La situation

Tom*, 26 ans, est un professionnel en début de carrière dans le secteur municipal. Il a un revenu d’emploi confortable et une participation à un régime de retraite bien sécurisée à long terme.

Satisfait de son travail, et de ses possibilités d’avancement à moyen terme, Tom nourrit l’ambition d’atteindre l’indépendance financière d’ici 15 ans.

« Lorsque je serai au début de la quarantaine, je souhaite avoir alors atteint la capacité financière de choisir mon type de travail pour la suite. Par exemple, que je puisse délaisser un emploi salarié à temps plein pour devenir travailleur autonome, avec une cadence de travail et de contrats qui conviendrait le mieux à mes priorités de style de vie », explique Tom lors d’une discussion avec La Presse.

Bien qu’il ait déjà acquis de bonnes habitudes d’épargne, combinées à un train de vie bien raisonné, Tom cherche conseil en matière de planification financière pour optimiser un capital suffisant afin de réaliser son projet d’autonomie budgétaire équivalant à un revenu d’emploi salarié à temps plein.

Tom a déjà pris un bon départ en matière de finances personnelles, alors que son actif personnel net se chiffre déjà aux environs de 275 000 $.

Cette somme se répartit ainsi : environ 135 000 $ en comptes d’épargne-placement (REER, CELI, non enregistré) et environ 137 000 $ de la valeur d’actif nette (après le solde d’hypothèque) de sa part d’un quadruplex résidentiel en copropriété indivise qu’il habite avec sa conjointe.

Au fil des prochaines années, Tom envisage la revente de sa part de copropriété indivise en ville et l’achat d’un duplex résidentiel à l’extérieur de la ville. Il y emménagerait en tant que propriétaire-occupant, avec l’apport d’un revenu de loyer provenant du logement adjacent.

Tom estime le coût d’achat de ce duplex aux environs de 300 000 $, et un revenu de loyer subséquent aux environs de 800 $ par mois.

Les chiffres

Tom, 26 ans

Revenus 
Emploi : 65 000 $ (brut)
Placements : 2000 $ (brut)

Actifs financiers (135 000 $)
REER : 45 000 $
CELI : 65 000 $
Compte d’investissement non enregistré : 25 000 $
et régime de retraite d’employeur du secteur public municipal

Actifs non financiers (appartement en copropriété indivise) : 280 000 $

Passif (solde de prêt hypothécaire) : 140 000 $

Principaux débours totaux annualisés : environ 40 000 $
liés à la résidence : environ 13 000 $
liés au style de vie personnel : environ 8000 $
liés aux comptes d’épargne : environ 19 000 $

Les questions

Tom cherche conseil pour valider ses décisions de finances personnelles jusqu’à maintenant. Il cherche aussi conseil sur la bonne façon d’intégrer son projet d’achat d’un duplex résidentiel dans sa planification financière et fiscale des prochaines années.

La situation et les questions de Tom ont été soumises pour analyse-conseil à David Paré, planificateur financier et conseiller en placement au sein de « l’Équipe Lacasse Paré Bédard » chez Gestion de patrimoine Desjardins, à Québec.

Les conseils

« Tom est discipliné en termes d’épargne et de train de vie. Ça devrait lui rapporter gros en vue de son projet d’autonomie financière d’un emploi à temps plein », constate d’emblée David Paré.

N’empêche, le planificateur financier a préparé son analyse-conseil de la situation de Tom en deux volets :

– le cheminement vers l’autonomie financière d’ici une quinzaine d’années, à l’aube de la quarantaine ;

– l’impact de ce cheminement sur la planification des actifs et des revenus de retraite prévus au début de la soixantaine.

Pour le premier volet, David Paré a considéré que Tom maintiendrait d’ici 15 ans son train de vie relativement modeste, son emploi à temps plein bien rémunéré avec régime de retraite à prestations déterminées, ainsi que ses fortes habitudes d’épargne et d’investissement.

« S’il continue de maximiser ses contributions annuelles à ses comptes d’épargne enregistrés (REER, CELI), ainsi que son compte d’investissement non enregistré tout en y priorisant les rendements en gains de capital plutôt qu’en revenus imposables (dividendes, distributions), Tom pourrait avoir des actifs financiers aux environs de 560 000 $ au début de la quarantaine », estime David Paré.

