtenu aucune réponse trois jours plus tard.

Le numéro sans frais 1 866 726-4080, par contre, a été très efficace. En moins de dix minutes, nous avons parlé comme simple consommateur à un préposé, en français, qui nous a redonné notre numéro de confirmation de huit chiffres après quelques vérifications.

Ce préposé, qui n’est pas autorisé à parler aux médias, a assuré que RicePoint avait renvoyé à tous les consommateurs concernés un courriel le 31 mars dernier comportant le fameux code à huit chiffres, ainsi qu’un second rappel le 29 avril dernier. Nous les avons retrouvés tous les deux, dans notre dossier de courriels indésirables.

CAPTURE D’ÉCRAN

L’administrateur de l’action collective, RicePoint, a envoyé des courriels de rappel en mars et en avril, redonnant la réponse de sécurité. Nous les avons retrouvés parmi nos courriels indésirables.

« On a envoyé des milliers et des milliers de courriels, on demande aux personnes de vérifier dans leur “junk mail”, a-t-il précisé. Les gens peuvent nous contacter s’ils ont besoin d’aide. »

Quant à l’adresse courriel recoursbatteries@ricepoint.com, il précise que le temps de réponse est d’environ cinq jours ouvrables.