Anne-Marie, 39 ans, est une professionnelle qui occupe un emploi aux conditions avantageuses. Elle est la mère de deux enfants de 6 et 9 ans, en garde partagée avec son ex-conjoint.

La situation

Au fil de bonnes habitudes budgétaires et financières, Anne-Marie s’est constitué un solide bilan financier.

Ce bilan comprend quelque 280 000 $ en actifs financiers et 580 000 $ en actifs immobiliers, auxquels on soustrait 310 000 $ à titre de passif hypothécaire pour aboutir à un actif net de l’ordre du demi-million de dollars.

En conversation avec La Presse, Anne-Marie se considère comme « pas mal à [ses] affaires » pour la gestion de ses finances personnelles.

Il n’empêche que, rendue au tournant de la quarantaine, Anne-Marie cherche conseil par rapport à l’optimisation financière et fiscale de ses revenus (environ 112 000 $ bruts en salaire et allocations) et de son épargne en vue de ses projets des prochaines années.

En premier lieu, Anne-Marie veut se constituer une réserve financière en vue de l’entrée de ses deux enfants au secondaire privé d’ici quatre ans. Elle anticipe au moins 15 000 $ par année en droits de scolarité totaux qui rehausseront le budget familial à un peu plus de 60 000 $ par année pendant quelques années.

En deuxième lieu, Anne-Marie veut continuer d’optimiser sa capacité d’épargne avec avantages fiscaux dans le régime enregistré d’épargne-études (REEE) de ses deux enfants pour leurs études postsecondaires. Elle souhaite aussi pouvoir continuer de cotiser à son régime enregistré d’épargne-retraite (REER) et à son compte d’épargne libre d’impôt (CELI).

Pour terminer, Anne-Marie s’interroge sur la pertinence d’accélérer le remboursement de sa marge de crédit hypothécaire (80 000 $ à 2,5 % d’intérêt). Ce solde découle de l’achat récent d’un terrain à l’extérieur de la ville et pour lequel Anne-Marie envisage la construction d’une résidence secondaire dans une dizaine d’années, au plus tôt.

La situation et les préoccupations d’Anne-Marie ont été confiées à Louis Morneau, qui est planificateur financier et conseiller en produits d’épargne pour la firme Aisance Gestion de patrimoine, établie à Brossard.

Les chiffres

Actifs financiers 

Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) : 180 000 $
Régime de retraite d’employeur (type cotisations déterminées) : 40 000 $
Régime enregistré d’épargne-études (REEE) des deux enfants : 25 000 $
Compte d’épargne libre d’impôt (CELI) : 20 000 $
Compte de placement non enregistré : 12 000 $
Compte d’épargne-opérations courantes : 5000 $

Actifs non financiers

Maison familiale : environ 500 000 $
Terrain en campagne : environ 80 000 $

Passif

Solde de prêt hypothécaire sur la maison : 230 000 $
Solde de marge de crédit hypothécaire (achat récent du terrain) : 80 000 $

Revenus annualisés

Emploi professionnel : 100 000 $
Allocations gouvernementales et de contributions paternelles : 12 000 $

Principaux débours annualisés

Liés à la résidence et au style de vie familial : environ 48 000 $ par année
Liés à l’épargne-études/retraite/placement : environ 20 000 $ par an (REEE, REER, CELI)

Les conseils d’expert

D’emblée, le planificateur financier Louis Morneau estime que la situation financière d’Anne Marie est « enviable pour son âge et sa situation familiale, avec un bilan financier positif, un budget bien maîtrisé et une sécurité financière bien appuyée avec une assurance revenu en cas de maladie grave ».

Cela dit, constate M. Morneau, « le premier objectif financier d’Anne-Marie pour les prochaines années est le financement des droits de scolarité au secondaire de ses deux enfants. Pour atteindre cet objectif, l’usage de son CELI au maximum autorisé [en cotisation annuelle] m’apparaît comme le moyen le plus opportun et le plus efficace, au point de vue financier et fiscal ».