PHOTO FOURNIE PAR VALEURS MOBILIÈRES DESJARDINS

David Paré, conseiller en placement et planificateur financier chez Gestion de patrimoine Desjardins

« Avec ces actifs financiers, et la continuité de son train de vie modeste, Tom aurait alors une marge de manœuvre budgétaire d’un an ou deux pour amorcer son projet de travail autonome au rythme désiré. Durant cette période d’adaptation, Tom pourrait aussi réduire ou interrompre ses contributions en comptes d’épargne enregistrés (REER, CELI) sans compromettre la bonne continuité de sa préparation financière en vue de la retraite une vingtaine d’années plus tard, alors qu’il sera au début de la soixantaine. »

Par ailleurs, ajoute M. Paré, « durant ses premières années de travail autonome à revenus incertains, Tom pourrait aussi avoir un avantage fiscal à court terme à effectuer des retraits de son REER – estimé à 146 000 $ en actifs en 2035 – en guise de revenus d’appoint à taux d’imposition amoindri afin de combler ses besoins budgétaires ».

Quant au second volet de l’analyse-conseil de David Paré, concernant la planification financière de la retraite, il estime que Tom pourrait avoir accumulé un actif financier de l’ordre du million de dollars une fois rendu au début de la soixantaine. Et ce, en dépit des nombreuses variables possibles au fil de ses 40 prochaines années de vie personnelle et professionnelle. Et à condition qu’il maintienne son « plan de match » financier et budgétaire pendant ces nombreuses années.

« S’il atteint un tel montant d’actifs financiers, combiné aux prestations de régime de retraite d’employeur antérieur et des régimes de rentes publiques [RRQ québécois, PSV fédérale], Tom aurait alors un bon niveau de sécurité financière pour amorcer une longue retraite tout en maintenant son train de vie, explique David Paré.

« Et ce, sans compter la valeur nette [de solde d’hypothèque] de ses actifs immobiliers, qui pourrait s’élever à quelques centaines de milliers de dollars, à défaut de problèmes majeurs au fil des ans. »

Et l’immobilier locatif ?

Entre-temps, quels conseils donner à Tom pour la bonne intégration financière de son prochain – et premier ! – projet de revente de condo en ville et de rachat d’un duplex résidentiel en localité périphérique ?

« Tom dit qu’il envisage d’effectuer ces transactions immobilières d’ici deux ans. Si cet échéancier s’avère, avec le coût d’achat prévu du duplex aux environs de 300 000 $, je lui suggère de financer ce projet avec un prêt hypothécaire rehaussé (après la vente du condo) aux environs de 170 000 $, avec des conditions permettant de limiter le paiement mensuel aux environs de 1000 $ », indique David Paré.

Pourquoi ce montant ? « D’une part, parce que les coûts d’intérêt liés à la partie locative du duplex sont déductibles du revenu de location imposable de Tom, il lui serait inutile d’accélérer le remboursement du prêt hypothécaire », explique M. Paré.

« D’autre part, il serait désavantageux au niveau fiscal, mais aussi en planification financière à long terme, que Tom accélère son remboursement hypothécaire au-delà des 1000 $ par mois. Et ce, au détriment de la bonne continuité de son rythme élevé de cotisations en comptes d’épargne enregistrés [REER, CELI] et en compte d’investissement non enregistré. »

Finalement, David Paré suggère à Tom de prévoir l’ajout de dépenses à son budget qui pourraient survenir en cas de changements importants à son style de vie.

« Par exemple, en achetant un duplex résidentiel en périphérie de Montréal où il emménagerait en tant que propriétaire-résidant, est-ce que Tom ferait face à des dépenses accrues de transport automobile pour son travail ? », demande David Paré.

« Par ailleurs, si des enfants s’ajoutaient à sa vie de couple, Tom ferait face à des dépenses additionnelles de vie familiale, ainsi qu’à d’éventuelles cotisations à un nouveau compte enregistré d’épargne-études [REEE] pour chacun de ses enfants. »

* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, le prénom utilisé est fictif.

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— Une version antérieure de cet article comportait des erreurs dans la présentation des dépenses de notre cas. Nos excuses.