Rim Charkani a commencé à investir à 26 ans. « Il n’y a pas si longtemps », constate-t-elle. Elle parle d’occasion perdue… « On ne réalise pas à quel point le pouvoir de l’intérêt composé et le fait de commencer tôt à investir peuvent faire une différence plus tard, note-t-elle. La majorité des jeunes ne saisissent pas ça. »

Encore faut-il que les adolescents et préadolescents aient une éducation financière. Qu’ils perdent leur réflexe de dépenser illico un cadeau en argent de grand-maman reçu à Noël. Parce qu’elle prône l’éducation financière des enfants, Rim Charkani a eu l’idée d’une application, baptisée WALO, qui les initie à la gestion de leurs avoirs. « L’idée est venue de mon expérience personnelle avec l’argent, raconte la PDG et cofondatrice de WALO. En tant que jeune adulte qui n’a jamais eu d’éducation financière, j’ai appris en faisant des erreurs, coûteuses, mais évitables. Je me suis toujours dit : si seulement on m’avait appris ! »

Lancée il y a six mois, WALO s’adresse aux enfants qui ont déjà un compte bancaire avec une institution financière canadienne. « Ça agit comme une couche éducative par-dessus un compte bancaire », résume Rim Charkani.

L’application présente deux interfaces, une pour les parents et l’autre pour les enfants. Pendant que maman peut définir une allocation et des tâches (faire son lit, promener le chien) à accomplir par son enfant, fiston peut suivre ce qui se passe sur son compte, les allocations à venir, calculer combien lui rapporteront ses tâches payantes, planifier ce qu’il devra mettre de côté avant de se procurer un bien.

PHOTO FOURNIE PAR WALO

Rim Charkani, PDG et cofondatrice de WALO

« Il peut aussi se créer des objectifs d’épargne et y contribuer, indique Rim Charkani. Sur le plan ludique, chaque action positive est récompensée. On suggère toujours à l’enfant ce qu’il peut faire pour s’améliorer. Il y a aussi un volet plus théorique [carte de crédit, REER], et des quiz pour tester ses connaissances. »

N’est-ce pas le rôle des parents ou de l’école de fournir une éducation financière à leurs enfants ? « Il y a un besoin de parler d’argent à ses enfants, répond Rim Charkani. Mais une éducation financière théorique ne suffit pas. Il faut aller dans la pratique, car c’est là qu’on apprend des comportements et qu’on développe certaines habitudes. Les enfants reçoivent de l’argent à leur fête, pourquoi ne pas profiter de cette occasion pour commencer à porter un regard critique sur leurs comportements et le faire avec de l’argent réel pour sentir vraiment ce qui se passe ? Ça va leur servir énormément plus tard. »

Plus de 16 000 personnes ont téléchargé l’application jusqu’ici. Ses utilisateurs paient des frais de 6,99 $ par mois. Selon WALO, les enfants utilisent l’application en moyenne trois fois par semaine, environ cinq minutes par séance. Et les parents, deux fois par semaine, pour environ quatre minutes par séance.

La PDG de WALO estime que l’application peut être utilisée dès l’âge de 8 ans. « Car c’est l’âge où les enfants commencent à avoir accès à une tablette ou un téléphone. Et l’âge où on commence à s’acheter des choses, note Rim Charkani. On peut apprendre à planifier, épargner dès qu’on commence à avoir de l’argent. Juste prendre l’habitude de ne pas dépenser tout ce qui rentre, de mettre de côté. Ce qu’on apprend quand on est jeune, même avec des gestes banals, nous façonne comme adulte. »

Dans quelques mois, l’entreprise lancera un deuxième outil qui va permettre d’ouvrir un compte bancaire directement avec WALO et d’avoir une carte de débit prépayée (grâce à un partenariat avec le fournisseur de services bancaires en ligne Finaptic Technologies). Créée en 2018, WALO a pu financer sa recherche et son développement notamment grâce à des bourses s’élevant à 500 000 $ et à une ronde de financement récemment conclue de 1,1 million de dollars avec l’aide de Desjardins, du gouvernement du Québec et d’anges investisseurs.

En savoir plus
  • 2017
    Depuis 2017, les adolescents de 5e secondaire au Québec suivent un cours d’éducation financière à l’école.
    68 %
    Proportion des Québécois qui jugent ne pas avoir toutes les connaissances nécessaires pour planifier adéquatement leur avenir financier
    Source : Sondage de l’Institut québécois de planification financière