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Louis Morneau, planificateur financier et conseiller en produits d’épargne pour la firme Aisance Gestion de patrimoine

« Anne-Marie devra avoir épargné 75 000 $ sur cinq ans en vue des études secondaires au privé des enfants », estime Louis Morneau.

« Elle a déjà amassé 20 000 $ dans son CELI. En y ajoutant de l’épargne à hauteur de 9000 $ par année pendant cinq ans [en CELI et hors CELI], et en investissant ses fonds avec un rendement d’environ 5 % par année, Anne-Marie pourrait avoir accumulé dans cinq ans les 75 000 $ ciblés pour les droits de scolarité au secondaire de ses enfants. »

Un tel scénario d’épargne pour les cinq prochaines années implique la réduction ou la suspension temporaire de ses contributions au régime enregistré d’épargne-études (REEE) de ses deux enfants.

« Le REEE peut être mis en suspens parce qu’il peut servir seulement au financement des études postsecondaires, signale M. Morneau. Aussi, après avoir atteint son objectif d’épargne pour les études secondaires de ses deux enfants, Anne-Marie aura ensuite quelques années pour renflouer ses arrérages de contributions au REEE. »

Pour l’essentiel, explique Louis Morneau, « Anne-Marie aura la possibilité de cotiser l’équivalent d’une année supplémentaire par enfant, soit 2500 $ de plus pour un total de 5000 $ par an jusqu’à leur 17anniversaire. Aussi, elle pourra aller chercher le maximum du 30 % en subvention fiscale au REEE de la part des gouvernements ».

Et d’où proviendrait cet argent dans le budget familial d’Anne-Marie ?

« Ce rattrapage d’épargne au REEE pourrait provenir d’une réduction temporaire de sa contribution annuelle à son CELI, qui passerait de 5000 $ à 3000 $ », explique M. Morneau.

Ensuite, lorsqu’elle aura maximisé son allocation d’épargne en REEE, Anne-Marie pourra rediriger son épargne disponible vers son régime enregistré d’épargne-retraite (REER) afin d’en optimiser les avantages fiscaux pendant ses années de revenu d’emploi à taux d’imposition plus élevé.

Quant au remboursement hâtif du solde de la marge de crédit hypothécaire, Louis Morneau estime qu’il ne s’agit pas d’une priorité financière tant que le taux d’intérêt « assez bas présentement » demeurera inférieur au taux de rendement réalisable avec des placements de type « portefeuille équilibré » dans les marchés d’actifs financiers.

« Des placements qui correspondent à un profil d’investisseur équilibré devraient produire un rendement moyen de l’ordre de 5 % par année. Par conséquent, tant que les taux d’intérêt sont bas, il demeure plus avantageux pour Anne-Marie d’optimiser son épargne-placement et son épargne-retraite avec des avantages fiscaux plutôt que d’accélérer le remboursement de sa marge de crédit hypothécaire. »

Entre-temps, prévient M. Morneau, « Anne-Marie devrait s’assurer d’avoir des placements [tous comptes confondus] qui sont bien diversifiés dans les principaux secteurs de l’économie et des marchés. La diversification est vraiment la clé pour obtenir des rendements intéressants à long terme tout en atténuant le niveau de risque de l’ensemble de ses placements ».

Feu jaune sur l’épargne-retraite

« À cette étape-ci de ses priorités financières et budgétaires, je vois la possibilité encore lointaine d’un risque d’insuffisance de fonds en épargne-retraite pour maintenir son train de vie actuel après sa retraite du travail à 65 ans », signale Louis Morneau.

Avec les chiffres du budget d’Anne-Marie, courants et prévus, il estime cette insuffisance d’épargne-retraite à environ 250 000 $ au moment de sa retraite à 65 ans.

« La meilleure solution pour Anne-Marie afin d’atténuer ce risque d’une insuffisance de fonds pour maintenir son train de vie à la retraite sera de maximiser ses contributions à son REER dès qu’elle aura comblé ses prochaines priorités budgétaires, dans quelques années », croit Louis Morneau.

* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, le prénom utilisé est fictif.

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